Les ressources hydriques, le système sanitaire, la culture, la gestion des deniers publics et certains dossiers qui ont ébranlé quelques institutions publiques et des collectivités locales avec leurs dépassements et infractions à la réglementation ainsi que les fléaux sociaux tels la crise du logement et l'habitat précaire ont été abordés sans complexe et dans la transparence la plus totale par M. OUADAH Hocine, le wali de Mostaganem qui nous a accueillis en son bureau pour un entretien exclusif. C'est dans une convivialité inhabituelle que Réflexion a été accueillie par M. Ouadah Houcine, qui, disons-le, n'est plus le nouveau wali, mais le wali tout court. Il est dans le bain dans sa wilaya et s'imprègne aussi bien dans le terroir que dans sa modernité. Sans trompettes ni fanfare et même sans protocole, M. OUADAH a eu l'amabilité de nous entretenir exclusivement sur tout ce qui gangrène la Perle de la Méditerranée et ses trente-deux communes d'abord et sur ses intentions et projets ensuite. Inutile de ressasser ce qui a été dit sur la personne. Humilité, gentillesse, simplicité et autre chose aussi que nous ignorions l'appréciation des hommes à leur juste valeur. Il est avéré que l'homme ne déçoit pas et que le ouï-dire et l'écho de la rue ont raison. Après-midi de mardi 30 novembre 2010. Bureau du wali de Mostaganem. Le décor est sobre. Rien n'indique que le patron de notre wilaya règne ici. Pas un trait de luxure, pas un soupçon de faste. Aucun apparat. Dans le vif du sujet. Sans perte de temps, les dossiers chauds et qui tiennent à cœur passent au crible. Les daïras et communes de la wilaya ont bien accueilli M. le wali, mais comme nous le disions, non pas pour des visites de travail, mais pour un contact et une reconnaissance du terrain. Ce n'est que maintenant que le travail va commencer. Et d'une manière autre que celle qu'attendent les administrés et les élus. M. le wali se dit au courant de la situation qui prévaut sur son territoire. Il est confiant en ses chiffres, et son canevas d'approche et plan de travail sont déjà élaborés. Il arbore des cas concrets de gabegie comme le ferait un simple citoyen sauf que des mesures commencent à être prises et aussi tout en reconnaissant que beaucoup a été fait. Il y va du travail mal fait par les entreprises, par exemple dans le domaine de l'habitat, au mauvais suivi par les bureaux d'études et à la relève pure et simple du directeur du Logement et équipement publics-DLEP, qui comme chacun le sait n'a rien d'un homme de terrain. Le manque de rigueur dans le suivi a été source d'un désordre indescriptible. Dans le domaine de l'hydraulique, la wilaya doit s'estimer heureuse d'avoir un Directeur de Ressources Hydriques, DRH, dont les compétences sont avérées et qui a prouvé sur le terrain de quoi l'on est capable quand il s'agit de gérer une matière stratégique telle que l'eau. ‘'Le grand problème aujourd'hui, selon M. OUADAH, réside en ce manque de communication à tous les niveaux entre les responsables et le citoyen.'' Par responsable, il cite en particulier le maire et autres élus. Un exemple concret ? Pendant que des citoyens se plaignent à M. le wali, leurs problèmes étaient en cours d'être résolus sans qu'ils le sachent par les services de leurs communes et ces mêmes citoyens ne sont pas au courant des projets en cours. Et dans ce sens, M. OUADAH compte renforcer l'outil « communication » tout en appelant les élus à se rapprocher du citoyen. Prochainement, une visite de travail et nous le précisons « de travail », verra les directeurs de l'exécutif de la wilaya dans leur ensemble atteindre le moindre hameau ou douar pour rencontrer la population. La faiblesse des Assemblées Populaires Communales est avérée sur le plan technique et professionnel entre autres et c'est ainsi qu'elles doivent être accompagnées d'une administration forte. Et pour cela, en toute franchise et sans rien cacher, M. le wali rappelle que les cadres qui ne seront pas à la hauteur seront purement et simplement écartés. Parmi les grands points abordés par M. le wali, il a été question de la gare ferroviaire, un projet si cher aux Mostaganémois, l'entretien d'Oued Aïn Sefra et l'habitat précaire. M. le wali, comme commence à le connaître la population de sa contrée, appelle un chat, un chat et pas autrement. Le projet de la gare ferroviaire sera rétabli. Et nous rappelons que le train Mostaganem-Mohammadia a bien roulé et sifflé durant des décades avant qu'il ne tombe dans l'oubli. Et pourtant le Mostaganémois se déplaçait bien vers Alger, Béchar, Tiaret et Tlemcen par le rail. La crue d'Oued Aïn Sefra qui, rappelons-le est une faille sismique, a fait en 1927, le 27 novembre, près de 300 morts, emportant l'ancienne place Gambetta avec son square, ses arbres, et les maisons environnantes. Rien n'indique que l'hécatombe ne se répètera pas. Et c'est ainsi que M. le wali y a abordé le sujet, comptant sur le nouveau DRH, pour lancer une étude qui consistera s'il faut à curer l'oued ou à procéder à toute autre solution adéquate. La priorité et l'urgence sont de