L'extrême violence de la révolution libyenne est à la mesure de la brutalité d'un régime qui depuis quarante-deux ans a broyé tout un peuple. Quels que furent les oripeaux panafricains et tiers-mondistes de la Jamahiriya, Kadhafi n'aura été qu'un dictateur pour son peuple et un terroriste en tenu militaire pour le monde extérieur. Il a, plus encore que les présidents tunisien et égyptien déchus, privé ses concitoyens du moindre espace de liberté. Il a fait de l'assassinat politique une arme de gouvernement et de la prise d'otages un moyen de pression. La fureur des Libyens aujourd'hui montre toute la frustration d'un peuple humilié pendant des années. A l'extérieur, Kadhafi est l'auteur d'attentats notamment contre les avions d'UTA et de la Pan Am, au-dessus de Lockerbie. Malgré ce monstrueux bilan, la Libye de Kadhafi a été ramenée parmi le concert des nations par Bush fils, Blair, Berlusconi et finalement Sarkozy. L'Occident voulait croire que Kadhafi avait changé au nom de la lutte contre le terrorisme et en échange de ventes d'armes, qui servent aujourd'hui contre les manifestants, et de livraisons de gaz et de pétrole. Quant aux Libyens, qu'ils se taisent et endurent la dictature, la répression et la corruption. Comme le disait en 2007 l'un de ses soutiens en France, Patrick Ollier, compagnon de voyage de MAM en Tunisie, «Kadhafi n'est plus le même qu'il y a vingt ans et a soif de respectabilité. Il lit d'ailleurs Montesquieu».Des centaines de Libyens paient aujourd'hui cet aveuglement et ces compromissions. La répression en Libye a fait 400 morts La répression des manifestations hostiles au régime de Mouammar Kadhafi a fait de 400 morts au moins en Libye, selon la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).Le Conseil de sécurité de l'Onu doit se réunir ce mardi pour discuter de la crise libyenne, selon des diplomates.Les forces armées du colonel Kadhafi sont engagées dans un bras de fer de plus en plus sanglant pour le maintenir à la tête du pays. Selon la chaîne Al Djazira, qui cite des témoins, des appareils de l'armée de l'air ont ouvert le feu à munitions réelles lundi sur des foules de manifestants antigouvernementaux à Tripoli, la capitale.S'exprimant à la télévision libyenne pendant 22 secondes, Kadhafi a démenti les informations selon lesquelles il aurait fui au Venezuela, dirigé par son ami Hugo Chavez. Kadhafi : Moi ou le chaos Sur place, un témoin raconte qu'elle «a vu les hélicoptères, ça a vraiment tiré à l'arme lourde».Alors que la répression sanglante de la contestation se poursuit en Libye ce mardi, le colonel Kadhafi a démenti cette nuit les rumeurs qui circulaient avec insistance sur son départ pour le Venezuela. Dans une courte intervention télévisée à Tripoli, le numéro un libyen a déclaré : «Je vais voir les jeunes sur la Place verte. C'est juste pour prouver que je suis à Tripoli et non au Venezuela et démentir les télévisions, ces chiens.»La Fédération internationale des Ligues de droits de l'Homme (FIDH) avance un bilan 400 morts depuis le début de la contestation, le 17 février, tandis qu'Al-Jazeera annonçait plus de 500 victimes ce mardi matin. Plusieurs villes seraient tombées aux mains des opposants avant d'être bombardées, ce que nie Saïf al-Islam, le fils de Mouammar Khadafi. A Tripoli, les forces de l'ordre libyennes auraient tiré sur des manifestants à partir d'avions militaires et d'hélicoptères, selon des témoins qui dénoncent des massacres.