Le baril de pétrole algérien profite du rebond des cours enregistré depuis quelques semaines. Le baril de Sahara blend a ainsi pris près de 3 dollars en moyenne au mois d'avril dernier. Selon les statistiques publiées par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le cours moyen du Sahara blend est ainsi passé de 56,93 dollars en mars, à 59,75 dollars en avril. Un niveau qui devrait d'ailleurs augmenter en mai vu que le cours moyen du brut flirte actuellement avec les 65 dollars. Le niveau actuel des cours devrait-il pour autant pousser à l'optimisme ? Rien n'est moins sûr. Il faut garder à l'esprit que la moyenne des cours est très en dessous de ses niveaux de 2014, de moitié plus précisément. Cependant, ce qui pourrait susciter l'inquiétude c'est que si l'OPEP table sur un léger redressement de la demande de brut, elle concède que le marché mondial est toujours sous la pression d'une surabondance de l'offre. Pis encore, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) évoque, quant à elle, une nouvelle spirale baissière des prix du brut. En cause : une nouvelle guerre des prix entre les gros producteurs de l'OPEP et les producteurs de schiste américains. Le fait est que, selon l'AIE, la stratégie de l'Arabie Saoudite n'aura finalement pas porté ses fruits. L'agence, qui défend les intérêts des consommateurs de pétrole, explique ainsi que si le refus de l'Arabie Saoudite de réduire l'offre OPEP dans un contexte de demande anémique et de fort rebond du dollar a induit une forte chute des cours, entraînant dans son sillage l'arrêt de nombreux forages de schiste américains, la production hors-OPEP n'a pas sourcillé pour autant. En cause, certains producteurs hors-OPEP, comme la Russie et le Brésil, ont maintenu, voire augmenté, leur production, explique l'AIE, qui souligne aussi que le récent rebond des cours favorise le retour de certains foreurs américains. Le marché semble ainsi otage d'un cercle vicieux, ce qui pousse l'Agence internationale de l'énergie à estimer que la guerre des prix est loin d'être finie. Bien au contraire, celle-ci «ne fait que commencer». Du côté de l'OPEP, le ton semble donné. La prochaine réunion de l'Organisation, prévue à Vienne, semble d'ores et déjà s'acheminer vers un maintien des quotas de production, ceci d'autant que pour l'OPEP il est hors de question de supporter seule le poids du rééquilibrage du marché. La bataille des parts de marché est donc loin d'être gagnée pour l'Arabie Saoudite. Dans ce sens, Pierre Terzian, directeur de Petrostratégies, explique que «l'échec de l'Arabie Saoudite est patent», estimant que la stratégie du plus gros producteur de l'OPEP n'a, au final, induit qu'une chute brutale des revenus des producteurs de pétrole OPEP et non OPEP. Il s'est dit également admiratif quant à la capacité d'adaptation des foreurs américains et à la rapidité avec laquelle ils réduisent leurs coûts de production et trouvent de nouveaux moyens de financement pour leurs potentiels de production. L'expert des marchés pétroliers ne croit cependant pas à une nouvelle baisse des prix, ni à la possibilité de voir l'Arabie Saoudite augmenter sa production dans l'objectif de conserver ses parts de marché, estimant que la monarchie du Golfe dispose d'une capacité de 12 millions de barils/jour et qu'elle produit déjà 10,1 millions barils/jour, la différence constituant un coussin de sécurité pour la couverture de toute rupture d'approvisionnement. Il explique ainsi que la réduction de ce coussin de sécurité induirait un schéma de hausse des cours du brut et non le contraire. Notons que les prix du pétrole étaient hier sous pression lors des échanges européens. Vers 10h15 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 66,70 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin perdait 28 cents, à 59,60 dollars. Les prix souffraient d'une tentative de rebond du billet vert, en plus de fondamentaux qui demeurent baissiers du fait des craintes sur la baisse de la demande américaine.