L'opération a débuté vers 18 heures pour prendre fin à 22 heures. Scindée en deux patrouilles, la brigade mobile de la police judiciaire a ciblé, pour la circonstance, deux endroits réputés pour être des lieux de prédilection pour la délinquance et la débauche, à savoir la zone d'entrepôt et d'activité de la wilaya (ZEA) et la forêt appelée communément Znadia, ainsi que certains quartiers périphériques jouxtant ces deux lieux. Au niveau de la ZEA, c'est dans de nombreux édifices séparant les zones de production, dont certains sont viabilisés et d'autres à moitié construits, que se regroupent quotidiennement des dizaines de citoyens dans plusieurs recoins pour s'adonner qui à la consommation d'alcool qui à la consommation de drogue. Il faut dire qu'à l'instar de la forêt de Znadia, la zone industrielle se transforme, à partir d'une certaine heure de la journée, en un immense bar à ciel ouvert. Des milliers, voire des centaines de milliers de bouteilles vides sont éparpillées par terre, offrant une image de désolation dans cette partie de la ville censée être le fleuron industriel de la région. Il convient de souligner que lors des vérifications d'identité des groupes interpelés, la plupart des individus n'étaient munis d'aucune pièce d'identité, ce qui a obligé les services de sécurité à les embarquer pour continuer ensuite leur tournée et se rendre à la sortie du dépôt situé en plein cœur de la zone. Un dépôt qui est censé exercer dans la légalité, nous dit-on. Ce qui n'a pas empêché les policiers en civil en charge de cette mission de passer au peigne fin la dizaine de véhicules qui en sortaient. A l'intérieur du dépôt, les policiers se sont rendu compte que nombreux de ses occupants ont commencé à « se désaltérer » et à ouvrir des bouteilles de boissons alcoolisées avant même l'heure de sortie. Un peu plus loin, au bas du mur jouxtant la faculté de médecine précisément, deux propriétaires de scooteur, qui se trouvaient là avec tout un groupe et qui ont vu de loin le convoi de la police, ont vite fait de prendre la fuite à la faveur du terrain accidenté. Mais la fouille du reste du groupe s'est soldée par la saisie de 8 comprimés de psychotrope et des armes blanches. Il faut rappeler, au passage, que l'analyse des données communiquées le même jour de cette descente par le commissaire principal révèle que les agressions demeurent les fléaux les plus courants et touchent en général la masse juvénile, d'où le sentiment d'insécurité qui prévaut depuis quelque temps dans la plupart des cités et quartiers de la ville. Vers 21h, le convoi effectue un petit crochet par les vastes espaces du souk Laïd-Dhahoui jouxtant l'abattoir. Les habitués des lieux ont eu le temps de déguerpir à la vue lointaine des gyrophares des véhicules de la police. « En général, à cette heure-ci, ça grouille de contrevenants », nous a affirmé un officier. Un peu plus haut, du côté du quartier appelé Bizar, l'ambiance semble assez paisible, mais la patrouille s'arrête pour procéder à l'interpellation d'un conducteur d'une moto grosse cylindrée. Hormis un récépissé à peine lisible et dont la date a visiblement expiré, aucun document n'a été présenté aux policiers. L'officier, qui remarque la présence au quartier d'un camion remorqueur, sollicite son propriétaire qui a aussitôt collaboré pour le transfert de l'engin au commissariat central. Retour à la forêt de Znadia. Les policiers nous affirment que l'endroit est à haut risque et qu' »on ne sait jamais sur qui on tombe ». Depuis les premières années de l'indépendance, le site est devenu celui de la consommation de l'alcool et de la prostitution. Il convient de souligner qu'avec les milliers de bouteilles et les débris qui jonchent le sol aux quatre coins de cette forêt, une catastrophe écologique n'est pas du tout à écarter, notamment durant la période de grandes chaleurs. En fait, les Sétifiens s'interrogent toujours sur le sort de ce projet grandiose annoncé par les autorités locales depuis plusieurs mois concernant la réhabilitation du site avec la mise en place d'un immense parc de loisirs et de détente. Poursuivant leur mission, les deux patrouilles ont sillonné quelques quartiers pour traquer les fauteurs de trouble. A la cité El-Hidhab, certains riverains, réjouis de ces descentes « qui instaurent un tant soit peu une certaine quiétude », nous ont exprimé leur satisfaction et surtout leur souhait de voir ces patrouilles marquer plus de présence pour « les débarrasser des gangsters qui poussent comme des champignons », selon leurs dires. Au terme de cette virée nocturne, les actions des deux patrouilles de police ont été marquées par 135 examens de situation. Tous les contrevenants ont été emmenés au commissariat pour les procédures d'usage. Des centaines de bouteilles de bière, de vin et des canettes ont été saisies lors de cette virée. Les griefs retenus contre les personnes arrêtées sont multiples et ont des degrés de gravité différents. Il s'agit, notamment, de l'ivresse sur la voie publique, de conduite en état d'ivresse, de vente de boissons alcoolisées sans autorisation, de prostitution, de création de lieux de débauche, en passant par la consommation de drogue et défaut de présentation de documents. Il faut dire, par ailleurs, qu'accompagner les services de sécurité dans ce genre de descentes nous permet de nous rendre compte de la rude tâche qu'est la leur et de toute l'abnégation dont ils font preuve dans l'exercice de leurs fonctions. M. H. Gherib Le Jeune Indépendant