Plus personne, au sein de l'OPEP, ne croit à une remontée du baril à 100 dollars. Et son évolution, dans les mois à venir, reste incertaine. Les cours devraient rester autour de 60-65 dollars quelques mois et ils pourraient tomber entre 40 et 50 dollars au quatrième trimestre après que l'OPEP ait maintenu hier vendredi 5 juin à Vienne (Autriche) son quota officiel de production de 30 millions de barils par jour. En effet, l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), réunie à Vienne vendredi 5 juin, a confirmé sa politique, fixée fin novembre 2014 : le maintien de son quota officiel de production de 30 millions de barils par jour, malgré une surproduction mondiale de plus de deux millions de barils et la déprime des prix de l'or noir sur le marché, tombés à 62 dollars pour un baril de brent contre 115 dollars en juin 2014. Chaque pays joue sa partie. La production américaine de brut, notamment grâce aux schistes (shale oil), résiste à ces prix bas. La Russie refuse de réduire sa production et de grands producteurs affichent leurs ambitions (Iran, Irak, Brésil...). La bataille mondiale sur le marché pétrolier « ne fait que commencer », prévient l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). L'Arabie Saoudite et ses alliés du Golfe semblent résolus à poursuivre la politique décidée en novembre. De potentiels dissidents se rendent compte qu'un changement n'est pas jouable alors que les quatre Etats du Golfe qui défendent leurs parts de marché, pèsent plus de la moitié de la production de l'OPEP. Pourtant, Riyad (capitale saoudienne) n'a pas gagné la guerre du pétrole de schiste. De nombreux puits ont fermé aux Etats-Unis, mais la production de shale oil a été encore peu affectée, les plates-formes de forage en exploitation ayant de meilleurs rendements. Avec 9,5 millions de barils de brut (dont la moitié d'huiles non conventionnelles), jamais la production américaine n'a été aussi dynamique, et elle progressera jusqu'à près de 11 millions en 2020 avant de se stabiliser, selon un scénario gouvernemental. L'OPEP commence à en prendre acte. « Le pétrole de schiste est un phénomène qui ne va pas disparaître et nous devons vivre ensemble et trouver un équilibre », a reconnu Abdallah Al-Badri, secrétaire général du cartel. Le monde de l'or noir s'est « décartellisé ». Dans ce grand jeu du ‘'chacun pour soi'', tout le monde produit au maximum, à commencer par les trois pays qui font un tiers de la production mondiale : les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et la Russie. L'Irak veut, à moyen terme, doubler sa production de quelque 4 millions de barils. Quant à l'Iran, il affiche déjà de grandes ambitions alors qu'un accord avec les Occidentaux fin juin sur son programme nucléaire – et donc une levée des sanctions – est loin d'être acquis.