Jeudi 29 novembre, jour du vote, tous les constats sur le terrain convergent vers le fait que les électeurs n'ont affiché aucun engouement, comme ce fut le cas pour les élections législatives du 17 mai dernier. Aucune bousculade, aucun empressement dans les bureaux de vote. Dans la ville de Sétif, ce sont pratiquement les personnes âgées qui se sont acquittées de leur devoir civique. La plupart des électeurs ayant boudé les urnes sont des jeunes. Ce qui dénote la démission (ou le retrait) de cette frange dominante de la population sétifienne. Le taux d'abstention dans la commune de Sétif a frôlé les 75%. Ce qui démontre que les Sétifiens dans leur ensemble, ne croient plus au changement par les urnes. L'un des premiers enseignements des élections locales c'est que le faible taux de participation risque de rogner la légitimité des élus. Les chiffres obtenus après les premiers dépouillements sont implacables. Seulement 28% de participation. Interrogé sur le déroulement du vote, un chef de centre qui a requis l'anonymat a fait observer que les agents se tournent les pouces parce que les électeurs venaient au compte-gouttes. Il a précisé que toutes les dispositions utiles étaient prises pour améliorer le travail par rapport à la fois passée. Jusqu'à 15h, jeudi 29 novembre, on a observé peu d'animation dans certains bureaux de vote. Agents, et observateurs attendaient les électeurs avec impatience. « Il n'y a pas d'engouement des électeurs », nous a confié un président de bureau. C'était en réponse à notre question de connaître le mouvement des électeurs qui ont déjà accompli leur devoir civique jusque-là. Centre de vote du CEM Zerrouki-Kheira, ce jeudi. Il est 13h30. Les membres du centre bavardent tranquillement dans le hall. A l'intérieur des bureaux, les bulletins de vote, les isoloirs et les urnes attendent les électeurs. Ici, l'affluence n'est pas forte. « Nous avons jusqu'ici enregistré neuf votants », dévoile un chef de bureau de vote. Tout à côté, malgré un démarrage ponctuel (8h00), au bureau n° 2, les électeurs sont pas nombreux. Pour deux cent soixante dix inscrits, on a enregistré six votants en milieu de journée. Le premier Sétifien à avoir accompli son devoir civique est passé à 10h15. Dans un autre bureau du même centre, son chef est dépité. Ailleurs, c'est le même constat. Jusqu'à une certaine heure de l'après-midi, plusieurs centres de vote sont ignorés par les électeurs. Les bureaux de vote parcourus dans d'autres centres n'ont pas meilleure allure. L'inertie de l'électorat sautait aux yeux. Le wali de Sétif, M. Noureddine Bedoui, a même lancé un appel aux électeurs, à sa sortie du bureau de vote du lycée Mohamed-Kérouani. « J'exhorte la population qui jouit du droit de vote à aller voter ». Mais l'appel n'a pas eu l'effet escompté. Qu'avonsnous vu jeudi en visitant quelques bureaux de vote ? Des salles vides. Des assesseurs qui s'ennuyaient une fois les journaux lus dans tous les sens, tout heureux d'accueillir un voisin, un ami pour passer un peu de temps à discuter. Des candidats déprimés erraient d'un bureau à l'autre, s'interrogeant sur les effets de cette abstention. Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer le comportement des électeurs. Notamment la désillusion. L'électorat ne semble pas accorder de l'importance au scrutin. « Auparavant, j'ai toujours voté. Mais je n'ai constaté aucun changement dans ma vie personnelle et dans les affaires nationales. Et j'ai décidé de ne participer à aucun scrutin jusqu'à ce que les choses s'améliorent dans ma vie professionnelle et familiale », soutient B. Amar, chauffeur de taxi. « Comment voulez-vous qu'on vote alors que le quintal de semoule est à 6 000 DA, le bidon d'huile à 550 DA, en plus des charges de l'électricité, gaz et autres… que vat- il me rester de mon maigre salaire ? » s'est interrogé Farid, jeune père de famille. Pour sa part, B. Slimane n'a pas mis de gants pour dire qu'il n'a accordé sa voix à personne. « Nous sommes habitués à voir les gens venir nous endormir pendant la campagne électorale. Une fois élus, ils tournent le dos au peuple et ne s'occupent que de leurs propres intérêts. Mon vote-sanction doit servir de leçon à ceux qui se comporteraient de la sorte à l'avenir », a-t-il déclaré. Au vu de ce taux de participation catastrophique, les autorités locales ont décidé de prolonger d'une heure (jusqu'à 20h) la durée du scrutin dans les villes de Sétif et d'El-Eulma dans le but d'inciter des électeurs récalcitrants à venir voter. Enfin et en ce qui concerne le taux de participation finale dans la wilaya de Sétif, il a été estimé, selon les autorités locales, à 42,48% pour les APC, et 41,91% pour les APW. Dans la ville de Sétif, le FLN a raflé la mise avec l'obtention de 14 sièges pour l'APC, suivi du HMS avec 5 sièges, RND (4), FNA (4), PT (4) et El Islah (2). Le résultat de l'APW a donné le FLN avec 20 sièges, RND (12), HMS (9), FNA (8), et enfin le PT (6). Notons que le FLN a réussi à remporter 21 communes, y compris celle de Béni-Ourtilane qui fut longtemps le fief du FFS. Le RND, quant à lui, a raflé les sièges des communes du sud de la wilaya, et trois communes ont été acquises par le HMS. Par ailleurs, le parti d'El Islah est quant à lui en net recul dans la wilaya de Sétif.