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CHEF HISTORIQUE DE LA REVOLUTION : Il y a 27 ans, Boudiaf tombait sous les balles assassines
Publié dans Réflexion le 29 - 06 - 2019

L'Algérie a commémoré, hier le 27e anniversaire de l'assassinat en direct à la télévision du président Mohamed Boudiaf. Ayant dirigé l'Algérie du 16 janvier 1992, date de son retour au pays à l'appel de la mère patrie, au 29 juin 1992, Mohamed Boudiaf, de son nom de guerre Tayeb El-Watani, restera à jamais celui qui a pu en un temps très court rendre espoir à une jeunesse algérienne avide de liberté, mais surtout de considération.
27 ans après la mort de Tayeb El-Watani, le mystère demeure entier sur les véritables commanditaires de ce crime politique, et ce n'est surtout pas ce procès du sous-lieutenant du groupe d'intervention spécial (GIS), Lambarek Boumaârafi, le tueur présumé, qui pouvait contribuer à faire éclater la vérité. Même la commission d'enquête gouvernementale instituée à l'époque pour faire la lumière sur cet assassinat politique avait, d'ailleurs, retenu la thèse de "l'acte isolé" motivé, avait-elle expliqué, par des considérations religieuses du garde. L'opinion publique n'en saura donc pas plus sur un crime qui a tant ému les Algériens, eux qui ont découvert en Mohamed Boudiaf une personnalité nationale attachante qui a su s'adresser à eux dans un langage direct, sincère, naturel et sans fioritures comme ils n'en ont jamais entendu par le passé. Le crime s'ajoutera donc à la longue liste des assassinats politiques que le régime algérien continuera de traîner comme un boulet et pour longtemps encore. Son livre Où va l'Algérie ? qu'il avait édité en 1964 déjà reste d'une brûlante actualité, aujourd'hui que le pays traverse une des phases les plus critiques de son histoire.
Les autres Nations nous ont dépassé par la Science… et l'Islam…», telle était la dernière phrase de Mohamed Boudiaf, ce néfaste 29 juin 1992, à Annaba, quand le système sangsue qui n'a pas fini d'absorber le sang du peuple algérien, avait fait couler le sang de Si Tayeb El Watani. Où Va l'Algérie ? Un poète algérien inconnu a dédié à ce grand homme un poème où il lui dit : «Mohamed est ton nom, et celui du prophète,» «Où va l'Algérie est toujours une devinette.»
Effectivement, la question «où va l'Algérie?», posée par Boudiaf en 1963, dans son livre « Où va l'Algérie ? » est toujours d'actualité, avec malheureusement l'impression que le sang est devenu le corollaire de l'histoire de l'Algérie contemporaine. En effet, quelques mois seulement après l'indépendance, soit le 11 avril 1963, Mohamed Khemisti, Ministre des Affaires Etrangères, était lâchement assassiné par un homme armé, à la sortie de l'édifice de l'Assemblée nationale.
Il succombe à ses blessures le 4 mai. Entre-temps, dans son discours prononcé le 20 avril 1963, à la Wilaya d'Oran (préfecture à l'époque), le Président Ben Bella déclarait : «Je peux vous dire que l'enquête a démontré qu'il n'y a rien derrière cet acte, et que la Révolution continuera même si Khemisti venait à mourir». Khemisti était parti. Le système qui l'a assassiné est toujours là. Il a changé d'hommes, il a changé de méthode, il a changé de couleur mais il ne peut pas changer de nature ; une nature basée sur le principe de cruellement nuire au peuple.
Ben Bella est écarté par Boumediene. Il lui reproche d'avoir accaparé tous les pouvoirs. Mais, Boumediene issu – lui aussi – du système installé, change de discours, change de méthode, mais tombe – lui aussi – dans le même piège, celui d'accaparer tous les pouvoirs. Ce piège est en fait tendu par le système de «l'Indépendance confisquée», comme l'appelait Ferhat Abbas.
Boumediene prend le pouvoir et travaille dans le sens des intérêts de «l'ennemi d'hier, l'ennemi d'aujourd'hui», comme l'a dit Boudiaf, juste quinze jours avant «l'acte isolé».
Chadli arrive. Il ouvre les caisses de l'Etat au peuple ; c'est le premier piège. Car ce n'est pas le peuple qui en profite. Le peuple n'a droit qu'à des miettes. La bourse, la vraie, est accaparée par le système. Ce même système sangsue qui a imposé Chadli change de méthode. Il inonde le marché de produits importés. Beaucoup de bananes et de gadgets. Les bananes sont bonnes certes, mais il faut être très prudent avec les peaux de banane. La première peau de banane sur laquelle devait glisser Chadli et toute l'Algérie avec lui, c'était de nommer Larbi Belkeir comme son Directeur de Cabinet, qui de sa tour infernale, devint le «vrai patron» de l'Algérie.
Commencent alors toutes les manigances contre le pays, manigances et complots dont les plans et les instructions venaient d'ailleurs. Les gadgets de Chadli, les Toyota, les produits électroménagers, maintenant disponibles, à cette époque saignent les caisses de l'Etat. Le spectre de la pauvreté hante les foyers algériens. Les caisses se vident. Abdelhamid Brahimi choisit ce contexte pour nous révéler que la bagatelle de 26 milliards de dollars s'est évaporée dans l'air.
