Deux fellahs dans la commune de Touahria, en l'occurrence H.M et B.D, crient à l'arnaque. Ils s'estiment victimes d'un abus de confiance intolérable. Leur fournisseur habituel, leur a livré 60 quintaux de tubercules de plantation (SPUNTA), complétement avariés Les deux agriculteurs n'arrivent pas où se donner de la tête, ils se sentent floués par un fournisseur qui ne veut rien savoir. Les conclusions faites, par un expert agréé auprès de la Cour de justice de Mostaganem, sont indiscutables. Le constat est là. Les soixante quintaux de semence de la pomme de terre (SPUNTA), acquis auprès de la SARL-AGRO-SEMENCES de Mostaganem, objet de l'expertise sont avariés. Alerté, le fournisseur n'a rien voulu entendre selon les deux fellahs. La seule proposition qui leur est faite, aujourd'hui par ce dernier, est le remplacement de la semence par une autre, alors qu'il s'agit de la même qualité que celle achetée, tout aussi avariée et ne peut être plantée. Malgré les doutes persistants, les deux fellahs ont entamé l'opération de préparation du sol, en labourant correctement la terre, comme d'habitude, avec un apport de fumier. Et après avoir creusé un sillon d'une quinzaine de centimètres de profondeur, ils ont entamé l'opération de plantation sur des lignes distantes de 40 à 50 cm. De quoi prouver que nos agriculteurs ne sont pas des amateurs, ils connaissent et maitrisent parfaitement les techniques de plantation de la pomme de terre. Mais grande fut leur surprise, au bout de quelques jours seulement, il s'est avéré que les tubercules plantés étaient complètement avariés. La première superficie plantée qui est de l'ordre de 10 ares, est partie en fumée. Pour le reste de la semence qui se trouve actuellement en stock au niveau du magasin, est tout aussi avarié que la quantité plantée. C'est ce qui a dissuadé les deux fellahs à continuer dans cette opération de plantation qui devait concerner plus de cinq hectares. Le rapport établi par l'expert, estime que la quantité plantée ainsi que les 60 sacs de semence stockés au magasin sont avariés. Les conclusions de cette expertise, mettent en exergue les causes qui ont rendu cette semence avariée. L'expertise, met en relief la longévité du stockage au niveau des frigos. En termes clairs, la semence a été emmagasinée dans des frigos pour une période dépassant la normale. Il fait état de ‘'pourriture interne''. Donc, toute la quantité achetée auprès de la Sarl évoquée ci-dessus, est avariée. La question qui reste posée aujourd'hui, qui va indemniser ces deux fellahs ? En tout état de cause, le marché de la pomme de terre a toujours été le théâtre de malversations et de spéculation de filières très organisées, tant au niveau de l'importation que dans la distribution. Ce constat est plus particulièrement valable pour la wilaya de Mostaganem pour deux raisons. La première : toutes les quantités de tubercules de plantation ou de consommation, importées et destinées à toutes les wilayas de l'Ouest du pays, transitent par le port de Mostaganem, ce qui laisse conjecturer que certains partenaires étrangers avec la complicité d'acteurs nationaux, n'exportent parfois vers le pays que de la mauvaise qualité, sinon touchée par des avaries. La deuxième raison, la wilaya de Mostaganem connaît de plus en plus de surfaces maraîchères. D'ailleurs, le feuilleton de la pomme de terre avariée, a alimenté, il n'y a pas si longtemps, le débat public dans la capitale du Dahra. Dans un passé récent, le feuilleton de la semence de pomme de terre avariée en provenance d'Europe et exportée vers les ports algériens, a connu déjà une polémique à Mostaganem. Et grâce à la perspicacité des inspecteurs des végétaux et de la direction de la concurrence et des prix (DCP) qui, lors d'un contrôle de cargaisons dans les cales de bateaux, ont confirmé que les variétés de semence de la pomme de terre à bord du «Captain Mookeev» et le «Sea Trade» s'avèrent non conformes à la réglementation en vigueur, qui stipule qu'en cas de fausse déclaration ou d'anomalies sur un produit, peut constituer un danger pour la santé publique et l'on se doit de refouler le bateau et les marchandises qu'il transporte. De fait, 2 600 tonnes chargées à l'époque, à bord du «Captain Mookeev» et une partie de la marchandise de semences de pomme de terre à bord du «Sea Trade», soit 200 tonnes, ont été immédiatement refoulées par les autorités concernées vers l'envoyeur en France, ce qui conforte la thèse selon laquelle il y a bien eu une volonté réelle de flouer les autorités et les producteurs. Cette affaire reflète le peu de scrupules de certains opérateurs qui sont prêts à mettre en danger la santé du consommateur dans le seul objectif de faire du profit. Aujourd'hui, MM. Hachelaf Mohamed et Bendenia Djillali se réservent le droit disent-il, de porter cette affaire devant la justice afin qu'ils soient rétablis dans leur droit.