Située au cœur de l'espace méditerranéen, Béjaïa, ville d'Algérie qui donna son nom aux petites chandelles (les bougies)1 et à partir de laquelle les chiffres arabes ont été popularisés en Europe, renferme de nombreux sites naturels et vestiges historiques, qui témoignent encore aujourd'hui des fastes de sa longue histoire. Son tissu urbain est caractérisé par une continuité ininterrompue d'occupation depuis l'Antiquité. En effet, l'occupation préhistorique de la région de Béjaïa est remarquable par les nombreux sites et gisements ibéromaurusiens (de -200 000 à -10 000 ans) que l'on rencontre, notamment dans les Babors septentrionaux. Sous forme de semis d'industries de plein air ou d'habitats d'abris sous roche, ces gisements ont livré de nombreux restes humains se rapportant à la première nappe d'Homo sapiens d'Afrique du Nord, l'Homme de Mechta-Afalou, des industries, des structures d'habitats et surtout, des manifestations artistiques. Béjaia est l'une des plus anciennes villes d'Algérie. La présence humaine dans la région est attestée par les sites préhistoriques d'Afalou Bou-R'mel et la nécropole d' Ibarissen , vieux de plusieurs dizaines de milliers d'années. Le Port de Béjaia l'un des plus sûrs de la Méditerrannée, était particulièrement apprécié des navigateurs Grecs et Phéniciens qui y accostaient. Les Carthaginois y fondèrent plusieurs comptoirs, notamment sur le site des Aiguades et du vieux port. C'est en 26-27 av. J-C. que l'empereur Romain Octave Auguste fonda la cité de Saldae pour les vétérans de la VIIe légion sous le nom de Colonia lulia Augusta Immunis Saldenatium, à une vingtaine de kilomètres de la cité de Tubusuptu (Tilkat). La présence Romaine dans la région a vu l'édification de plusieurs ouvrages d'arts dont le plus important est l'Aqueduc de Toudja qui a alimenté en eau la ville de Béjaia. Vers le milieu du XIe siècle, fuyant les invasions des Bnnu Hillal, les princes Hammadites de la Qalâa des Beni Hammad décident de transférer leur capitale des hauts plateaux du Hodna vers Béjaia. En l'an 1067, le sultan Hammadite En-Nacer va fonder la ville de Nacéria sur les décombres de la cité Romaine. La ville cependant, gardera toujours le nom de Bgayet (Béjaia), lié à la tribu berbère qui l'a habitée en 1er. C'est sous le règne de En Nacer , puis de son fils El Mansour que plusieurs familles quitteront définitivement la Qalâa pour s'installer à Béjaia et ses environs. Certaines Tribus seront installées tout autour du Royaume naissant formant ainsi un bouclier sécurisant. Les descendants de ces Tribus, les Ath Abbes, les Ath Mansour , les Ath Aidhel , les Ait Yala et les Ath Ouarthilane , habitent encore les villes et les villages qui portent leur nom . En l'an 1288, Yahia Zakaria, émir de la Cité proclame son autonomie vis-à-vis de Kairouan. C'est à cette époque également que Béjaia devient un pôle de rayonnement intellectuel et scientifique au point de devenir, à l'instar de Cordoue en Andalousie, la " Mecque " des savants et des intellectuels de la Méditerranée. En 1510 les espagnols, menés par Pedro de Navarro, s'emparent de Béjaia après une féroce bataille navale et terrestre qui dura plusieurs mois. La ville se vide de ses habitants et ses plus beaux édifices issus de son héritage Hammadite, seront détruits par les canons des vaisseaux espagnols. Ces derniers occuperont la ville sans jamais en sortir jusqu'en l'an 1555, année à laquelle le turc Salh Raïs, à la tête d'une armée composée d'ottomans et de combattants venus de toute la Kabylie, les chassa définitivement. La Région sera alors partagée entre les turcs qui s'installent à Béjaia et les Beni Abbès qui contrôlent , à partir de la Qalâa , tout l'arrière pays et les montagnes . Les relations entre ces 2 entités vont connaître des périodes alternées de guerre et de paix jusqu'au départ de Dey Hussein et l'arrivée des Français. Si la ville de Béjaia , en raison de sa position stratégique conquise dès 1832 après une farouche résistance, il faudra attendre 1852 pour que toute la région soit momentanément soumise. En 1871, les populations se révoltèrent sous la double bannière des Cheikhs Aheddad et El Mokrani . En mai 1945, les populations de Souk El Tenine et Kherrata participent activement au soulèvement populaire qui verra l'armée coloniale commettre l'un des pires génocides que l'humanité ait connu. La population de Béjaia et sa région se distingua par sa combativité durant la guerre de libération nationale. Le 20 août 1956, le village d' Ifri Ouzellaguen , abritera le Congrès de la Soummam , une réunion de chefs historiques de la Révolution , considérée comme un tournant décisif dans la marche du pays vers l'indépendance en 1962 ....