La charte pour la paix et la réconciliation nationale qui sera soumise au peuple par référendum, le 29 septembre prochain ne signifie pas amnistie générale ». C'est en ces termes et avec un ton catégorique que le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika lèvera toute équivoque sur la question devant de nombreux citoyens des wilayas de Sétif, Bordj Bou-Arréridj, M'sila et Jijel, lors du meeting qu'il a animé, ce jeudi, au stade du 8 Mai 45, de la capitale des hauts plateaux. Lors de cette rencontre populaire, le chef de l'Etat a souligné qu'il n'y avait ni texte, ni charte qui parlait d'amnistie générale. « Ceux qui parlent d'amnistie générale sont dans la confusion », car, a-t-il expliqué, le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale « ne concerne pas les harkis, les pieds-noirs, au même titre que ceux qui sont impliqués dans des massacres, des viols ou la pose de bombes dans des lieux publics ». « Seul Dieu peut accorder le pardon général », et que cela « n'est pas du ressort de l'homme ». « Il n'y aura pas non plus dans ce projet, d'amnistie fiscale », a-t-il expliqué tout en soulignant que l'unique objectif de la charte est la paix ». « Moi, je parle de paix et d'autres parlent d'amnistie fiscale, je suis contre l'amnistie fiscale », a-t-il encore précisé. Sous un soleil de plomb et devant une forte assistance, le premier magistrat du pays précisera que l'objectif escompté du projet de la réconciliation nationale n'est autre qu'un entérinement et un appui juridique à celui de la concorde civile. Le but recherché, a-t-il ajouté, est d'assurer au pays un retour à la paix et une sortie définitive de l'emprise de la violence, en assurant que sous son règne, il ne sera jamais question d'absoudre les harkis ou de permettre le rétablissement des pieds-noirs sur le sol algérien. Même si, a-t-il souligné, les pieds-noirs sont toujours les bienvenus en Algérie, un pays connu pour l'hospitalité et la générosité de son peuple. Le président de la République expliquera, par ailleurs, que les Algériens se devaient de tourner cette page noire de leur histoire marquée par une décennie de tragédie durant laquelle la République a été menacée par le chaos et pas moins de 100 mille personnes ont péri. Cette réconciliation vient comme une ultime étape de la remise sur rails du pays, après la folle période des années quatre vingt-dix, dira le Président Bouteflika. Et d'ajouter : « le fardeau qui m'a été mis sur le dos par 85% du peuple algérien durant les dernières élections présidentielles pouvait me servir de blanc-seing pour légiférer et mettre en application la charte mais le poids de la responsabilité historique de cette grandiose entreprise et mon devoir devant Dieu me poussent, encore une fois, au devoir de m'en remettre à la volonté du peuple auquel revient désormais le mot final et décisif ». Le premier magistrat du pays a, par ailleurs, exhorté la population à regarder l'avenir en face et de se démarquer à jamais de tous ces facteurs qui risquent d'ensevelir notre fierté nationaliste et d'inhiber nos forces vives à la veille de cette mondialisation incontournable et à quelques mois de l'adhésion de notre pays à l'OMC. Etalant sa propre analyse des causes qui ont conduit l'Algérie à sombrer, des années durant, dans une folle et meurtrière guerre civile, le chef de l'Etat pointera d'un doigt accusateur, même s'il ne les cite pas nommément, ceux qui ont poussé le peuple lors des évènements d'Octobre pour servir leurs propres intérêts et ceux d'autres forces occultes extérieures et bien hostiles au peuple algérien et à son salut. « En sortant dans les rues, les émeutiers d'Octobre ne réclamaient ni la démocratie, ni le multipartisme. Ils ont été sciemment poussés pour faire basculer tout le pays dans le chaos et le désespoir », dira-t-il à ce propos et d'ajouter : « je n'ai, certes, rien ajouté à mon discours, à ce que j'avais dit lors de mon meeting à Alger, ni à celui de Skikda mais j'espère avoir réussi à éveiller la conscience citoyenne chez cette population sétifienne qui a marqué de son sang l'histoire d'une Algérie alors en quête de sa liberté et de son identité nationale et qui a refusé en bloc de s'européaniser où de s'occidentaliser au détriment de nos valeurs islamiques ». Enfin, le président de la République ne manquera pas de rappeler que si la loi portant concorde civile avait permis de faire descendre des maquis un lot de 6.000 armes de guerre sur un ensemble de 12.000 pièces recensées et, plus important encore, le retour de plusieurs citoyens égarés à la raison et à la vie en société, la charte proposée à l'assentiment du peuple ne dispensera nullement l'Etat de frapper d'une main de fer ceux qui persisteraient dans la démarche terroriste. « La charte que je propose, qui du reste n'a rien d'une amnistie générale, n'est pas une carte d'abdication de l'Etat face aux hordes terroristes. C'est plutôt une main tendue du peuple pour une reconstruction sociale indispensable pour le devenir de notre pays », précise le Président. Le discours du chef de l'Etat, qui n'a pas épargné ceux qui ont utilisé la religion moyennant des bribes de hadith dont le sens fut détourné pour manipuler les citoyens et les induire en erreur, a été, faut-il le signaler, interprété par les observateurs de la région comme étant un plan final qui définira désormais la ligne rouge à ne pas dépasser et à laquelle le Président avait toujours fait allusion, sans toutefois en déterminer la nature. Au cours de son passage par la wilaya de Sétif, le président de la République et après avoir transité par le nouveau pôle universitaire d'El-Bez, s'est déplacé dans la ville d'El-Eulma où il a posé la première pierre du projet de réalisation de 2.000 logements sociaux participatifs. Zacharie S. Loutari, Source : Quotidien d'Oran