Le choc de l'interdiction du crédit à la consommation (LFC 2009), n'a pas encore été totalement absorbé par le marché de l'automobile en Algérie. Mais le gros de l'ajustement parait s'éloigner à comparer les 16,5% de baisse des importations pour les 9 premiers mois de 2010 au 23, 7% de baisse en 2009, encaissés sur le seul dernier trimestre. Mieux encore, ou pire du point de vue du gouvernement, les ventes des voitures neuves se redressent depuis août dernier. La barre symbolique des 300 000 importations pourrait être passée à nouveau dès cette année. La quarantaine de distributeurs automobiles qui travaillent en Algérie est peut être entrain d'apercevoir le bout du tunnel après deux années très dures. Les ventes des voitures neuves sont reparties à la hausse en comparaison année sur année. C'est le mois d'août 2010 qui sonne le retournement comparé au mois d'août 2009, celui de la loi de finance complémentaire (LFC) par laquelle le cauchemar des vendeurs est arrivé : 21,8% de hausse sur un panel représentant 80% du trafic chez les concessionnaires, selon le baromètre de la revue Motors Magazine. Le redressement s'est poursuivi en septembre avec 44,54% de hausse des ventes chez les 20 plus importants concessionnaires sur 34 enregistrés. Les chiffres du CNIS (Douanes) qui suivent les importations corroborent la tendance. Après avoir essuyé une très forte baisse sur une année, passant de 352 315 véhicules importés en 2008 à 269 018 en 2009, le marché pourrait bien boucler l'année 2010 en hausse avec une prévision de clôture de 302 000 véhicules importés. Le marché n'aura pas retrouvé le niveau record des importations de 2008, mais l'effacement de la baisse d'août 2009 à août 2010 pourrait s'accélérer, le retour des bonnes ventes déclenchant dans un cycle décalé d'un semestre, la hausse des importations. Les ventes n'ont d'ailleurs baissé que de 7,1% durant les 9 premiers mois contre les 16,5% des importations sur la même période, les concessionnaires ayant répercuté dans le prix de vente une partie des charges hors valeur à dédouaner, notamment les frais logistiques liés à la délocalisation depuis le 1er octobre 2009 des points d'entrée des voitures importées du port d'Alger vers ceux de Djendjen, Mostaganem et Ghazaouet.L'entrée du marché de la voiture neuve en convalescence n'est pas vraie pour tous les concessionnaires. « Je pense que le marché est entrain de changer. Il diminue pour les uns et évolue pour les autres » affirmait à Motors Magazine, l'été dernier, le DG de Sovac distributeur en Algérie des marques du groupe Volkswagen, l'allemand Dirk Joerk. Cela se précise. Les concessionnaires qui distribuent des marques à fortes identités, qui ont des liens privilégiés avec leurs constructeurs (Sovac, Toyota, Nissan…) ou qui, encore mieux, sont des filiales du constructeur (Renault, Peugeot..) sortent plus vite du tunnel. Dans le top ten des marques en septembre 2010, toutes les marques ont quasiment rebondi par rapport au même mois en 2009. La plupart des marques chinoises et des belles marques européennes (FIAT et Citroën par exemple), au réseau sous dimensionné en Algérie, ont eu, par contre, plus de mal à repartir. Si le bilan, côté distributeur, est encore contrasté en dépit de l'amorce d'une reprise du marché des ventes du neuf, celui du gouvernement l'est encore plus.Ahmed Ouyahia, le premier ministre, artisan en chef de la mesure, cherchait à travers la LFC 2009 à contenir les importations et les nouvelles immatriculations plus rapides que la croissance du réseau routier et de l'avènement des transports collectifs. Les 21% de part de marché de vente du neuf adossée au crédit automobile ont disparu en 2009, mais la progression du marché est, déjà, de retour. La barre des 300 000 importations peut être passée à nouveau dès 2010. Les adaptations du marché ont été multiples, face à l'interdiction du crédit automobile, les banques ont proposé le leasing à des clients professionnels de plus en plus nombreux à s'équiper selon ce détour. Les importations des véhicules directement par les particuliers ont connu une légère hausse de 3,46% en nombre, passant à 15.293 unités pour un montant de 21,2 milliards DA les neuf premiers mois de 2010. Ajoutés à la taxe forfaitaire sur les véhicules neufs, les mesures du crédit documentaire obligatoire et la délocalisation sans préavis des points d'entrée des importations des voitures neuves ont créé une situation insolite au second semestre 2010 : les algériens achètent à nouveau de plus en plus de voitures plus chères à des distributeurs fragilisés pour les uns, encore sinistrés pour les autres.