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POURQUOI LES MAIRES SONT-ILS ASSAILLIS DE TOUTES PARTS ?
Publié dans Réflexion le 28 - 01 - 2015

Les différentes chaines TV Algériennes, donnent la parole chaque fois aux citoyens qui expriment au Journal télévisé, leur râle-le-bol sur leurs conditions de vie qui se dégraderaient selon eux, de jour en jour.
Ces citoyens se plaignent de subir dans certaines communes et douars du pays, des aléas de toutes sortes qui altèrent leurs vies quotidiennes :
Je citerai les problèmes qui sont mis en exergue par la population, en matière de : transports, de viabilisation des rues et routes complètement défoncées nécessitant des revêtements adéquats et qui furent abandonnées par des entreprises après avoir creusé des tranchées ou bien carrément des béances par négligence , l'absence de structures de santé, de la jeunesse, de la culture,des problèmes d'insalubrité publique,l'absence de sécurité, les violences et les agressions, un quartier ou une cité mal éclairés ou pas du tout, des habitats précaires qui mettent la vie des familles en danger,l'exigence au droit au logement social...
Des citoyens en colères au motif qu'ils ne figurent pas dans les listes d'attribution de logements ou de terrains, l'alimentation en AEP, le désenclavement des pistes rurales, le transport scolaire, le chômage, des mobiliers urbains obsolètes, le chauffage dans les classes, la bureaucratie insolente, etc.
Et la cerise sur les gâteaux, une absence criarde de la communication en direction de la société civile et des citoyens.
Les responsables sont traités de tous les maux. Et ce sont les élus et en particulier les maires qui sont pointés du doigt ; les citoyens déchainent sur leurs dos des épithètes malveillantes de toutes sortes souvent en proférant des propos acerbes.
Alors que devant la multitude des problèmes énumérés plus hauts qui sont revendiqués et qui surgissent souvent inopinément, les maires ne sont plus en mesure d'y donner suite séance tenante. Alors ils se dérobent de tous contacts de leurs électeurs, à leurs corps défendant.
Devant cette problématique, je livre ci-après mes impressions selon ma conviction la plus intime:
Je me dis que mes concitoyens doivent changer le fusil d'épaule, le maire n'est pas le seul responsable de tous les maux qui lui sont imputés. Il faudrait plutôt voir du côté des pouvoirs publics institutionnels, qui sont les tutelles de ces communes pourvoyeuses et gérant les fonds d'investissements publics, et non les maires. Et ce pour les raisons suivantes :
1-Les relations entre le président de l'APC et le chef de Daïra :
Ce dernier en principe, devait se considérer comme le stipule la loi, une simple tutelle c'est-à-dire, il veillera à l'application de la réglementation notamment sur les recevabilités des délibérations, et y répondre dans les délais, sur les arbitrages entre les communes sous sa juridiction, être le trait d'union entre les maires de sa circonscription et le wali.
Pourtant dans les années 80, l'Etat avait supprimé l'implantation des daïras sauf au niveau du chef-lieu des wilayas. Allez comprendre pourquoi ces institutions furent à nouveau réhabilitées ?
Le nouveau code communal ne conforte pas le maire, il ne le met pas ni en position de force ni à l'aise dans la gestion des différents segments socio-économiques et culturels de sa commune, et ce, malgré que ces segments figurent bel et bien dans le texte précité, comme prérogatives intrinsèquement dévolues à ce dernier.
Ce dont il ne faudrait pas ignorer, plusieurs missions de proximité à caractères éminemment sociales lui ont été soustraites, notamment les attributions de logements où l'APC est représentée à la commission de logement présidée par le chef de daïra que par 2 membres seulement, le filet social et toutes les missions de l'AMG placées sous tutelle de la DAS, la police communale, la gestion et l'alimentation en eau potable, le plein emploi, une faible participation aux conseils d'administrations de l'OPGI et l'agence foncière, etc.
Le chef de daïra s'érige au contraire en véritable Wali dans sa circonscription. Il met sous sa coupe d'autorité, toutes les subdivisions des différents secteurs, lesquelles en principe relèvent de la compétence de l'APC. Ce sont des outils de réalisations entre les mains du maire pour réaliser ses projets et non du chef de daïra. « L'adage dit bien que celui qui détient l'information détient le pouvoir absolu».
Le Chef de Daïra gère à son gré la rétention de l'information et devient le décideur incontestable ne laissant au président de l'APC que la fonction de se prononcer sur les passations des marchés ou comme ordonnateur payeur. Cette hégémonie dans ces cas-là, diminue et influe négativement sur la capacité d'engagement et de mobilisation du maire. Des exemples sont frappants, qu'il serait fastidieux de les énumérer ici.
