Qu'il est loin le temps où le nom Tigditt, se confondait avec celui de Mostaganem dans l'histoire lointaine et contemporaine. Tigditt a été le creuset du militantisme avec la fameuse troupe de scouts Algériens « Es-saïdia » d'où sont partis les premiers révolutionnaires, les fondateurs du Théâtre amateur, les grands musiciens, écrivains et poètes du « Chîr el Malhoun ». Tigditt est en train de tomber en ruines et elle se meurt dans les promesses non tenue et la colère contenue. La question qui se pose et repose constamment est : jusqu'à quand le citoyen Mostaganemois continue de regarder et voir Tigditt agoniser et mourir à petit feu. Les murs de ses vieilles bâtissent, se lézardent, s'effritent pour offrir au regard des symboles de culpabilité de ceux qui passent et qui n'ont rien fait. Tigditt, c'est un passé chargé d'histoire, un présent avec lequel on continue à vivre malgré tout mais c'est aussi, un avenir qui sera le grand témoin implacable d'une citée séculaire. Séparée par l'oued Ain Sefra, Tigditt continue de souffrir en faisant face à la ville nouvelle, européenne, beaucoup plus cossue et bourgeoise. Pendant l'occupation coloniale, personne n'oubliera que le nom de Tigditt, invoque qu'elle est l'abri, le gîte et le refuge des pauvres et des opprimés. Voilà plus d'un demi-siècle que Tigditt attend sa réhabilitation et combien de Wali ont fait des promesses. Que de consultations et d'Etudes ont été faites, nous dit-ont mais, le concret demeure absent ; le palpable, en termes de bonne volonté à restaurer fait défaut. Il ne se passe pas un jour où l'on n'évoque pas Tigditt, cette « casbah Mostaganemoise », jadis fière et altière. Dès 2011, des informations avaient signalé que des rapports d'expertise auraient été remis aux autorités, avec des conclusions sans équivoque qui disaient, en substance que : « les habitations doivent être évacuées en urgence ». On peut comprendre que les habitants de Tigditt sont en danger de mort et cette menace permanente les fait vivre dans l'angoisse. Le constat est amer car rien ne vient apparemment et le calvaire persiste. Mostaganem, la ville européenne, moderne cache à la vue, la vieille ville autochtone devenue « quartier presque mal famé » avec ses maisons qui tombent en ruine, une à une. Ses jeunes, sont atteints par un chômage endémique et ne savent pas quoi faire en se sentant presque étrangers chez eux. Mais en attendant, Mostaganem se ruine en accumulant des ruines d'une « Tigditt » bafouée, oubliée. Le Derb « Tobbana » n'est pas en reste car lui aussi est concerné tant il a connu des démolitions volontaires pour éviter une occupation illicite par d'autres demandeurs de logements. C'est la seule solution de facilité qui a été trouvée par les autorités mais c'est la solution qui a fait mal à cette partie du patrimoine qui en contre-bas et à la lisière de « la ville moderne ». La lutte contre le temps, et la laideur de ce faubourg a déjà commencé par des plaintes et des complaintes devenue inaudibles. Il semble plus facile de verser dans la facilité quitte à sacrifier l'histoire, la culture et la fierté d'un passé qui ne veut pas quitter le présent. Pour avoir une idée, descendez le long du « Bordj Mhal », la prison civile, allez sur le pont de la rue du pont et regardez autour de vous....