our nombre d'entre nous, Cyria, ne fût que ce simple nom qu'on pouvait négligemment lire sur les paquets de cigarettes que la SNTA commercialisait naguère. Pourtant l'étiquette de ces paquets véhiculait le nom et l'histoire d'une prestigieuse femme au destin exceptionnelle. Une héroïne qui avait précédé la Kahina, Fatma N'Soumer, Malika Gaïd et autres femmes, figures emblématiques de la résistance algérienne. Méconnue, comme l'est notre histoire ancienne que certains tenants d'un ordre établi veulent effacer, Cyria fut pourtant cette héroïne qui fit face aux légions Romaines du général Théodose vers 371 durant la révolte de Firmus, bien après le soulèvement de Tacfarinas, un autre héros du temps de Juba II . Dans leur progression, les troupes romaines eurent à affronter de nombreuses tribus qui s'étaient rassemblées à l'appel de Cyria, sœur de Firmus. Les numides de cette époque, pour les humiliations qu'ils subissaient , étaient faciles à exciter et à manipuler car ils nourrissaient tous une haine viscérale de ce qui s'apparentait aux Romains. La jeune femme était une amazone intrépide. Elle avait une belle allure, une solide constitution physique, un esprit ferme. Elle était indomptable comme le seraient bien plus tard, les héroïnes de la Révolution algérienne. Bien campée sur un coursier et les cheveux flottant en l'air, Cyria allait d'un groupe à l'autre pour haranguer et communiquer à ses guerriers son ardeur et sa détermination. Cela me fait penser à ces autres héroïnes de notre révolution, Zoulikha Oudai ou Malika Gaïd. Une fois qu'elles eurent franchi les hautes montagnes et quittèrent l'Ancorarius (Ouarsenis) pour se diriger vers Auzia (Sour El Ghouzlane) où tous les chemins et défilés étaient bien quadrillé par les troupes numides, dès l'apparition des premières colonnes des légionnaires Romains, Cyria tira son glaive de son fourreau et en hurlant elle lança son cheval au galop, les naseaux écumant ; Toute sa cavalerie s'ébranla sur ses traces avec fougue et impétuosité sans esprit de recul, pour affronter l'ennemi romain. Après une première charge héroïque, les troupes numides commandées par Cyria se retrouvèrent en prises avec les légions Romaines. Il s‘ensuivit un engagement et une lutte âpre, effroyable, sanglante et impitoyable. Harcelées de partout, les troupes d'invasion ne résistèrent pas longtemps face aux attaques fougueuses de leurs adversaires. Dominées et battues, elles se replient dans le désordre pour ensuite se reconstituer. Vainement, deux autres tentatives s'ensuivirent qui furent repoussées avec de lourdes pertes. Dans l'impossibilité d'entreprendre une percée à travers les détachements commandés par la jeune numide, le général Théodose ordonna le repli et bât en retraite. Il rebroussa chemin et s'arrêta à Mazuca (Mazouna) pour se remettre de ses émotions et panser ses blessures. Telle était une page d'histoire et d'héroïsme de la femme algérienne. Comme quoi, grâce à la SNTA, le souvenir de Cyria, notre héroïne, n'est pas parti en fumée ! Texte adapté de diverses sources historiques dont celle de Tahar Oussedik, La Berbérie.