Le 12 janvier 2011, la ville de Bordj-Ménaïel dans la wilaya de Boumerdès, a été le théâtre d'une scène spectaculaire. Mohamed Aouichia, 41 ans et père de six enfants, agent de sécurité, s'asperge d'essence et allume le feu dans l'enceinte même de la daïra où il travaille. Relogé comme sinistré des inondations de 2001 dans un F3 relevant de l'Opgi, son nouveau logement est gravement touché lors du séisme de 2003. Après six mois passés dans une école, il est relogé avec sa famille dans un F1 cette fois. Il est inscrit sur une liste d'attribution de logements sociaux de sa localité, Cap Djenet depuis sept ans. Suite à son exclusion arbitraire de cette liste, il entreprend plusieurs démarches et repart avec les promesses du SG de la wilaya de Boumerdès et même du ministre d'Etat Abdelaziz Belkhadem. Désespéré et las d'attendre, il s'asperge d'essence avant d'allumer le feu à ses habits. Hospitalisé, il succombe après 10 jours d'atroces souffrances. Toujours dans la wilaya de Boumerdès, plus exactement dans la daïra de Dellys, le jeune Bendine Karim, s'immole le 11 janvier vers 18h 30 au centre-ville près du siège de la mairie. Agé de 35 ans, célibataire, il souffre de troubles mentaux depuis son incorporation au service national. Issu d'une famille nombreuse et modeste, l'armée l'avait radié et il s'est retrouvé sans ressources. La victime a succombé à ses blessures après avoir été admise à l'hôpital Mustapha-Pacha, à Alger. Tébessa : le maire lui demande de faire comme Bouazizi Mohcin Bouterfif, 27 ans, a mis fin à ses jours en s'immolant par le feu après que le P/APC de sa localité Boukhadra, lui a demandé de faire «comme Bouazizi, s'il n'est pas content». Le jeune Mohcin faisait partie d'un groupe d'une vingtaine de jeunes qui se sont rassemblés devant la mairie de Boukhadra pour protester contre le refus du maire de les recevoir. Ces jeunes demandaient un emploi et un logement. El-Oued : la victime est reçue par le P/APW avant de s'immoler Maamir Lotfi, chômeur habitant la localité d'Ourmes à El-Oued, a tenté de s'immoler par le feu au sein même du siège de l'APW en signe de protestation contre sa situation sociale difficile. Ce père de famille de quatre enfants, âgé de 35 ans, a enflammé son corps après l'avoir aspergé de carburant. Le P/APW est intervenu pour éteindre les flammes. La victime, brûlée au 2e degré, est ensuite évacuée vers l'hôpital Ben-Omar-Djilali dans la wilaya d'El-Oued. Le malheureux s'était rendu chez le P/APW pour demander un logement et un emploi. Le responsable s'est engagé à intervenir auprès des services concernés. La victime a par la suite demandé à voir le wali pour lui exposer ses problèmes. Devant le refus du P/APW de l'accompagner au bureau du chef de l'exécutif, ce jeune a tenté de s'immoler par le feu. Il habitait depuis trois années avec sa famille dans un garage octroyé par un bienfaiteur au quartier Ennour dans la ville d'El-Oued, avant de regagner son village natal, Ourmes, pour exercer le métier de «clandestin». Ghardaïa : il s'enflamme en plein public vvl A. B., un jeune de 23 ans, a tenté de se suicider en s'immolant par le feu, le 9 janvier dernier, en plein centre-ville de Berriane dans la wilaya de Ghardaïa. Vers 17h 30, le jeune homme s'est aspergé d'essence dans le quartier de Boudouaïa avant de s'enflammer en public. Ce qui a créé un vent de panique parmi les passants qui ont tout de suite réagi en étouffant les flammes, parvenant ainsi à les éteindre. Brûlé au 2e degré, selon le corps médical, et sur plus de 18% de la surface corporelle, il est tout de suite transféré à la polyclinique de cette ville, où il a reçu les premiers soins avant d'être