Les programmes des PCD qui sont identifiés sur la base entres autres, des propositions des citoyens et leurs associations de quartiers respectives sont étudiés et proposés par l'assemblée communale, et soumises à l'arbitrage de la commission présidée par le chef de Daïra. Mais là où le bât blesse, est le fait que la majorité des programmes proposés ne sont pas retenus ce qui provoque la colère des citoyens, de la société civile ainsi que la frustration des élus et du maire.
Et ce n'est qu'un premier jet d'arbitrage, Il faudrait s'attendre à d'autres coupes venant de la commission d'arbitrage de wilaya, en dernier ressort par le Wali ou le Secrétaire général.
2-Comment analyser ce phénomène ?
Une fois j'ai interpellé le wali de Mostaganem sur un programme de développement communal, qui fût réduit en peau de chagrin. Il me répondit texto, « Vous les représentants de la société civile c'est facile de nous harceler, il m'est impossible de satisfaire la majorité des projets tels qu'ils sont proposés ».
« Lorsque l'Etat injecte par tranches annuelles à l'indicatif de la wilaya en PCD seulement 20 milliards de centimes à faire distribuer entre les 32 communes, je suis astreint à répartir
équitablement cette dotation annuelle. Cette répartition est loin de satisfaire je vous l'accorde les propositions pertinentes émanant des élus, mais je n'y peux rien »
Souvent pour un projet ayant une estimation financière importante, la wilaya le fait inscrire au niveau du sectoriel, sa réalisation va prendre beaucoup plus de temps, le temps que le projet soit accepté par le secteur ministériel concerné et budgétisé.
Voici un exemple : Entre le forage, la réalisation d'un château d'eau et son réseau de distribution au profit d'un douar, cela avait duré plus de 7 années. C'est le cas du douar khedachia commune d'Ain Tédelès dans la wilaya de Mostaganem. Jusqu'à présent la couverture du branchement du réseau n'est pas terminée à 100%, et sa clôture hypothétique ne pourrait être envisagée qu'en 2015 sinon au-delà.
Quand on dirige un pays, on gère également les anticipations, les prévisions et les attentes, gouverner c'est prévoir et ne pas s'émouvoir. La communication de l'Etat envers les citoyens, consiste normalement à identifier les problèmes avec eux et s‘engager à les résoudre dans un délai raisonnable dans le cadre d'une réelle démocratie participative. Mais présentement il semblerait que cette communication fait cruellement défaut au niveau de toutes les sphères des responsabilités institutionnelles et représentatives.
Moralité, l'Etat n'arrive pas à injecter suffisamment de fonds annuellement au profit des PCD/FCCL, pour permettre aux maires de réaliser leurs programmes de développement. Pendant ce temps, les problèmes s'accumulent. Ils demeurent en fin de compte, inextricables et inextinguibles au point où lassés d'attendre les projets venir, les citoyens brisent la confiance entre eux et leur maire. C'est le maire et son assemblée, qui serait la cause de tous leurs maux.
Pour conforter mon analyse je prendrai l'exemple de la wilaya de Mostaganem qui avait bénéficié durant l'année 2014, d'une enveloppe financière dans le cadre du PCD de 3,65 milliards de dinars pour 487 projets au profit de 32 communes avec ses 650 douars. Soit l'équivalent de 15 projets en moyenne par commune ayant sous sa coupe chacune en moyenne 20 douars. La répartition pour chaque commune représente un montant de 0,12 milliards de dinars.
Cette illustration démontre à juste titre, que c'est insuffisant pour créer la dynamique du développement d'une commune ; le scénario se répète chaque année. Le cas de la commune de Belatar prise au hasard, est démonstratif, 8 douars ne sont pas encore dotés en ce début d'année 2015 d'alimentation en eau, l'APC alimente ces douars à l'aide de citernes. Il est proposé d'inscrire ce programme par le sectoriel compte tenu que ce dernier est estimé à 3.5 milliards de centimes et ce montant n'est pas dans les cordes du PCD. L'opération pourrait être anodine par contre il faudra compter 5 années à venir sinon plus, entre l'inscription et la réalisation de ce programme. Ce dossier va être plongé dans les dédales de la bureaucratie pour voir finalement le jour. Notre administration centrale a besoin d'une réforme profonde afin de répondre avec célérité à toutes les interfaces.
Hélas les attentes et les anticipations sont gérées autrement et les citoyens continuent à harceler les maires. Au point où ces derniers sont réduits à des « serpières », n'importe lequel des citoyens insatisfait des conditions dans son environnement de vie, s'essuie « les pieds dessus ».
