Le FLN ‘'d'après l'indépendance'' n'est plus le même que le ‘'FLN historique'', front rassemblant les différentes forces politiques des anciens partis nationalistes d'avant 1954. Et c'est en s'appropriant cette légitimité historique que les directions successives du FLN ont justifié le monopole du parti unique, interdisant le Parti communiste en 1963, ainsi que le Parti de la révolution socialiste (PRS) de Mohamed Boudiaf et, plus tard, le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed. Le 19 juin 1965, le renversement de Ahmed Ben Bella était prévisible dès la clôture du 3e Congrès du parti du FLN (avril 1964) dont les résolutions finales accordaient au Président des prérogatives telles qu'il affirmait n'être responsable, ni devant les instances dirigeantes du FLN, ni devant l'Assemblée nationale. Ben Bella avait, depuis longtemps entamé le démantèlement de ce qu'il convenait d'appeler le « groupe d'Oujda » (entourage proche du colonel Boumediene, alors Premier Vice-président de la République et Ministre de la Défense nationale). Les limogeages de Kaïd Ahmed, Chérif Belkacem, Ahmed Medeghri et la prise en main personnelle des ministères vacants allait précipiter les événements. Houari Boumediene, pressé par son entourage, restait convaincu de pouvoir ramener Ben Bella à de meilleurs sentiments et au respect des institutions de l'Etat. Deux rencontres au moins se déroulèrent entre les deux hommes sans que Ben Bella ne change d'attitude. Lorsque Houari Boumediene comprit que le prochain sur la liste des éliminés serait lui-même, il se décida à mettre fin au régime de Ben Bella. Il confia au commandant Slimane Hoffman, responsable des blindés, la surveillance de l'immeuble de la radio, du Palais du Peuple (Siège du Gouvernement) et de la Villa Joly (Siège du Bureau politique du Parti du FLN et résidence de Ben Bella). Les colonels Tahar Zbiri et Abbès furent chargés de l'arrestation du président, cueilli au saut du lit. Le lendemain, Boumediene apparaissait à la télévision pour annoncer la fin du régime de pouvoir personnel ; une proclamation, dite « du 19 juin » qui contenait le catalogue des critiques de la gestion de Ben Bella, fut lue. Coup d'Etat, pour les uns, et renversement du président Ben Bella ; redressement révolutionnaire pour d'autres. Ère Boumediene La vision de Houari Boumediene se situait en complète opposition avec le système politique précédent et consacrait la primauté de la construction de l'Etat sur l'action politique. Dans un nationalisme étatiste-socialiste et anticolonialiste, Boumediene régnait par décret et selon une « légitimité révolutionnaire », marginalisant le FLN en faveur de son propre pouvoir et celui de l'armée, tout en maintenant le système de parti unique. À partir de 1976, la première révision constitutionnelle a fait du pays un « Etat socialiste » sous contrôle du FLN, qui servait ainsi encore d'appui pour les décisions de Boumediene. Durant ces années, les cadres dirigeants des années de guerre forment progressivement, à l'instar d'autres pays du tiers-monde, « une couche bureaucratique privilégiée »4. Présidence sous Chadli À la mort de Houari Boumediene en 1978, son successeur, le colonel Chadli Bendjedid, réorganise le parti, qui prend alors une place centrale après une longue période de mise à l'écart. Les militaires gardaient encore une large représentation dans le Comité central du FLN, et possédaient en grande partie le contrôle de l'Etat. Durant les années 1980, le FLN modère la teneur « socialiste » de son programme, opérant quelques réformes de libéralisation du marché et écartant les lieutenants restant de Boumediene. Cependant, les principales avancées démocratiques ne purent avoir lieu qu'avec les émeutes d'octobre 1988 qui secouèrent le pays vers des réformes politiques essentielles. Le 28 février 1989, une révision constitutionnelle instaura le multipartisme et la liberté d'expression ; le régime du parti unique fut donc dissous. Le FLN coupa ainsi ses liens particuliers avec l'armée nationale et privilégiés avec l'appareillage de l'Etat. Le FLN et le président Bouteflika « Personne ne peut être votre responsable ou votre tuteur. Votre seul responsable et tuteur est le président de la République, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika », avait déclaré l'actuel secrétaire général du FLN, Dr Djamel Ould Abbes, dans un discours, ajoutant qu'il compte rencontrer chaque jour des mouhafidhs de six wilayas dans le cadre de la préparation des législatives 2017. « Les instructions sont strictes et claires : tout viendra de la base », répète-t-il. S'exprimant au sujet du projet de Loi de finances 2017 adoptée par l'APN, le patron du FLN a assuré que son parti « défend l'Algérie profonde et particulièrement les catégories fragiles depuis 1954 ». Interrogé sur l'initiative lancée par son prédécesseur concernant le front de soutien au président, M. Ould Abbès a indiqué qu'il travaillait « sur la base du message du Président concernant la construction d'un front interne puissant pour protéger le pays ».