évacué par la Protection civile vers l'hôpital du docteur Tirichine de Ghardaïa. Orphelin de père et issu d'une famille modeste de la ville, il souffre, selon son entourage, d'un diabète depuis l'âge de 14 ans, ce qui l'avait contraint à arrêter sa scolarité. Mascara : 5 litres d'essence à la main, il menace de s'en asperger Un jeune homme exerçant en qualité de commerçant ambulant tente de s'immoler par le feu le 9 de ce mois de janvier. Vendeur de poissons à la rue Tounsi, il est sommé par les agents de l'ordre public de cesser son activité au motif d'effraction aux règles élémentaires d'hygiène. Se sentant victime d'une «chasse», qu'il a très mal interprétée et vécue, il décide d'attenter à sa vie. Il achète 5 litres d'essence, menace de s'en asperger le corps et mettre le feu, tout en dénonçant les agents de sécurité. Annaba : les harragas s'y mettent aussi ! Vingt harragas ont tenté un suicide collectif dans la nuit du 9 au 10 janvier après avoir été repérés par les gardes-côtes. Selon la presse, ils ont aspergé leur embarcation d'essence avant d'y mettre le feu. L'intervention rapide des secours a permis de sauver 18 d'entre eux, alors que 2 sont portés disparus. Mostaganem : après de vaines demandes d'embauche, il passe à l'acte Un jeune chômeur s'est aspergé le corps d'essence le 9 janvier dernier devant la direction de la sûreté de wilaya de Mostaganem. Le drame a été évité de justesse grâce à des policiers qui ont accouru pour secourir l'homme, alors qu'il mettait le feu à ses vêtements. Pris en charge par des pompiers, il a été transféré vers le service des urgences de Tigditt où il a été placé en observation. Agé d'une trentaine d'années, il a exhibé plusieurs demandes d'embauche, ainsi que des lettres adressées à différentes administrations, restées sans suite. Jijel : brûlé au 3e degré Un jeune homme de 26 ans s'est immolé par le feu le 14 janvier dernier à 21h sur l'avenue Emir Abdelkader, au centre-ville de Jijel. Transféré à l'hôpital, il a été admis au service de réanimation. Après le diagnostic de brûlures au troisième degré, il a été placé sous surveillance médicale. Ces jours ne sont pas en danger. Sidi Bel Abbes : première tentative d'une femme Une femme, âgée d'une quarantaine d'années, a essayé de s'immoler par le feu le 18 janvier dernier dans la localité de Sidi Ali Benyoub, dans la wilaya de Sidi Bel Abbes. Son geste porte à sept le nombre de tentatives de suicide similaires en Algérie. La victime qui habitait une maison insalubre a appris que les services sociaux de la commune lui refusaient une aide pour restaurer son logement. Elle décide, dans un moment de désespoir, de s'asperger le corps avec un liquide inflammable avant de craquer une allumette. Fort heureusement, le maire et des travailleurs de la municipalité sont intervenus à temps pour la sauver. Elle n'a été brûlée qu'aux doigts. Oum El-Bouaghi : pour protester contre sa mutation Mehanaine Karim, 38 ans, père de 3 enfants, agent de la Protection civile, a tenté de s'immoler par le feu dans la matinée du 16 janvier dans la caserne des pompiers à Oum-El-Bouaghi. Le wali en personne est intervenu pour dissuader Karim, en possession de deux bouteilles d'essence, de commettre l'irréparable. Ce pompier a tenté de se suicider pour protester contre la décision de sa direction de le muter dans le sud du pays. Une décision que l'intéressé a contestée et jugée «arbitraire». Son service a tout simplement décidé de le muter à Illizi pour le sanctionner pour son «comportement». Il a été suspendu de ses fonctions deux mois plus tôt, pour le motif d'être intervenu en faveur d'un collègue, âgé de 59 ans, qui a été, lui, renvoyé.