Trente-trois ans après, le Maroc devrait réintégrer l'Union africaine ce lundi à l'issue d'un vote des chefs d'Etat africains. C'est la première fois que le Maroc et le Polisario siègeront dans la même assemblée. Ce retour remet au premier plan la question épineuse du Sahara occidental, mais pour l'Algérie, ‘'le Maroc est le bienvenu au sein de cette institution en tant que 55e membre de cette union, égal en droits et en devoirs avec les 54 membres actuels. À l'occasion du 28e sommet annuel de l'Union africaine qui se tiendra les 30 et 31 janvier à Addis Abeba, la capitale éthiopienne, 54 chefs d'Etat vont devoir voter ce lundi sur la réintégration du Maroc au sein de l'Union. En théorie, l'adhésion du Maroc n'est qu'une question de formalité dans la mesure où il aurait déjà obtenu le soutien écrit définitif d'une quarantaine d'Etats membres. Ces retrouvailles interviennent trente-trois ans après le retrait volontaire du royaume chérifien de cette instance internationale. Le roi Hassan II entendait à l'époque protester contre l'admission au sein de l'institution de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), autoproclamée par le Front Polisario. Mais la politique de la chaise vide ne s'est pas avérée payante pour héritier Mohamed 6. Ces derniers mois, le roi Mohammed VI a effectué une tournée diplomatique en Afrique de l'Est notamment au Rwanda puis en Tanzanie pour renouer ou conforter les liens politiques avec cette partie du continent alors que la zone d'influence du royaume se situait plutôt au Sahel et en Afrique de l'Ouest. Le Maroc a ainsi déployé les grands moyens pour convaincre de sa vocation subsaharienne. LE MAROC ET LE POLISARIO SIEGERONT DANS LA MEME ASSEMBLEE C'est la première fois que le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) siègeront dans la même assemblée. Ce retour remet, en effet, au premier plan la question épineuse du Sahara occidental, qui dure depuis trois décennies. La RASD a été créée suite à la décolonisation espagnole en 1976 par le Front Polisario, un mouvement politique indépendantiste au Sahara occidental. Le Maroc qui contrôle aujourd'hui 80% du territoire, considère le Sahara occidental comme une partie intégrante de son royaume, tandis que le Front Polisario revendique l'indépendance de cette ancienne colonie espagnole et demande un référendum sur l'autodétermination des peuples. Mais en toile de fond, c'est l'affrontement entre Rabat et Alger qui résonne. Alors que le Maroc imposait son autorité légitime sur le Sahara espagnol, l'Algérie apporte depuis le début du conflit, son soutien au Front Polisario. POUR ALGER, LE SIEGE DE LA «RASD» EST UNE LIGNE ROUGE La position des autorités algériennes et désormais connue à l'adhésion du royaume à l'UA est un fait, mais «le siège de la ‘RASD'» reste une ligne rouge. Sur ce sujet épineux, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra exprime le point de vue de l'Algérie en marge d'une interview accordée à RFI. « La cohérence de la géographie qui veut qu'un pays africain puisse naturellement avoir sa place dans la maison commune de l'Union africaine implique une cohérence de l'histoire également. Et l'histoire de cette maison, c'est la libération de l'Afrique, c'est la décolonisation, c'est le triomphe sur l'Apartheid. Je m'empresse d'ajouter que depuis le 22 novembre, la réponse officielle du président Abdelaziz Bouteflika lui-même à madame Zuma, c'était que le Maroc était le bienvenu », avait répondu, Ramtane Lamamra, à une question de RFI. Désormais, l'attention de l'opinion internationale et africaine est portée sur le siège de la «République arabe sahraouie démocratique». Une position nouvelle qui intervient au moment où le Maroc semble assuré de reprendre son fauteuil au sein de l'instance continentale. Mercredi, le ministre algérien chargé de l'Afrique et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a affirmé dans une brève déclaration accordée à la chaîne algérienne Echourouk TV que le Maroc «ne réussira pas à exclure la ‘RASD' de l'Union africaine». En marge du sommet Afrique-France, qui s'est déroulé mi-janvier à Bamako au Mali, le chef du gouvernement Abdelmalek Sellal avait confié à la presse de son pays que «le Maroc est assuré de son adhésion à l'Union africaine, et ce, avant même la tenue du sommet d'Addis-Abeba». Ainsi, maintenir le Polisario au sein de l'UA semble être le nouveau défi de l'Algérie.