Exit la saison estivale faite de grosse canicule, de vacances (pour ceux qui en ont les moyens) et de farniente. Finis la relâche, le service minimum et « la permanence » hebdomadaire chez les gens du hirak. En ce premier vendredi du mois de septembre, le 29 eme du genre, l'effectif des contestataires de la rue sétifienne a approximativement triplé. La marche du hirak a drainé près de 3 000 personnes qui ont déambulé pacifiquement mais bruyamment dans les rues du centre ville de Sétif. Ce rebondissement est il dû seulement à la rentrée sociale ? L'appel à convoquer le corps électoral pour la tenue des présidentielles avant la fin de l'année en cours semble aussi avoir excité et galvanisé le hirak. Les motifs, somme toute, assez sérieux d'aller au plus vite à l'élection d'un président de la République sous le contrôle d'une commission indépendante ne semblent pas convaincre la population contestataire de Sétif et d'ailleurs sur le territoire national. Irascibles, les citoyens sont sortis ce vendredi bien plus nombreux pour marquer leur refus à cette échéance en criant haut et fort, avec des mots imagés, voire drôles ou durs, qu'il ne peut y avoir d'élection avec les « bandes » : Makanche el intikhabat maa el issabat. La « messe » est dite et répétée, chaque vendredi depuis près de 3 mois. Ce n'est pas que les manifestants ne veulent pas du scrutin populaire, outil indispensable de la démocratie moderne, mais juste qu'il ne soit plus aux mains de ceux qui l'ont violé, soumis et discrédité depuis des décennies pour perpétuer leur main mise sur la nation et ses richesses. En peu de mots, le peuple contestataire ne veut plus de mascarade électorale. Pourquoi tant de temps perdu dommageable à plus d'un titre à la nation ? Et si on écoutait plus sereinement les revendications du hirak ? Les voies de solution à la crise s'imposeraient d'elles même. Mystérieusement, comme il est apparu il y a près de 3 vendredis de çà, le groupuscule anti – hirak semble rendre le tablier. Ce vendredi, au début du regroupement du hirak devant le siège de la wilaya, ce petit groupe est formé cette fois-ci d'à peine 5 personnes sur la petite esplanade-stèle du 8 mai 1945, jouxtant le mess des officiers, sous bonne garde policière. Ces membres crient leurs habituels slogans louant les « chourafa », la « badissia-novembaria » et vilipendant les « harka » et « ouled frança » (cf articles précédents). Vraisemblablement impressionnés ou intimidés par le nombre des hirakistes qui leur lancent à leur tour « Makanche el vote ya sehab el casse-croute », « Ayouha echiattine, entouma madhloumine » ils ont très vite plié bagage pour disparaître. Ont-ils pris conscience de l'échec de leur mission ? La disgrâce annoncée d'un chef de parti de l'ex alliance présidentielle y est-elle pour ce découragement ? Juste des supputations. La marche du hirak s'est déroulée sans aucun incident et la police, comme d'habitude, a assuré avec discrétion et diligence ses missions de facilitation et de prévention dans le déplacement des manifestants. Au terme de leur marche, les manifestants, de tout âge, de genre, de diverses appartenances sociales généralement modestes et même de diverses sensibilités politiques se sont regroupés une dernière fois devant le siège de la wilaya pour s'adonner à cœur joie aux slogans les plus top : « Makanche elintikhabat… », « Klitou leblad ya esserakine », « Lazem tarhelou, arhelou… ». La fin du rassemblement contestataire est annoncée par l'hymne national repris en chœur, la main droite levée et les deux doigts en V. A vendredi prochain.