La foire « Spécial Chaabane », ouverte il y a quelques jours, et qui va durer jusqu'au 10 août courant, au palais des expositions de l'EMEC, continue de faire le plein de visiteurs venus d'Oran et des quatre coins de la région Ouest du pays. « Une bonne initiative » selon certaines ménagères pour qui le ramadan nécessite de faire des provisions particulières pour accueillir le mois sacré. Une tradition séculaire chez les Oranaises qui se préparent comme pour une fête grandiose qui s'étendra sur une bonne trentaine de jours. C'est la ruée sur la vaisselle. Il faut acheter des ustensiles neufs qui seront inaugurés dès le premier jour. On a besoin aussi d'épices, de douceurs, etc. Durant ce mois de toutes les envies. Pour se faire plaisir pendant les repas de ramadan. Ces produits sont proposés en grande quantité par des exposants venus de tout le pays, Mostaganem, Sidi Bel-Abbès, Constantine, Alger…et de l'étranger comme l'Inde, la Palestine, l'Iran, la Syrie, etc. qui exposent aussi des vêtements locaux, des chaussures, des parures et bien d'autres produits exotiques qui trouvent preneurs. On se rue sur tout avec une certaine frénésie. C'est comme pour se préparer à se « venger » de la journée de jeûne, qu'on s'acharne à vouloir se rattraper le soir sur les privations du jour en faisant bombance. Par ailleurs, les centaines de consommateurs qui se présentent quotidiennement donnent libre cours aux achats de toutes sortes ; comme pour soutenir un siège, comme si on se prépare à affronter une période de longue pénurie. Le marché de Mdina Jdida, envahi quotidiennement par les consommateurs, connaît une plus grande affluence, une véritable ruée depuis quelques temps déjà sur les produits, dans les magasins et ceux étalés à même le sol par les vendeurs à la sauvette qui offriraient des prix meilleures, selon certains. Tout est raflé par les acheteurs qui ne comptent pas. Et le marché emblématique de Mdina Jdida, sous la bienveillante protection de Sidi Blel, saint patron du quartier, n'a pas empêché les exposants de la foire, située à proximité, de réaliser de bonnes affaires. Ils proposent des épices de tous les parfums et de toutes les couleurs. Les étals regorgent de sucreries, de pâtisseries orientales, et autres gâteries particulièrement prisées pendant la période de ramadan durant lequel de très nombreux jeûneurs se découvrent des envies, réservées généralement aux femmes en état de grossesse. Ainsi, mêmes les ménages aux ressources très limitées ne se privent pas pendant ce mois, quitte à s'endetter. De nombreuses femmes se pressent chaque matin devant l'entrée, devant la BDL (banque de développement locale) du centre ville pour mettre leurs bijoux au clou pour, à défaut de s'offrir des repas gargantuesques, améliorer l'ordinaire pendant le ramadan. « Un véritable paradoxe : « c'est pendant le mois de jeûne qu'on consomme le plus », s'est exclamé un visiteur rencontré à la « foire spécial Chaabane ». Mais les gens n'achètent pas seulement des victuailles. Ils emportent également des tapis, des meubles, des poufs, des fauteuils et, bien sûr, l'incontournable vaisselle. Un peu de tout ce qui se vend à l'intérieur de cette enceinte visitée, selon certaines estimations, par quelque 80.000 personnes, et qui ne craint pas, mais alors pas du tout, la concurrence exercée par l'immense marché de Mdina Jdida. Les visiteurs se rendent de l'un à l'autre de ces deux lieux et comparent les rapports qualité-prix avant de se décider. Mais c'est sûrement au niveau de la foire qu'on découvre de nouveaux produits proposés par les exposants étrangers. Notamment de nouvelles saveurs dont on se délecte avant de les avoir goûté, en pensant aux merveilles qu'on va s'offrir le soir, à la rupture du jeûne.