abah Belamri, cet écrivain de renom, poète, essayiste, romancier, penseur, c'était un grand témoin de son temps. Rabah Belamri, auteur, au destin tragique est né le 11 Octobre 1946 à Bougaa dans la wilaya de Sétif. Doué d'une grande sensibilité, il ne voyait plus qu'avec son cœur car il perdit la vue à l'âge de 16 ans. Il est décédé par suite d'une délicate opération du cœur le 28 septembre en 1995 à Paris. Il repose au cimetière de Montparnasse dans cette même ville au carré des poètes. Il fréquenta d'abord l'école coranique et l'école primaire dans son village natal avant de poursuivre ses études secondaires au lycée Eugène Albertini de Sétif, Mohamed Kerouani aujourd'hui. La perte de sa vue ne le découragea pas pour autant pour la poursuite de ses études à l'école des jeunes aveugles d'El Biar avant d'entamer de brillantes études supérieures à l'université d'Alger et à l'Ecole Normale des Instituteurs de Bouzaréah. Son passage à Paris en 1972 lui permis de soutenir son doctorat sur l'œuvre de Luis Bertrand Miroir de l'idéologie coloniale qui fut publié par l'Office des Publications Universitaires en 1880. Il fut aussi inspiré et touché par l'œuvre du poète algérien Jean Senac dont il consacra un essai qu'il considérait comme étant son œuvre majeure. Infatigable et insatiable inquisiteur sur les questions de son temps, sa disparition prématurée à l'instar du grand Rachid Mimouni ou de l'immortel Tahar Djout, Il nous légua une œuvre inachevée. Comme ses prédécesseurs ,Da Mouloud Mammeri au destin tragique ou Kateb Yacine le rebelle, et, malgré sa vertu et ses gloires à l'étranger Rabah Belamri est récipiendaire de multiples distinctions honorifiques et distinctives de reconnaissance pour son immense talent et pour ses œuvres. Il reste malheureusement méconnu ou non reconnu dans son pays.15 ans depuis sa disparition, ses paires et les autorités culturelles ne lui ont accordés à ce jour aucun souvenir commémoratif. Cependant, les grands ne meurent jamais. Lorsque je relis des passages de son livre « soleil sous le tamis » je ne perçois guère ce « regard blessé » ou ce « chemin de brulure », je revoie uniquement ce large sourire de Rabah qui appelle à l'amour et à la passion des ces talents perdus avec une « rose rouge »dans la main. Bibliographie * L'Œuvre de Louis Bertrand, miroir de l'idéologie colonialiste, Office des Publications Universitaires, Alger, 1980. * Les Graines de la douleur, contes populaires algériens, Publisud, Paris, 1982, * La Rose rouge, contes populaires algériens, Publisud, Paris, 1982. * Le Soleil sous le tamis, récit d'enfance autobiographique, Publisud, Paris, 1982, * Chemin de brûlure, poèmes, Editions de l'Orycte, Paris, 1983. * L'Oiseau du grenadier, contes algériens, proverbes et souvenirs d'enfance, Flammarion, Paris, 1986. * Le Galet et l'hirondelle, poèmes, l'Harmattan, Paris, 1985, * Proverbes et dictons algériens, L'Harmattan, Paris, 1986. * Regard blessé, roman autobiographique, Gallimard, Paris, 1987, Prix France-Culture 1987. * Jean Sénac : entre désir et douleur, essai, Office des Publications Universitaires, Alger, 1989. * L'Olivier boit son ombre, poèmes, Edisud, Aix-en-Provence, 1989, * L'Asile de pierre, roman, Gallimard, Paris, 1989, * L'Ane de Djeha, L'Harmattan, Paris, 1991. * Femmes sans visage, roman, Gallimard, Paris, 1992 (Prix Kateb Yacine), * Pierres d'équilibre, poèmes, Le Dé bleu, 1993. * Mémoire en archipel, recueil de récits, Gallimard, Paris, 1994, * Chronique du temps de l'innocence, Gallimard, Paris, 1996. * Corps seul, poèmes, Gallimard, Paris, 1998. Sur Rabah Belamri * Les Mots migrateurs, Une anthologie poétique algérienne, présentée par Tahar Djaout, Office des Publications Universitaires, Alger, 1984. * Jean Déjeux, Dictionnaire des auteurs maghrébins de langue française, Paris, Editions Karthala, * Anthologie de la littérature algérienne (1950-1987), introduction, choix, notices et commentaires de Charles Bonn, Le Livre de Poche, Paris, 1990