mise. ‘'Priorité aux cas graves et les commissions de distribution des logements sont là avec pour consigne de remettre à leurs places les opportunistes.'' L'habitat précaire. Clair, net et précis, M. OUADAH lance une mise en garde : « La baraque ne sera jamais un passeport au logement. » Par contre le vieux bâti lui tient à cœur et il cite la rue Abdellaoui, rue Plateau, Derb, Tabbana, Raisinville et autres lieux fragiles. Un grand programme est en cours pour reloger les familles et promesse est faite aux citoyens que tout sera mis en œuvre pour les satisfaire. Une seule demande est faite au citoyen de la wilaya de Mostaganem, s'armer de patience, car il ne sera ni lésé ni marginalisé. Priorité aux cas graves et les commissions de distribution des logements sont là avec pour consigne de remettre à leurs places les opportunistes. Les bidonvilles seront éradiqués et pour préciser que le dossier est maîtrisé, M. le wali est allé jusqu'à traiter du cas des deux bâtiments de Diar El Hana qui devraient être démolis après leur évacuation il y a de cela cinq ans. Ils seront démolis incessamment par une entreprise spécialisée et un projet sera étudié pour occuper leur terrain. Donc le panorama de l'horreur et de la débauche ne sera qu'un souvenir. Concernant la gestion des ressources hydriques, M. le wali est bien sensible au problème de mauvaise distribution et des fuites nombreuses et fréquentes. Chose rare, les données techniques ne lui sont pas inconnues. Pression, matière première, dimensions et matériel adéquat sont évoqués. Concernant certains « dossiers à scandales » qui ont noirci Mostaganem, telle la gestion catastrophique de certaines APC ainsi que l'Agence Foncière de Mostaganem-AFMOS, quelques établissements sanitaires, M. le wali est conscient de la gravité de la chose et il est clair comme l'eau de roche que certains responsables et élus passaient l'intérêt personnel avant l'intérêt national. Très au courant de la situation, il se dit qu'il va tout assainir et les sanctions vont tomber. Autre domaine, autre lieu. Une stèle érigée à Mostaganem face à la mer, dans un lieu féérique, à la gloire et la mémoire de ceux qui libérèrent l'Algérie se trouve après que son territoire fut conquis par la débauche, dans l'irrespect le plus total de ces valeureux libérateurs. En effet une salle des fêtes, en dépit de la réglementation en vigueur, tient lieu de sources de revenus aux dépens de la dignité du Moudjahid et du Chahid. Dans le même contexte, l'infraction aux cahiers des charges, il a été abordé le danger des hôtels érigés en trois et quatre étages au lieu de deux attentant à la conformité du bâti et le danger est réel en plus des dépassements outre les normes. Les espaces verts squattés dont celui qui fait office d'une bretelle vers les Urgences médicochirurgicales de Mostaganem, n'ont pas été omis. En effet, plusieurs projets ne figurent pas sur le plan de développement et d'urbanisation de la Ville-PDAU. Dans le même ordre à un terrain près, le squat du cimetière de Sidi Benhaoua de Mostaganem ne laisse aucun Mostaganémois indifférent ; même si le terrain n'est pas immense, il reste la propriété des âmes qui ne demandent que le repos en paix. « Prendre le taureau par les cornes », telle a été l'expression utilisée par le wali, alors qu'il abordait le chauffage des écoles primaires, l'internet au sein des établissements scolaires et les œuvres sociales de l'Education Nationale. Dans le domaine de la culture qui bat de l'aile, le musée, la maison de l'artisanat, le pôle culturel d'El Arsa, Bey Bouchlaghem, le théâtre de Verdure, le Fort de l'Est, il a été dit par M. le wali que des mesures appropriées seront prises afin de rendre à ces lieux leur authenticité historique et leur destination et finalité réelles. Toujours dans le même contexte, dans le domaine des arts et des lettres, il a été question du monument de la chanson chaâbie, M. Mazouz BOUADJADJ, qui mérite tous les égards, car comme chacun le sait d'autres figures qui ont fait la fierté de Mostaganem et sa région n'ont pas eu les mérites dus à leur grandeur. Et M. OUADAH se dit fervent mélomane et aime écouter le cheikh. Autre personne évoquée, M. Abdelkader MERABET. Auteur de pas moins de 56 livres et essais, ce militant de première heure, se retrouve marginalisé, alors qu'il a côtoyé trois prix Nobel pendant des années qui ont fait de ses recherches, des références aux plus avertis. Comme l'attendaient les citoyens à travers la wilaya de Mostaganem, dans les villes comme dans les douars et les hameaux reculés, M. le wali prône la transparence la plus totale avec pour mot d'ordre de servir les citoyens sur le même pied d'égalité et que nul n'est au-dessus des lois. En attendant, le départ sur de nouvelles bases, Réflexion se dit prêt à être un meilleur outil ouvert aux élus et à l'administration qui, soit dit, œuvrent pour le bien-être du citoyen dont les préoccupations hantent les colonnes de notre quotidien. Après un tel entretien, sans complaisance, il serait judicieux d'avouer l'impression que l'Algérie de demain est bien là.