Les Parizot ont passé toute la matinée à naviguer sur les sites de la presse algérienne. De quotidien en quotidien, Claude et Jean-Michel ont téléchargé photos et comptes rendus du vol inaugural Lyon-Sétif. Une desserte dont ils n'ont cessé de rêver depuis des années et qui rapproche désormais la capitale des hauts plateaux à moins de 90 minutes de France. Entre les Parizot et l'Algérie, il existe une histoire commune qui remonte à trois décennies. A l'image de nombre de Français de leur génération, Claude et Jean-Michel avaient séjourné dans les années soixante-dix à Constantine dans le cadre de la coopération technique mise en place au lendemain de l'indépendance. De retour en Bretagne, le couple a retrempé dans la vie hexagonale mais sans se détourner, le moindre instant, de la rive sud de la Méditerranée. Entre vie professionnelle et obligations familiales, Claude et Jean-Michel ont su trouver le temps pour maintenir le lien avec l'Algérie. Ou, pour être plus précis, avec l'Est algérien. Signé au début des années 1980, un jumelage entre Rennes et la ville de Aïn El-Fouara leur a donné l'occasion de s'y investir sans relâche et de cultiver une relation parmi les plus fécondes entre une ville française et une ville algérienne. Samedi matin, lorsque la tour de contrôle de l'aéroport Aïn El-Bey a autorisé le Boeing 737-800 de la compagnie Air Algérie à décoller de la nouvelle piste en direction de Lyon Saint Exupéry, la satisfaction était à son comble au domicile des Parizot. « Quoi de plus fort pour des relations humaines qu'un outil de transport qui rapproche les hommes et vient à bout des distances ». Ce vol, le couple l'attendait avec impatience. Depuis qu'un communiqué officiel d'Air Algérie - diffusé fin février - en a confirmé le lancement, Claude et Jean-Michel se sont mis à l'écoute de la moindre information. Pas plus tard que le mois dernier, ils ont profité du Festival Travelling dédié à la ville d'Alger pour demander aux convives algériens des précisions sur la périodicité de la desserte, la tarification et les projets prévus entre Sétif et d'autres escales françaises. En attendant l'entrée en service du Lyon-Sétif et du Paris-Sétif sous les couleurs d'Aigle Azur, les Parizot se réjouissent de l'irruption du « vol AH » Sétif-Lyon dans les cieux méditerranéens. « Ce vol est une heureuse nouvelle pour tous les animateurs de l'association de jumelage Rennes-Sétif ». Sauf imprévu de dernière minute, une dizaine d'adhérents, dont Claude et Jean-Michel, devraient y prendre place au courant de ce mois à l'occasion d'un voyage d'une dizaine de jours. Au menu, des entretiens avec les interlocuteurs sétifiens pour ficeler le programme d'échanges entre les deux villes pour le compte de l'exercice 2006. « Entre Rennes et Sétif, il y a manifestement matière à idées », estime Claude Parizot. 2005 a été marquée par la tenue d'une somme d'initiatives dont une manifestation commémorative du 60e anniversaire des événements du 8 mai 1945. Les organisateurs ont réussi à alterner entre expositions de photos d'époque, projection du film-documentaire de Mehdi Lalaoui (de l'association « Au nom de la mémoire ») et débat autour de l'historien Mohamed Harbi. « C'était la manifestation phare après les projets montés en 2003 à la faveur de l'Année de l'Algérie en France. Les résultats ont dépassé nos espérances », reconnaissent les Parizot qui ambitionnent d'inscrire d'autres acquis au crédit du jumelage Rennes-Sétif. Pôle universitaire parmi les plus importants de France, la capitale de la Bretagne est jumelée actuellement à 13 villes du monde. Douze appartiennent aux continents européen, asiatique et sud-américain. Sétif est la seule cité du sud de la Méditerranée à être dans cette coopération décentralisée avec le chef-lieu de la Bretagne. Ancien ministre, maire socialiste de la ville depuis 1977, initiateur du jumelage avec Sétif, Edmond Hervé y tient. Et aime à le rappeler aux animateurs associatifs au gré des manifestations.