Six citoyens, butés par des conditions de vie extrêmement difficiles, ont tenté de se suicider par le feu à Jijel, à Bordj-Ménail, à Tébessa, à Mascara, à Oum El Bouaghi et à Mostaganem. Un est décédé des suites de ses brûlures et les deux autres sont gravement brûlés. Le premier acte. Aouichia Mohamed a tenté de mettre fin à ses jours en s'immolant, le 12 janvier dernier, dans l'enceinte du siège de la daïra de Bordj-Menaiel, à 30 km à l'est de Boumerdès ,agé de 41 ans, père de six enfants, Mohamed travaillait comme agent de sécurité à la daïra de Bordj-Menaiel. Exclu de la liste de bénéficiaires de logements sociaux dans sa localité de Cap Djanet, l'homme s'est immolé dès sa sortie du bureau d'un responsable de la daira , lequel lui avait de tout temps promis de l'aider pour bénéficier d'un nouveau toit qui répond aux besoins de sa famille. Mohamed était en attente d'un logement le sien ayant été sérieusement endommagé par le séisme qui a touché la région en mai 2003. Même scénario à Jijel, à 300 km à l'Est d'Alger, où un jeune homme de 26 ans s'est immolé par le feu vendredi 14 janvier à 21 H, sur l'avenue Emir Abdelkhader, en centre-ville. Transféré à l'hôpital, il a été admis au service de réanimation où il a été placé sous surveillance médicale. Souffrant de brûlures au troisième degré, ce jeune semble hors de danger. Troisième acte désespéré à Tébessa, à l'extrême est d'Algérie. Mohcen Bouterfif, 26 ans, chômeur résidant dans la commune de Boukhadra, 35 km au nord de Tébessa, s'est lui aussi immolé dans la journée du samedi 15 janvier. Raison du suicide ? Le refus du maire de lui accorder un emploi. En quittant le bureau du président de l'APC, Mohcen s'est aspergé d'un liquide inflammable avant de mettre le feu à son corps.Evacué vers l'hôpital d'Annaba, l'homme est décédé des suites de ses brûlures. Quatrième acte a eu lieu à Mascara, où une jeune a tenté de mettre le feu sur son corps, pour attirer l'attention des autorités sur son cas désespéré. Cinquième acte, a été enregistré ce dimanche à Mostaganem, où un jeune de 34 ans, répondant aux noms de Senouci Touati, a tenté de se suicider en s'immolant par le feu, dimanche matin. L'endroit choisi pour passer à l'acte n'était pas fortuit, puisqu'il a tenté de s'immoler par le feu juste en face du siège la sûreté de wilaya de Mostaganem. Au moment où il mettait le feu à son corps, les policiers en faction devant le siège de la sûreté de wilaya interviennent pour éviter le pire, mais le feu a déjà pris à ses jambes. De leur côté, les éléments de la protection civile l'ont pris en charge en lui prodiguant les premiers soins, avant qu'il ne soit évacué vers les urgences médicochirurgicales (UMC) de Tijditt. Le désespéré habite à la cité du 5 juillet 1962, dans un appartement, où il vit sous le même toit avec neuf (9) membres de sa famille. Chômeur de son état, Il n'aurait pas trouvé de travail ni de logement, selon les premiers éléments d'information recueillis. Sixième acte, a été enregistré dans la même journée du dimanche à Oum El Bouaghi, où un agent de la protection civile, Mehanaine Karim, 38 ans, père de 3 enfants, a tenté de s'immoler par le feu dans la caserne des pompiers à Oum El Bouaghi. L'homme voulait protester contre la décision de sa direction de le muter dans une caserne dans le sud, décision que l'intéressé conteste et juge « arbitraire ». Le wali en personne est intervenu pour dissuader Karim, en possession de deux bouteilles d'essences, de commettre l'irréparable.En s'adonnant à cet acte extrême, ces jeunes ont voulu sans doute réitéré l'acte du jeune Tunisien Mohamed Bouazzizi, qui s'est immolé le 17 décembre 2010 devant la préfecture de Sidi Bouzid en Tunisie. Ces actes de désespoir entrepris par des citoyens algériens ressemblent à celui d'un jeune diplômé tunisien, Mohamed Bouazizi, 26 ans, vendeur ambulant, qui s'est immolé par le feu en décembre 2010 dans la ville de Sidi Bouzid pour protester contre la confiscation de sa marchandise. Son suicide a été le prélude à une révolte populaire qui a provoqué la chute du président tunisien Ben Ali.