Depuis la révolution industrielle au XIXème siècle, l'énergie est au cœur de la politique mondiale. Avec l'épuisement de ressources énergétiques fossiles conventionnelles des nouvelles stratégies énergétiques sont mise en lumière, tel que le développement des énergies renouvelables et l'exploitation des énergies fossiles non conventionnelles. L'Algérie est parmi les pays riches en énergies fossiles (conventionnelles et non conventionnelles) et les énergies renouvelables. Elle est le 18ème producteur mondial de pétrole. Elle occupe la 15ème place mondiale en matière de réserves pétrolières. Dans son rapport mondial réactualisé sur les réserves de gaz et de pétrole de schiste de 42 pays, le département américain de l'Energie propulse l'Algérie à la 3ème place mondiale par ses réserves de gaz de schiste, avec 22 500 milliards de m3. La politique énergétique que l'Algérie adopte pour l'ère post-pétrolière repose sur deux volets contradictoires, le premier est celui du développement des énergies renouvelables et propres dites amie de l'environnement, le second volet est l'exploitation de gaz de schiste qui est une véritable source de pollution. Physiquement et chimiquement, rien ne différencie un hydrocarbure non conventionnel d'un hydrocarbure conventionnel : il s'agit toujours de pétrole (hydrocarbure liquide) ou de gaz (gaz naturel, principalement composé de méthane CH4). Le classement d'un hydrocarbure dans l'une ou l'autre catégorie tient aux conditions d'accumulation de cet hydrocarbure dans le sous-sol et aux types de technologies à mettre en œuvre pour l'en extraire. L'industrie pétrolière nomme conventionnels les gisements contenus dans des roches poreuses et perméables et dont l'exploitation est relativement facile ; elle nomme non conventionnels tous les autres, la limite entre les deux notions évoluant cependant au cours du temps avec les progrès de la technologie : dans toutes les industries, ce qui était hier technologie de pointe peut être aujourd'hui méthode de routine. Le gaz de schiste en Algérie Le gaz de schiste est un gaz naturel contenu dans des roches sédimentaires argileuses, situées entre 1 et 3 kilomètres de profondeur, qui sont à la fois compactes et imperméables. Il y est emprisonné en petite quantité et dispersé sur de grandes surfaces, dans un volume de roches conséquent. Les réserves de gaz de schiste identifiées en Algérie se situent dans sept (7) bassins : Mouydir, Ahnet, Berkine Ghadamès, Illizi, Timimoune, Reggane et Tindouf. L'objectif annoncé du gouvernement, une production de 60 milliards m3 /an qui se traduirait par le forage de 12.000 puits sur une durée de 50 ans. Deux technologies permettent d'obtenir des productions viables : 1- Le forage horizontal qui augmente la section productrice de chaque puits (par rapport à un forage vertical) 2- La fracturation hydraulique contrôlée qui permet d'améliorer la perméabilité de la roche Ces techniques sont connues de l'industrie et également utilisées en production conventionnelle. Les quantités de gaz extraites de chaque puits sont limitées, nécessitant un nombre important de puits pour une production significative.
Les impacts de l'extraction de gaz de schiste 1- Pollution de l'eau et des nappes phréatiques : Le principal problème de l'exploitation des gaz de schiste tient dans la consommation d'eau, mais aussi dans les risques de pollution. Un puits de gaz de schiste, c'est 20000 m3 d'eau douce par fracturation. Un même puits peut être "fracté" plus de 10 fois, soit au moins 100000 m3 pour certains. Il faut retenir que pour avoir un milliard m3 de gaz, un million de m3 d'eau est définitivement perdu et plein de contaminants (600 produits chimiques) qui arrivent d'une façon ou d'une autre à la nappe phréatique. L'Algérie dispose, d'une nappe phréatique millénaire de plus de 45000 milliards m3. Toutes les oasis du Sud vivent de cette source et on contaminerait toute vie au Sahara qui est un écosystème. 2- Pollution de l'air : Outre la pollution de l'eau, les techniques d'extraction des gaz de schiste ont aussi un impact sur l'atmosphère, parce que les eaux de forages récupérées et stockées dans des bassins de récupération à ciel ouvert favorisent l'évaporation de composés organiques volatils qui entrent en contact avec l'air. Ces émissions entrainent une pollution chimique qui pourrait être dommageable pour la santé des populations. 3- Pollution de paysage : Les puits s'épuisant rapidement (productivité en forte décroissance à l'issue de la 1ère année de forage), il faut régulièrement en forer de nouveaux. Le premier puits foré en Algérie a donné "un bon résultat'' L'Algérie a lancé le forage de deux puits-test de gaz de schiste à In Salah et les premiers résultats sont « exceptionnels ». « Le premier puits a donné un résultat meilleur que n'importe quel puits américain », avait indiqué Abdelmadjid Attar, consultant en énergie, ancien ministre des ressources hydrauliques et ancien DG de Sonatrach, dans l'invité du direct de RadioM. Chiffre à l'appui, M. Attar affirme que ce puits-test produit 165.000 m3 de gaz par jour sur une durée de vie de 18 mois. « C'est exceptionnel, il produit plus que les puits conventionnels », avait-il précisé. Pour M. Attar qui soutient que le potentiel du gaz de schiste pourrait être un « appoint » et non une rente, estime le volume de cette production à 14 milliards de m3 de gaz de schiste en 2030, affirmant que le début de production ne pourrait être envisagé avant 7 ans, soit à partir de 2025. Conclusion Nombreux sont les impacts de l'extraction de gaz de schiste, sur la nappe phréatique et l'eau, sur l'air, sur le paysage, sur la santé .... L'exploitation durable des carburants fossiles non conventionnels (gaz de schiste) est impossible puisqu'ils ne durent pas, par définition. Le gaz de schiste est loin d'être sans conséquences ! Pourtant, les industriels considèrent cette nouvelle ressource comme une solution face à la crise énergétique. Mais les dommages ne prendront-ils pas le dessus sur les bénéfices ?