Aller au bain maure, il n'y a pas si longtemps, n'était pas considéré comme une simple habitude, mais relevait bien de l'usage hygiénique, si bien entretenu par tous, depuis toujours pour purifier l'âme et le corps. Or, ces bains maures, quelque peu déclassés malheureusement par les douches collectives, et a la cadence où vont les choses, sont en train de dépérir au fil du temps, évolution sociale oblige, à plus d'un titre. En effet, dans le décor, du vieux quartier d'El Graba, comme des tailleurs, le four Bahal, les Tisserands, le maréchal ferrant et les cordonniers, le hammam en faisait partie prenante. Et celui qui était propriétaire d'un bain maure était considéré dans le coin comme aisé où à cette époque pour dire qu'on n'est pas riche on disait « je n'ai pas un hammam ». Au sein d'El Graba, il y avait plusieurs bains maures sous différentes appellations de Hammam Lalout, Bouziane, Benchiha, El Djedid, Sekkal, Mami et Boukria, où le soir venu, certains étaient convertis en dortoirs pour les gens de passage ou ceux attirés par le marché à bestiaux du mercredi assez réputé dans la région à ce jour. Et, actuellement, ne subsistent que quelques uns, car économiquement gérer un bain maure n'est plus rentable avec les charges y afférentes assez élevées, notamment l'électricité, le gaz pour chauffer la chaudière, le personnel, devait nous confier un ancien propriétaire rencontré dans un café de la tahtaha. Après cette diminution du nombre, certains établissements furent carrément transformés en locaux commerciaux ou en habitations, à l'image de celui de Benchiha Boucif. Et les seuls qui résistent encore à El Graba sont exclusivement réservés aux hommes. Mais par le passé, la journée était réservée à la gente féminine, jusqu'à 17 heures, qui occupait les lieux avec leurs enfants ou en groupe, avec en prime les affaires du petit commerce (vente d'effets vestimentaires et Bijoux), une pratique d'antan inscrite dans les usages de la cité qui a presque tout perdu de son passé historique, Hélas ! Aussi, les hommes qui continuent de se délasser dans les bains maures c'est par une simple habitude de nos jours où des chefs de familles y vont, généralement le jeudi, accompagnés d'enfants, et l'eau chaude qui coule à profusion purifie l'âme et le corps avec en prime un massage revigorant, après une semaine de labeur. Samedi à Sidi Bel Abbés, au vu de l'affluence régnante les vendredis, l'on peut, d'ores et déjà, dire que le bain maure n'est pas totalement mort mage le grand nombre de douches existantes à travers la cité du petit Paris d'antan.