Les élus et les maires méritent le respect et la confiance, afin que ces derniers puissent libérer leurs initiatives pour faire fonctionner leurs communes respectives en vue d'assurer l'épanouissement, la promotion sociale, économique et culturelle à leurs concitoyens et à leurs communes respectives.
Le maire qui détient les prérogatives tenues de la volonté du peuple ne peuvent faire l'objet de délégation, donc la logique voudrait que le wali et /ou le chef de Daïra ne peut se substituer au maire que lorsqu'il agit en tant que représentant de l'Etat. La pratique sur le terrain, les choses se passent différemment.
Il ne faudrait pas généraliser sur des cas isolés de certains élus et de certains maires, sur leurs faiblesses, sur leurs incompétences, sur leurs inepties dans la gestion, sur des RAR inexpliqués ou sur des projets inscrits et non lancés, par rapport aux faiblesses des moyens de réalisations.
Mais la majorité des maires, sont imbus d'une honnêteté, d'abnégation et d'un savoir-faire capables de créer la dynamique nécessaire en véritables managers en faveur leurs communes pour peu que l'Etat leur donne les moyens afin de leur permettre de planifier et réaliser dans le court, moyen et long terme, dans l'aisance du temps le programme de développement et répondre ainsi avec diligence par des promesses fermes, aux aspirations et aux attentes de leurs concitoyens.
Nous avons vu à la TV, des Maires
«quémander » des projets sociaux d'une façon in-extrémis, lorsqu'ils sont interviewés, suite à des différentes contestations dans leur commune. Dans le but de calmer la colère populaire, ils avancent devant la panique, des promesses dilatoires. Le maire ne possède pas toutes les cartes en mains. Il ne gère au fait que le SMIG de l'activité communale pour ce qui concerne le développement local. Il ne fait qu'exécuter le portefeuille d'un programme préétabli.
Il existe des problèmes de la méthodologie, de répartition et de dotations des fonds qui sont insuffisants. Depuis le printemps arabe, paix sociale oblige, le budget de l'Etat s'est emballé dont on a certes une visibilité que dans la réalisation des équipements publics structurants (autoroutes, etc.) et sur des projets sectoriels. Ce sont certes des infrastructures bénéfiques pour le bien être des citoyens.
Mais aujourd'hui, avec une tendance baissière du marché pétrolier qui semble s'installer relativement dans la durabilité, sûrement il y a risque de faire subir aux communes, un rationnement et des coupes sur les projets PCD et /ou les projets émanant du fond des collectivités locales, déjà affecté par une bureaucratie paralysante, récurrente, avec une administration lourde, et obsolète. Pourtant ces projets constituent un ballon d'oxygène pour le développement local, leurs réalisations sont facteurs inexorablement de paix sociale.
Nous n'ignorons pas aussi que le budget propre à la commune vu la faiblesse de la fiscalité, ne disposant que des recettes, produits du patrimoine communal, il permet juste à financer les salaires des fonctionnaires communaux, les charges obligatoires de fonctionnements, et quelques petits travaux d'aménagement.
J'ai appris dans une toute récente session de l'APW de Mostaganem que, faute de moyens financiers pour gérer d'une manière optimale les établissements culturels et sportifs, les maires sont arrivés dans leur majorité ( 30 communes sur 32) se dessaisir de la gestion des bibliothèques communales réalisées dans le cadre des PCD au profit de la direction de la culture, d'autres structures sportives sont également cédées à la DJS. Alors que ces activités relèvent des prérogatives statutaires de l'APC.
J'ai entendu par la TV, certains contestataires de tous âges, avertir que si la mal vie s'éterniserait, ce ras-le- bol risquerait de produire des effets de contestations, qui accentueraient sans coup férir les violences urbaines généralisées avec des conséquences fâcheuses. Cela se passe déjà dans certaines localités du pays, heureusement ce sont des cas isolés et maitrisables pour le moment.
Loin de vouloir donner des leçons à l'Etat, il doit rester vigilant et être très attentif aux revendications de la population pour éviter au pays, l'explosion et l'embrasement et surtout, être à l'écoute des citoyens qui ont pris conscience en exigeant à dire leurs mots devant tous les projets qui engagent l'avenir de leur pays.
Les partis d'opposition qui prônent la soi-disant « la liberté et la transition démocratique » et les salafistes, n'attendent que cette explosion populaire pour se donner une raison et politiser ces revendications.
Ces violences urbaines sous leur forme contemporaine, bien qu'étant à chaque fois un processus aveugle et non organisé, visent surtout les équipements publics, et à travers eux, l'Etat et ses représentants. De façon générale, le phénomène reste caractérisé par l'incapacité apparente des pouvoirs publics à comprendre ces violences, et éventuellement les combattre.
