A une semaine de la fête de l'Aïd El Adha, les marchés à bestiaux et les divers points de vente de moutons de la wilaya d'Oran n'attirent plus les acheteurs comme auparavant, du fait que les pères de famille préfèrent attendre les tous derniers jours pour tenter de dénicher une bête dont le prix reste abordable. Les prix déclarées par les maquignons ne paraissent plaire à personne, ils dépassent tout entendement et frôlent l'invraisemblable en allant de 35.000 à 75.000 dinars ! Du jamais vu et du jamais entendu. Actuellement et dans l'ensemble des points de vente des 26 communes que compte la wilaya d'Oran, le prix d'un mouton tout juste moyen est cédé à pas moins de 40 000 dinars nous dit un potentiel acheteur accosté au marché à bestiaux de Hassi Bounif. Effectivement, les acheteurs ne s'emballent pas, ils attendent encore quelques jours pour jauger le marché à sa juste valeur. De Misserghine, en passant par Boutlélis jusqu'à Ain El Beida, et dans toutes les localités de la wilaya, l'appréhension est la même : «Nous avons peur d'approcher les vendeurs, ce ne sont pas les éleveurs qui s'occupent de la vente, ce sont surtout des revendeurs, aujourd'hui, tout le monde devient maquignon», dit un autre citoyen. En tout cas, pour le moment, les prix varient entre 35 000 dinars et 75 000 dinars. Ce qui est loin d'être à la portée des bourses moyennes : « de nos jours, il est difficile de séparer le bon grain de l'ivraie, de bon matin, les spéculateurs achètent toutes les bêtes susceptibles d'attirer les clients et flambent les prix, ils gagnent parfois plus de 10 000 dinars par tête», souligne un autre habitué des lieux. De leur côté, les vrais éleveurs se plaignent eux aussi : «Si nous avons tant souffert pour élever nos moutons, nous constatons aujourd'hui que ces spéculateurs gagnent plus que nous, à part, quelques tenaces qui résistent à leur offres dérisoires qui paraissent tout de même alléchantes pour la plupart de nous autres naïfs, ils sont les maîtres des lieux», explique un éleveur de Gdyel qui tenait quatre bêtes bien engraissées. Et de poursuivre : «Même les moutons qu'on ramène des régions steppiques bloquent en quelque sorte nos bêtes locales, les maquignons les bradent et cassent les prix, parce qu'ils n'ont rien déboursé pour les engraisser, d'une part, d'autre part, cela rentre dans leur stratégie de nous amener à leur vendre aux prix qu'ils voudront, c''est une concurrence déloyale». A noter que pour cette année, la demande s'annonce plus forte que les précédentes, car, nous dit-on, certains marchés à bestiaux, notamment des bovins suspectés d'être atteints par la fièvre aphteuse, sont fermés, et le sacrifice collectif, l'alternative pour contourner la hausse des prix des ovins, est sérieusement compromis. Dans la région Est d'Arzew le mouton est cédé entre 34.000 da jusqu'à 70.000.da et qui dit mieux. D'ailleurs, jusqu'au jour d'aujourd'hui, beaucoup restent réticents : «Je ne crois pas que je puisse sacrifier une bête cette année, avec l'érosion du pouvoir d'achat, et la rentrée scolaire à nos portes, il est peut être plus sage de se contenter de quelques kilos de viande de chez le boucher», nous confie Kader, un agent de sécurité dans une usine privée. Cela étant, ce rituel religieux qui coïncide avec bon nombre d'autres événements dépensiers baisse la fièvre acheteuse dans les marchés.