Depuis quelques semaines, les wilayate de l'ouest algérien ont enregistré plusieurs suicides. Le phénomène jusqu'alors inconnu prend de l'ampleur pour s'imposer à notre jeunesse comme échappatoire de la malvie. Sommes-nous en face d'un nouveau genre de harraga qui préfèrent carrément un aller sans retour ? Le suicide va-t-il s'établir comme solution finale pour concurrencer la harga ? En quelques jours, les wilayate de Mostaganem, Relizane et Mascara ont enregistré pas moins d'une dizaine de suicides dont trois à Mesra. Trois cas qui traumatisent. Trois cas soulignés d'une tentative aux barbituriques. D'abord Mourad, un enseignant et un autre jeune homme qui ont choisi la pendaison et ensuite Malika qui se fit exploser en ingurgitant un forte quantité d'acide. A Relizane, la calamité gagne du terrain et pas plus tard qu'hier un jeune homme a mis fin à sa vie. A quoi est dû le mal et qui en répond ? C'est une semaine bien lugubre qu'a vécue Mesra. Trois suicides et une tentative en sept jours. Aujourd'hui, ça été le tour de Meghalet Malika. Vingt-six ans. Célibataire. L'enquête est en cours. L'enquête sera menée, bien sûr, de main de maître. Rien ne sera laissée au hasard. Même les causes et les maux de société qui poussent nos concitoyens à mettre fin à leur vie y sont répertoriés, classifiés, référenciés et catalogués. Des psychologues s'attelleront à démonter les causes et démontrer que l'on peut éviter le désastre. Malika contrairement aux autres, n'a pas recouru à la corde. Elle s'est fait carrément exploser. C'est un puissant acide qu'elle a ingurgité. Une telle quantité que son corps détona pour fulminer comme pour accentuer l'horreur. Malika n'est plus et l'on cherche les causes du sinistre à Meghaltia. Un petit douar qui dépend de la commune de Mesra à huit kilomètres à l'est de Mostaganem. On cherche aussi à réconcilier les consciences. Après le jeune maître d'école que ses élèves ne reverront plus et ce jeune qui ont choisi le poteau électrique pour se pendre, c'est au tour de la jeune Malika de tirer sa révérence en absorbant un acide et une quatrième jeune ayant absorbé des médicaments se trouve toujours à l'hôpital. Oui, jeune après jeune. Qu'est-ce qui ne va pas chez les jeunes ? Qu'est-ce qui ne va pas à Mesra ? Qui répondra ? Qui en répondra ? Comme le piercing, le nouveau look du jean raccommodé et le gel, le suicide est devenu un phénomène de société et les algériens s'y sont habitués. La recrudescence de l'horreur en Algérie est bien inquiétante. De 114 en 2005 et 169 en 2006, l'année 2007 a vu 177 vies humaines atrocement ôtées au bout d'une corde, avec quelques gorgées de détergents ou un saut du haut d'un immeuble et voire même d'un pont. Le nombre de tentatives donne froid au dos. 559 en 2007 contre 358 en 2005. Même les mineurs s'y mettent, mais la tranche d'âge la plus touchée est celle comprise entre 18 et 30 ans. Les hommes sont touchés plus que les femmes et les chômeurs plus que toute autre catégorie. Suivant le classement par nombre de cas, selon les statistiques de 2007, Bejaïa vient en tête avec 17 cas, suivie de Tizi Ouzou avec 9 cas, Mila et Relizane avec 6 cas et enfin Alger et Mascara avec 5 cas. La wilaya de Tizi Ouzou a connu 50 suicides en 2008. A vous de comparer avec 2007. Et qu'en est-il des autres wilayas et que nous réserve 2009? Le suicide est-il contagieux ? Apparemment, il est plus que contagieux et cette contagion est appelée « effet Werther ». Sauf que chez nous, le suicide lui-même ne devrait pas figurer dans nos annales. Dès la plus tendre enfance, l'on inculque aux enfants le respect de la vie humaine et en premier la sienne. Parents, mosquées et écoles devraient jouer leur rôle pour éradiquer ce phénomène qui était inconnu chez nous même en temps de disette et de famine sous le joug colonial. Les medias devraient bien les accompagner, afin d'éviter les comportements de fuite en avant, car même ni le dépit amoureux ni le chômage ni le ratage du bac ne seraient des motifs valables pour attenter à sa vie que le droit divin comme le droit universel condamnent.