La région de Sétif recèle un patrimoine archéologique unique. De nombreuses occasions ont fait valoir aux chercheurs, archéologues, scientifiques, cinéastes, l'authenticité et la beauté des sites archéologiques témoins de la préhistoire. Du gisement de Aïn Lahnèche datant de deux millions d'années qui renvoie à la présence du premier homme d'Afrique, en passant par le site d'Ikdjane à 60 km au nord-est de Sétif qui marque la présence d'un centre de doctrine chiite datant de l'époque des Fatimides au Maghreb, à Djemila, la ville romaine qui compte 19 siècles d'existence. On comprend l'importance de la région de Sétif, c'est un carrefour archéologique, linguistique, économique et historique. Cette terre a accueilli les restes de Scipion l'Africain, dont le tombeau du héros romain de la 2ème guerre punique qui a vaincu Carthage reste encore érigé, malgré la menace du béton. En effet, le lancement des programmes de construction n'a guère ménagé les vestiges du passé, soumis à la démolition systématique, en témoignent nombre de sites dévastés. Le dernier en date est incarné par l'aménagement du parc de loisirs et d'attractions sur un vaste champ archéologique ouvert légué par l'époque coloniale. Pour la société civile, l'accès à la culture archéologique reste un chantier à défricher car il n'y a guère de traditions de visites et de mise en valeur des dimensions civilisationnelles de la région et par conséquent de ces sites. Il s'agit là du témoignage de la seule association qui active dans le domaine de la préservation et de la valorisation du patrimoine archéologique. L'association Mémoire de Sétif, patrimoine, environnement et tourisme tente d'établir un espace de réflexion, d'harmonie entre la société civile et sa richesse archéologique qui tend à se morfondre dans l'oubli. « Défendre un projet, un idéal, reste un objectif qui répond aux perspectives du long terme », souligne le président de l'association, Amar Chaïb, qui milite depuis 1995 pour l'établissement de passerelles entre la société et les origines de la ville. « Une ville sans mémoire est une ville sans personnalité », affirme le président, et c'est aussi une phrase qu'on pourrait considérer comme le slogan de l'association qui réunit près d'une centaine d'adhérents et de sympathisants, dont des spécialistes étrangers structurés en clubs d'interventions à travers le Net sur des sujets ayant trait à l'archéologie, comme ce fut le cas d'un éminent archéologue français qui a animé une rencontre sur le thème « l'histoire de la dentition depuis la préhistoire. » A propos de ce travail de vulgarisation que doivent prendre en charge les spécialistes et les scientifiques, on relève à ce sujet la disparition de l'institut d'archéologie du centre universitaire de Sétif. Un manque flagrant dans le monde universitaire que ne manquent pas de signaler les membres de l'association. L'action de l'association est centrée en premier lieu sur la sensibilisation de la société civile par le biais de séminaires, de sorties sur les sites et de portes ouvertes sur ses travaux. « Notre action vise à intéresser les gens », explique le docteur Moufok, vice-président de l'association, qui insiste sur le manque de conviction affiché du côté de la population par manque de « civisme », souligne-t-il. Cependant, le groupe compte sur l'apport de l'administration, dont le musée national avec lequel il entretient des rapports étroits basés sur les échanges de connaissances, dans le but de réaliser ses projets, témoigne le président de l'association. La prochaine manifestation en date concernera la tenue de « la rencontre nationale sur le patrimoine », une occasion de vulgariser le rôle du mouvement associatif dans la conservation du patrimoine et aussi la sensibilisation de la société civile, dont le monde du secteur économique afin d'assurer une tâche de complémentarité avec l'institution en charge dupatrimoine archéologique, le musée national de Sétif. A. B. La Tribune