Ferme contre le boycott d'Israël, défendant une laïcité inclusive ne menaçant pas les pratiques religieuses, le candidat d'En marche !, Emmanuel Macron pourrait emporter une part non-négligeable du scrutin juif, c'est par ces mots que le journal israélien ‘'The Times of Israël'' a annoncé le soutien des franco-israéliens au candidat à la présidentielle française, M. Emmanuel Macron. Selon le journal sioniste, si les suffrages le portent à l'Elysée, Macron sera le président qui sortira la France de son rapport ambigu à Israël. Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, lors d'un voyage officiel en Israël en septembre 2015, exposait sa vision de cette double appartenance : « Vivre en Israël ne signifie par couper les ponts avec le pays d'origine. Bien au contraire, les Franco-israéliens ont une double culture qu'il faut entretenir, chérir et qui constitue un véritable défi. Le lien avec la France doit rester vivace par-delà la distance », expliquait-il depuis Tel-Aviv. Pour Emmanuel Macron ce lien est d'autant « plus simple à perpétuer du fait du partage de valeurs communes entre Israël et la France, les valeurs d'universalité et de dignité (...). Vous avez fait le choix d'avoir deux territoires. La France est encore votre maison. » affirmait-il à l'adresse des olim francophones. Cette immigration des juifs français est respectée et reconnue par les institutions françaises comme une décision libre, ajoutait le candidat d'En Marche !. « La seule mauvaise décision, ce serait celle dictée par la peur, parce que cela voudrait dire que nous n'avons pas été à la hauteur, » rappelait alors l'ex-ministre du gouvernement français. Ses prises de positions sur le boycott d'Israël Plus tôt dans l'année un signal, volontaire ou non, avait été envoyé aux partisans anti-israël du BDS. Lors de protestations faisant suite à la Loi Travail, un homme portant un maillot arborant le slogan « Free Palestine » avait abordé Emmanuel Macron, qui lui avait alors répondu : »Vous n'allez pas me faire peur avec votre T-Shirt ! ». Une remarque qui fait écho à une prise de position plus récente. Il y a quelques semaines, lors d'un déplacement au Liban Emmanuel Macron déclarait : « Le boycott d'Israël a été condamné par la France et il n'est pas question de revenir là-dessus ». Le candidat, qui s'exprimait depuis l'Ecole supérieure des Affaires (ESA) rappelait que la Cour de Cassation avait jugé l'appel au boycott illégal en 2015. Alors ministre de l'Economie, en visite en Israël, il affirmait sa volonté d'intensifier les relations commerciales franco-israéliennes notamment dans le secteur de l'énergie : « j'ai fait part de notre volonté, au travers des entreprises françaises, de participer à l'ouverture du marché du gaz en Israël ». Macron et la communauté juive Sans aucun doute le passé professionnel d'Emmanuel Macron joue-t-il un rôle dans la manière dont il est perçu par la communauté juive française, et par ses détracteurs. Si le fait d'avoir travaillé pour la banque Rothschild excite autant l'extrême-droite qu'il pourrait rassurer une certaine frange de la communauté juive, il recèle une autre importance. Selon ‘'The Times of Israël'', le réalisme du monde économique, teinté de valeurs anglo-saxonnes multiculturalistes, est aux antipodes de l'idéologie en cours dans les couloirs qui mènent traditionnellement au pouvoir en France. Une idéologie qui charrie une certaine vision de la laïcité, ainsi qu'une défiance vis-à-vis d'Israël. « C'est sans doute face à lui que je serais au second tour, » déclarait Marine Le Pen sur LCP au micro de Frédéric Haziza au début du mois de février. « Emmanuel Macron c'est le plus caricatural ! a-t-elle continué. Il est soutenu de manière massive par des gens à qui il a fait des fleurs quand il était ministre, décrit la présidente du Front National. Et je pense évidemment à M. Drahi qui est patron d'un groupe de presse très important ». Et d'énumérer les titres, L'Express, Libération, BFM, RMC que son groupe Altice possède et qui « soutiennent », selon elle, Macron, qualifié de candidat « sous influence » des « grandes puissances financières ». En octobre 2016, une courte polémique a assombri l'image de Macron auprès de la communauté juive. Questionné sur sa vision de la laïcité, lors d'un entretien publié dans l'hebdomadaire Marianne, il déclarait « La religion ne peut pas être présente à l'école, » affirmait-il. Et « les écoles juives » ont été... vexées. Il s'est donc rendu dans l'une d'entre elles à Pavillon sous Bois pour clarifier ses propos. « En aucune manière, je n'ai souhaité installer l'idée d'un amalgame entre des situations qui sont très différentes a expliqué Macron au journal Actualité juive. Les rapports des religions à la République sont différents selon les religions et la restitution qui a été faite de mon entretien à Marianne – le rapprochement malheureux de ces situations – a créé le trouble ». « Il y a constamment chez les Français de confession juive, les juifs de France, la volonté de promouvoir les valeurs de la République. Cette volonté est au cœur de l'histoire de cette religion avec la France, et je comprends que s'être senti attaqué sur ce point, alors que ce n'était pas mon propos ni mon intention, ait pu choquer », a-t-il conclu.