Et alors l'air devint malsain. La Jeunesse, toujours mise à l'écart depuis 1962, grouille. C'est le 5 octobre 1988. 26 ans après l'indépendance, la jeunesse algérienne se fait tuer dans les rues d'Alger, par des balles algériennes. Une révolution pacifique. Mais comme l'a si bien dit l'ex-Président américain J.F. Kennedy : «A vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes».
1989 arrive. On passe du vieux Parti Unique, le FLN, à 63 Partis politiques. Et c'est dans ce contexte que le système crée le Hamas (algérien) pour contrer le FIS, et crée le RCD pour contrer le FFS. Ensuite, c'était au tour du RND d'être créé, juste pour amuser la galerie et taquiner le FLN. Ce cinéma fait alors dire au regretté Da Slimane Amirat : «Si j'avais à choisir entre la démocratie et l'Algérie, je choisirais l'Algérie.» Entre-temps, les islamistes vont vers le peuple. Ils adoptent un discours anti-pouvoir. Le peuple est charmé ; non pas parce qu'il venait de découvrir l'Islam, mais parce que les islamistes avaient su tenir au peuple le discours qu'il souhaitait, à savoir traiter le pouvoir de mécréant, de corrompu, d'assassin, etc.
Dans ce contexte, le pouvoir, le peuple, et même les observateurs étrangers tombent dans le piège. C'est le deuxième piège, celui de faire croire au monde que les Algériens veulent un islam politique. C'est le feu et le sang et les larmes… Mais Boudiaf, même dans son exil, Boudiaf, l'Homme de Novembre, celui-là même qui a toujours compris l'âme du peuple algérien, comprend et devine dans quel gouffre allait tomber l'Algérie. Il reste imperturbable et ne tombe pas dans ce piège. L'Armée qui a arrêté le processus électoral cherche une sortie. Elle pense à Mohamed Boudiaf.
C'est le troisième piège. En effet, le système pensait que Boudiaf, âgé, déconnecté des réalités algériennes, n'ayant aucun appui à l'intérieur de l'Algérie, était la meilleure poupée pour continuer à jouer dans la Cour des Miracles. Boudiaf découvre le pot-aux-roses et dénonce publiquement la mafia politico-financière. Hadj Bettou est arrêté la main dans le sac. Boudiaf découvre alors et aussi que dans les camps du Sud attribués à Boudiaf mais qui en fait ont été créés par Larbi Belkheir, (arrêté ministériel au Journal officiel), ces mêmes camps du Sud détenaient également des adhérents au RCD. Des élections sont organisées. Boudiaf est sûr que les islamistes allaient l'emporter.
Non pas parce qu'ils ont un projet de société qui a séduit le peuple, mais parce que tout simplement, ils ont su tenir au peuple le discours qu'il voulait de toute son âme entendre. Le 29 juin arrive. A 13h10 la télévision algérienne montre un cadavre. Celui de Mohamed Boudiaf. C'est «l'acte isolé». Une pièce théâtrale tragicomique. Tragique parce que le peuple avait perdu l'espoir. Comique parce que l'acte isolé fait rire même les enfants.
Dans son court séjour à la tête de l'Etat algérien, Boudiaf découvre les gens retors placés au plus haut sommet de l'Etat. Il s'adresse au peuple dans un langage clair et net. Le peuple le suit. Il croit en lui. Il commence à renouer avec l'espoir, parce que Boudiaf partageait la sagesse de Confucius quand il disait : «Le peuple sera soumis si vous promouvez des gens droits pour les placer au-dessus des retors ; dans le cas contraire, il ne le sera point».
Au-delà de tout, le nom de Mohamed Boudiaf demeurera à jamais lié à l'œuvre libératrice du peuple algérien. Militant de la première heure et figure historique de la Révolution algérienne, Tayeb El-Watani avait, en effet, participé à toutes les phases liées au déclenchement de l'action armée contre la France coloniale. Il avait d'ailleurs fait partie du fameux Groupe des 22 qui avait décidé du déclenchement de l'action armée quelques mois seulement avant le 1er Novembre 1954. Il faisait partie de la délégation de cinq responsables de la Révolution (avec Ben Bella, Khider, Lacheraf et Aït Ahmed), dont l'avion civil marocain qui devait rallier le Maroc au sol tunisien avait été détourné de sa trajectoire par l'aviation coloniale. Il avait été libéré, avec ses compagnons de lutte, le 18 mars 1962 après la signature des accords d'Evian.
Condamné à mort en 1964 par le régime de Ben Bella, il quitta l'Algérie pour s'installer au Maroc, après un séjour en France. Et ce n'est qu'en 1992 qu'il regagna le pays après l'arrêt du processus électoral et la démission du président Chadli Bendjedid pour présider le Haut-Comité d'Etat.
Et c'est en tant que tel qu'il fut assassiné alors qu'il prononçait un discours à Annaba, en direct à la télévision.


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