Le mouvement de protestation enclenché jeudi dernier par les élèves de terminale s'est amplifié hier à Sétif. Un sit-in a été organisé devant la direction de l'éducation de Sétif pour protester contre des programmes surchargés et inadaptés. Hier, des foules entières de lycéens ont pris d'assaut le centre de la ville et ont manifesté leur mécontentement tout au long de l'artère. Vers 9 heures, la foule s'alimentait de plus en plus et devenait encore plus compacte, grâce à l'implication des élèves des autres lycées qui arrivaient de la périphérie. « Nous refusons les nouveaux programmes », ont-ils clamé dans une halte, devant le siège de la wilaya, avant de poursuivre leur itinéraire vers la radio locale sous surveillance policière. Mais vers 11 heures, la foule des lycéens se dispersait, tout en promettant le recours à la rue pour faire entendre leur voix. Selon certains témoignages, le rendez-vous est pris pour aujourd'hui afin de poursuivre l'action collective. Emboîtant le pas à leurs enseignants qui ont débrayé quelques jours auparavant, les lycéens des classes terminales de la wilaya de Sétif, qui sont montés eux aussi au créneau en désertant carrément les salles de cours depuis jeudi dernier, sont décidés à poursuivre leur action de mécontentement malgré les mesures d'apaisement prises dès hier par la direction de l'éducation. Leurs revendications visent l'allégement des programmes et la suppression de certaines matières nouvellement introduites dans leur cursus scolaire. Si pour la journée de jeudi les manifestants n'ont trouvé personne au niveau de la direction de l'éducation pour cause de repos, par contre, pour la journée d'hier, des copies de la circulaire ministérielle ont été distribuées aux lycéens. Les responsables sur place nous diront que la diffusion de l'instruction ministérielle finira par mettre fin au mouvement de mécontentement enregistré au niveau de la ville de Sétif, bien que certains échos parvenus de la région nord de la wilaya aient fait part du mouvement de grève au niveau de bon nombre de lycées, à l'instar de Bougaa. « Les programmes sont trop chargés. Figurez-vous qu'en mathématiques, nous ne sommes en ce mois de janvier qu'à 20% du programme, soit la moitié du tome I, et il ne nous reste que quatre mois avant les épreuves du baccalauréat », témoignent quelques élèves. Pour les sciences physiques, c'est la même chose : « On vient tout juste d'entamer l'étude de la quatrième unité du programme qui comporte neuf unités. C'est impossible de terminer le programme à temps », affirment un groupe de jeunes lycées. Les nouvelles méthodes pédagogiques préconisées dans la réforme du système éducatif, la forte densité du programme et son inadaptation avec les volumes horaires envisagés ont été les principales causes ayant poussé les élèves à déserter les cours. « Nous n'allons pas baisser les bras, c'est notre avenir qui est en jeu. Il nous reste quatre mois avant l'examen et les enseignants seront obligés de mettre les bouchées doubles pour terminer le programme à temps, quitte à hypothéquer la compréhension des cours, et ce sera à notre détriment », précise une élève. « Avec ce nouveau programme, nous n'avons même pas le temps de souffler. Franchement on n'en peut plus », dira une autre questionnée en marge de la marche de contestation d'hier. Au niveau des organisations syndicales locales, comme le CNAPEST qui se « réjouit » du comportement des élèves en engageant un vaste mouvement de contestation, celles-ci affirment la spontanéité de l'action des jeunes lycéens et sa « légitimité ».