Malgré la propagande de certains dirigeants du secteur, l'étouffement qui frappe le port de Mostaganem commence à les ébranler. Rudement touché par l'asphyxie des deux bassins, piliers de l'activité portuaire, le patron de l'entreprise portuaire vient de lancer un nouvel SOS aux autorités compétentes pour lancer dans les brefs délais les travaux de réalisation du 3ème bassin, l'unique et l'indispensable solution pour la survie du trafic portuaire... sinon, c'est la mort en douceur du port de Mostaganem ! ‘'Le port de Mostaganem se dirige droit vers l'asphyxie'', c'est par ces termes que le président directeur général de l'entreprise portuaire de Mostaganem, Mohamed Moulai, a préféré commencer l'interview qu'il nous a accordée. Cette déclaration se veut être un appel de détresse aux autorités compétentes pour accélérer les procédures de réalisation du 3ème bassin au niveau de ce port : Réflexion : comment évaluez-vous le niveau du trafic au niveau de l'EPM ? M. Moulai Mohamed : j'ai le regret de vous dire que le port de Mostaganem est à 50% de ses capacités d'accueil, à cause des évolutions techniques caractéristiques des navires de commerce, qui demandent un long quai et un profond bassin. Malheureusement, notre port ne répond plus aux nouvelles exigences techniques, d'où la nécessité de réaliser un 3ème bassin pour récupérer les 40 % du trafic que le port de Mostaganem a perdus à cause du retard dans le lancement de l'appel d'offres qui permettra de sélectionner l'entreprise qui devra prendre en charge l'extension du port. Je vous confirme que le port de Mostaganem gagnera sur la mer avec ce 3ème bassin, ce qui nous permettra d'accueillir des navires gros porteurs. A titre d'exemple, le groupe Metidji, qui est un grand importateur de céréales, préfère décharger ses matières premières à Oran à cause de la taille de ses navires que le port de Mostaganem ne peut absolument pas laisser accoster. Cette situation nous mène tout droit vers l'asphyxie. A court terme, d'ici 5 à 10 ans le port de Mostaganem ne sera pas en mesure de répondre favorablement aux sollicitations des armateurs. À cet effet, j'ai dit au premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, lors de sa dernière visite que sans le 3ème bassin, le port de Mostaganem sera saturé. Aussi, lors de la visite de M. le ministre des transports, l'accent a été mis sur l'achèvement de l'extension des infrastructures, notamment le troisième bassin qui dédié exclusivement au trafic conteneurs. L'achèvement de la réalisation des infrastructures dédiées à la pêche permettra également de résoudre l'épineux problème de la mixité pêche-commerce, dont a longtemps souffert le port de Mostaganem. Je dis que le soutien des pouvoirs publics et de nos partenaires, nous incitera à aller encore plus loin dans nos ambitions de faire du port de Mostaganem une infrastructure digne des grands ports méditerranéens. Le mouvement de la navigation a-t-il connu le même rythme que 2014 ? Le port de Mostaganem a réalisé durant l'année 2014 un tonnage qui a dépassé les 1,5 million de tonnes, chiffre non égalé, ni dépassé depuis une trentaine d'années. En effet, durant les 30 années écoulées, le tonnage annuel du port de Mostaganem n'a jamais dépassé les 1,3 million de tonnes. Nous avons assisté durant l'année 2014 à une intense activité à l'importation touchant tous les produits : ciment, bois, fer rond à béton, véhicules, engins, colis lourds et autres, en nette augmentation de 18,01% par rapport à l'année 2013. C'est ainsi que ce sont plus de 1,52 tonne qui ont été déchargées au port de Mostaganem durant l'année 2014 contre plus de 1,29 tonne enregistrées durant l'année 2013, soit une augmentation, comme je vous l'avais dit, de 18,01. Cette réalisation a été concrétisée malgré l'amputation du port de Mostaganem de quatre postes à quai pour cause de travaux de confortement du quai du Maghreb par l'entreprise publique Cosider et ce, depuis janvier 2013. Quoi qu'il en soit, le port de Mostaganem a pu consolider ses activités traditionnelles que sont notamment l'importation de la pomme de terre de semence et du ciment et se projette dans le développement du trafic conteneurs. Qu'en est-il du trafic de véhicules ? La décision des pouvoirs publics de confier au port de Mostaganem une partie du trafic de véhicules constituait un plus, que l'entreprise a su mettre à profit pour mettre en évidence ses capacités à faire face à tous les challenges. Malgré le handicap structurel, cette activité a non seulement été prise en charge dans les meilleures conditions, à la satisfaction de notre clientèle, mais a surtout constitué un effet, d'entrainement pour les autres activités. Cependant, le trafic véhicules à l'import au port de Mostaganem continue de subir des baisses d'année en année. Durant le 1er trimestre de l'année 2015, nous avons assisté à une baisse du trafic véhicules à l'importation et qui a pratiquement touché toutes les marques de véhicules. Le nombre de véhicules déchargés durant ce 1er trimestre 2015 a baissé à 17754 véhicules contre 32013 véhicules enregistrés durant le 1er trimestre de l'année 2014, soit une diminution de 45%. A titre d'exemple, Peugeot Algérie a enregistré durant le 1er trimestre de l'année en cours une baisse de 22% du nombre de véhicules à l'import par rapport à la même période de l'année écoulée. Parlez-nous de la gare maritime ? Le ministère des transports vient de nous demander de se préparer au lancement des études pour la réalisation d'une gare maritime à Mostaganem. A cet effet, la direction des Transports devrait lancer, incessamment, un appel d'offres national restreint pour l'étude architecturale et de suivi du projet de réalisation de la gare maritime de Mostaganem. Cette étape du développement du port de Mostaganem, qui a connu un énorme retard, a été proposée en 2006, au temps de l'ancien ministre Amar Tou, qui a donné son feu vert pour lancer des lignes maritimes à titre provisoire à Ghazaouet et Mostaganem. Cependant, l'opération a été suspendue à Mostaganem pour des raisons techniques, liées à l'occupation de ‘'l'amarrée'' par les pêcheurs. Ce problème n'est plus, aujourd'hui, d'actualité. Nous serons prêts à lancer les essais dès que les études seront lancées. Cette nouvelle gare maritime, viendra en remplacement de l'infrastructure actuelle : ‘'l'amarrée'' et le hangar qui sera détruit pour laisser place à une autre infrastructure qui fera office de gare maritime. Les études qui seront lancées détermineront les besoins réels du port en matière d'infrastructures et de superstructures à même de répondre aux mutations socioéconomiques imposées par le transport maritime. Aujourd'hui, les établissements portuaires sont contraints de s'adapter aux nouvelles donnes car l'avènement des navires gros porteurs a entraîné des mutations dans le transport maritime. De ce fait, la réhabilitation du port, par la conception de plateformes extra-portuaires, est une étape essentielle pour se mettre au diapason de ces évolutions constantes que connaît le secteur. On vous laisse le soin de conclure Le port de Mostaganem a terminé l'année 2014 sur une note positive. Il a enregistré un chiffre de trafic jamais atteint auparavant. Au-delà de la fierté que tirent l'entreprise, ses partenaires et ses travailleurs de cette performance, cela renseigne sur le potentiel de cette infrastructure qui longtemps souffert de l'exiguïté. Ainsi, la volonté du collectif et des managers butait sur un déficit en espaces qui handicapaient lourdement l'activité. De ce fait, en tant que presse, on espère avoir votre contribution pour sensibiliser sur la nécessité d'un 3ème bassin qui élèvera le port de Mostaganem au rang des ports importants de la méditerranée.