J'interprète la violence urbaine en termes de privation : Elle se développe lorsque l'élévation des aspirations des individus ne s'accompagne plus d'une amélioration comparable de leurs conditions de vie.
Par voie de conséquence l'Etat devra changer de mentalité en évitant de doter par parcimonie les moyens financiers dont les communes ont vraiment besoin pour booster leur développement. Il doit se hisser à la hauteur des exigences objectives de la demande sociale. Parce qu'il reste beaucoup à faire au niveau de ce développement local qui accuse un retard flagrant.
« Les partis politiques qui sont majoritaires dans les communes doivent ne pas voir ces institutions comme leur terrain de prédilection électoral ou de se placer dans le court terme, autrement dit remporter les élections, mais de projeter le pays vers l'avenir, de regarder la commune non pas comme un enjeu électoral mais comme une institution de l'Etat, plus une entité économique au service de la communauté ».
« Il faut introduire le management local selon les règles modernes de transparences et d'efficacités qui requièrent des compétences administratives et techniques à même de résoudre les problèmes de la commune »(1).
Il est donc du devoir de ces partis politiques d'encadrer et d'accompagner cette ressource humaine militante, au lieu de la laisser livrée à elle-même au point où elle est souvent jetée en pâture dans les arcanes de la justice.
N'ayez pas crainte, si vous soutiendrez et matérialiserez la loi sur la réforme plus profonde des communes cela sans aucun doute, permettra aux maires de gérer en toute indépendance cette noble institution. Ne faites pas de jugement de valeur ni d'amalgame à leurs égards, pour croire que cette institution communale risquerait d'échapper du giron de l'Etat et des partis politiques.
En tout état de cause, l'Etat doit se focaliser sur cinq faiblesses importantes dans les relations publiques et tenter de les circonscrire:
1-L'Etat et son administration, ainsi que les assemblées élues n'arrivent pas à mettre en place une stratégie de communication, une stratégie de sensibilisation ainsi qu'une politique pérenne sur la démocratie participative encadrée institutionnellement.
1-L'Etat tarde à mettre en place une réelle politique publique globale et intégrée prenant en considération l'acteur civil, qu'il soit association, ou organisation ou simple individu ayant le droit de dire son mot sur l'avenir de sa commune.
2-La politique de la lutte contre la bureaucratie insolente, reste encore incohérente dans son application par la faute de certains commis de l'Etat pleins de zèles.
4- La machine administrative héritée de l'époque post indépendance, est très lourde elle a mis à plat pas mal de partenaires de la commune causant des dégâts incommensurables dans la vie économique, sociale, humaine, fiscale et culturelle.
5-Si dans une wilaya il y a certes, une visibilité sur le développement local en matière des réalisations des infrastructures publiques nécessaires pour un cadre de vie harmonieux, par contre la visibilité est souvent nulle en matière économique où le chômage endémique frôle des 10%. Les walis tenus par l'obligation de résultat, restent préoccupés à faire réaliser en priorité les différents programmes publics avec le récurent casse-tête des RAR des logements et autres.
Les autorités locales ne savent pas très bien comment et avec quel savoir-faire s'engager pour mieux vendre leur wilaya aux investisseurs potentiels afin de susciter la création des pôles d'excellences économiques.
En tout état de cause, l'Etat doit traiter la question de la société civile dans un esprit de responsabilité historique car si réforme profonde y aurait, pour lutter contre la bureaucratie, contre la corruption, pour le droit de contrôle des élus sur l'exécutif et l'indépendance de la justice( je vise ici, la future la constitution), une réforme fiscale transparente, elle ne pourrait être que synonyme de stabilité ; ce qui consolidera davantage la voie à la promotion de la démocratie de la société Algérienne et de la consécration de la « justice, du progrès, de la prospérité, et du développement durable.»
Des pas importants sont engagés en direction de la société civile, amenant le Ministère de l'Intérieur le mardi 14 janvier écoulé à la formation d'un groupe de travail chargé de mettre en place les mécanismes sur la gestion des affaires locales, à même de concrétiser selon ce dernier, le concept du développement local conformément aux spécifiés locales permettant aux citoyens de participer de manière effective à la vie socio-économique locale.
C'est avec satisfaction d'apprendre aux dernières nouvelles, la décision du Président de la République, de faire impliquer la société civile au programme de développement du plan quinquennal 2015-2019.
Nous souhaiterions que cette décision soit suivie d'une réforme profonde visant la décentralisation, la déconcentration pour la transparence de la gestion communale, comme levier irréfragable au profit de la promotion, et l'épanouissement social, culturel et économique de la société Algérienne. Il s'agira par conséquent d'un enjeu d'équilibre gagnant.


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