Des dizaines de propriétaires de ‘'bennes tasseuses'' d'entreprises privées de collecte d'ordures, ont observé un sit-in devant la trésorerie communale d'Oran, barrant la route de la rue Kerras Ahmed au centre-ville avec leurs camions ‘'bennes tasseuses'' durant toute la journée. Les camions en question étaient stationnés tout le long de la rue Kerras Ahmed, leurs propriétaires voulaient exposer leurs problèmes aux services concernés liés au paiement de leurs créances. Sur place, les propriétaires concernés s'inquiétaient sur leur avenir : «nous avons entendu des rumeurs faisant état que la DHA allait peut être transformée en Epic et son parc serait renforcé, cette démarche mettrait fin à notre activité, nous demandons le paiement de nos créances qui datent de 2014 et 2015 pour quelques entreprises de collecte et également celui immédiat des créances de cette année à raison de 1700Da/T, sans taxes comme mentionnés dans l'appel d'offre » nous dira l'un des propriétaires. Un autre ajoutera : «nous avons des impôts et des créances à payer à la CNAC et l'ANSEJ, il y'en a marre des promesses » Les concessionnaires ont demandé l'intervention du wali d'Oran. Notons que cette grève s'est répercutée négativement sur la collecte habituelle des ordures notamment au centre-ville, ou les poubelles débordaient de détritus hier matin. Ces centaines d'entreprises privées de ramassage d'ordures conventionnées avec la commune d'Oran ne comptent pas reprendre leurs activités de sitôt. "La commune n'a pas respecté les termes du contrat qui nous lie. Nous nous sommes entendus sur 1700 DA la tonne ramassée et, aujourd'hui, on apprend que l'APC a décidé unilatéralement de réduire le montant à 1500 DA. Nous ne sommes pas d'accord et nous demandons le respect du contrat initial et le paiement de nos arriérés", exigent, documents à l'appui, les concessionnaires dont les engins étaient stationnés devant le siège de la trésorerie communale du centre ville d'Oran. Selon les manifestants rencontrés sur place, pas moins de 85 concessionnaires observent le débrayage depuis hier, ce qui explique la multiplication des décharges dans l'ensemble de la wilaya, au grand désespoir des citoyens qui ne savent plus comment gérer les déchets ménagers. Dans le centre-ville comme en banlieue, les monceaux d'ordures débordent des bacs, occupent les trottoirs et submergent parfois une partie de la voie automobile. "Les ordures ne quittent plus nos trottoirs, et j'ai même vu des chiens errants y farfouiller pendant la nuit. Les autorités doivent réagir et vite", s'inquiète une habitante de la commune de Belgaïd en craignant l'apparition de maladies liées au manque d'hygiène. Pour les concessionnaires grévistes – dont beaucoup disent avoir créé leurs entreprises par l'entremise des dispositifs d'aide aux jeunes comme l'Ansej – la faute en incombe aux gestionnaires communaux qui n'honorent pas leurs engagements. "Certains parmi nous détiennent des créances qui remontent à 2014 et 2015. Malgré tout, nous avons continué de travailler, mais il y a des limites à tout !", s'est emporté un manifestant en dénonçant également l'interdiction qui leur a été récemment faite d'opérer une rotation au lieu des deux stipulées dans le contrat. "Il y a un sérieux problème de gestion au niveau de la commune. Regardez comment les éboueurs sont considérés dans les pays développés et comparez au mépris avec lequel nous sommes traités", regrette un gréviste. Selon les manifestants, "seulement 25 camions font face aux énormes quantités d'ordures générées tous les jours". Bien entendu, ce sont les quartiers de la banlieue qui en font les frais, puisque la priorité est donnée au centre-ville dont l'aspect était complètement défiguré, lundi matin, avant le passage des camions en début d'après-midi. Cette énième grève des éboueurs d'Oran remet sur le tapis l'incapacité évidente des autorités locales à gérer un dossier que l'on promettait de fermer définitivement, il y a plusieurs années. En 2011, faut-il le rappeler, l'Agence nationale des déchets (AND) avait lancé une étude pour établir un état des lieux précis de l'outil de gestion de collecte des déchets ménagers. Nous ignorons si l'outil a été effectivement mis en place, mais nous savons que la situation n'a pas vraiment changé pour la capitale de l'Ouest qui n'arrive décidément pas à se défaire de ses déchets.