Pour ce premier jour du Ramadhan, Ammi H'mimed se réveilla du pied gauche comme tous les mois de Ramadhan précédents vers 12H00. Il eut une désagréable sensation de soif et de faim qui commençait à tatillonner son estomac mis à rude épreuve par un régime loin d'être idéal. À peine il eut le temps de se laver la figure et faire ses ablutions que l'Adhane du dohr tonna au loin. Il enfila à toute allure sa nouvelle a'âbaya achetée pour l'occasion, et pressa le pas vers la mosquée de son quartier qui se trouve en contrebas. En cours de route, il rencontra ses voisins, qu'ils ne ratèrent pas l'occasion de lui rappeler sa longue absence de la mosquée avant le Ramadhan. Remarque qui agaça Ammi H'mimed et ne trouva de mieux que de répliquer à son interlocuteur en balançant sur lui toutes sortes de noms d'oiseaux sortis de son anciennes collection d'éleveurs passionné d'ornithologie ! Une fois la prière accomplie, il eut envie de faire quelques emplettes dans le marché populaire de la ville histoire de prendre l'air et se changer les idées. Mais voilà, c'était sans compter sur l'humeur nerveuse des Algériens qui s'allument au moindre contact verbal, surtout un premier jour du Ramadhan. Il interrogea un vendeur de fruits sur le prix et au moment de payer, le vendeur l'apostropha sur l'indisponibilité de la petite monnaie. C'est alors qu'une colère sourde montait dans le corps de l'hypertendu Ammi H'mimed, et d'un revers de la main jeta un abricot au visage de l'infortuné ! « Vous manger la monnaie pendant le Ramadhan ? » « Je vous ai payé, ce n'est plus mon problème, allez au diable ! » Une meute de badauds s'agglutina autour de l'étal pour se délecter de la scène cocasse.