Par ce rendez-vous disproportionné, la France entendait récupérer ses intérêts menacés dans ce vieux continent qu'elle avait déserté aux forceps pour aller voir normalement ailleurs. Entêtée, obstinée à vouloir encore en tirer le maximum, elle refuse de décrocher et continue de percevoir ces vastes territoires, ex-colonies, comme une annexion de facto qui méritent une approche plus managériale que nécessaire. Le regard réducteur de la France envers les pays de l'Afrique est perceptible à plus d'un cran. Elle prodigue des conseilles, oriente les politiques, intervient comme tuteur pour calmer les ardeurs des uns et des autres. Elle n'hésite nullement à saupoudrer les dictatures pour les dénoncer aussitôt que ses intérêts soient menacés. La France actuelle fait dans la politique de caméléon, et elle réussit étrangement à faire revivre de vieux concepts qu'elle lifte à ses convenances ! L'Afrique, pleine de frics, des richesses sous exploitées, du management primaire, une administration bancale, une bureaucratie bétonnée, une démocratie conjoncturelle, des dictatures compromises et j'en passe. Le legs colonial quoi. Et nous ?, nous, nous ne sommes surement pas exons de cette palette macabre liée à un sous-développement qui nous colle au derrière et qui peine à décoller. En dehors de la bénédiction Divine, nous vivons grâce aux énergies fossiles, aux subterfuges politiques et à la langue de bois aux abois. Que produisons-nous en réalité ?, presque rien que des rêves inachevés, aux prix trop élevés. Des pas gigantesques sont, certes, entrains d'être réalisés au plan matériellement quantitatif ; des logements, des autoroutes, des équipements publiques, des écoles et bien d'autres réalisations sans âmes et sans avenir. Loin de conforter cette idéologie sociétale tant recherchée qui puisse répondre attentes et aux aspirations d'une Algérianité confirmée. La douce France exerce sa fascination. L'Afrique avec toutes ses composantes, d'ex-colonies, même anglaises, serait incontournable aux rescousses d'une France mal en point. Le déficit budgétaire, une inflation progressive, une perte vertigineuse de la droite, un conflit permanant des religions, une émigration encombrante, de faux débat sur des sujets qui fâchent, et bien d'autres maux qui méritent un traitement particulier et une nécessaire et urgente revitalisation des relations avec la francafrique. Seul remède à ses multiples échecs en méditerranée et ailleurs. De son coté, le Président Bouteflika semble inscrire ses préoccupations autour des questions relatives à la sécurité du continent. Avait-il été assez de poigne pour briguer une place au sommet de la montagne du Conseil de sécurité. Sarkozy, sans promettre, s'octroi le rôle de plaider cette demande aux plus hautes instances mondiales. D'autant plus que les rivalités entre les pays africains se mesurent aux accointances de leurs dirigeants avec la France. L'Algérie qui cumule un contentieux assez pesant avec son ancien locataire ne semble nullement se frayer un chemin vers le sommet. La convoitise des sièges se réparti à la mesure des affinités des uns et des autres. Là, la politique et la diplomatie ne sont que secondaires. De la françafrique à l'Afrique France, c'est du pareil au même Si le président de la république, dans son intervention, a plaidé pour un rééquilibrage des forces pour la sécurisation du continent et le retour au dialogue et la concertation dans le règlement des conflits, cette noble vision ne sied surement pas aux objectifs occultes, d'une France qui ne peut soustraire ses dividendes que par la permanence des tensions et leur exacerbation en Afrique noire, ainsi que la possibilité d'intervenir en saint paterne. Elle affiche sa disponibilité pour s'ériger en recours incontournable dans la médiation Euro-africaine. Or, elle semble oublier ses crimes et ses méfaits durables qui sont à l'origine des conflits et des misères perpétuelles en Afrique comme au Maghreb et en Orient. Le droit d'ingérence fait encore son bonhomme de chemin. Il est confirmé en tant que droit consacré inaliénable. La mise en vaut la chandelle. L'Algérie affiche ses ambitions de redorer de nouveaux blasons. Et là, l'économie est en prime. Les investisseurs étrangers et en particulier les français qui occupent actuellement une place prépondérante dans l'échelle des nourriciers et d'inconséquents exportateurs, ne supporteront surement pas d'être marginalisés pour autant, ou sortir infructueusement de cette aubaine. La France doit revigorer ses investissements dans cette zone convoitée par les autres puissances occidentales. De la chasse gardée, elle perd au rythme des décolonisations, des espaces autrefois conquis par la « françafrique ». Rien ne semble lui réussir face aux échecs qu'elle cumule à l'intérieur comme à l'extérieur. L'Algérie représente-elle le Maghreb ? Seule l'Algérie à répondue à l'appel. Les pays du Maghreb se sont contenter pour certains d'envoyer leurs émissaires et d'autres comme la Lybie, s'en est abstenue. Fort de son statut d'être un des portes paroles de l'Afrique et initiateurs de l'EPAD, le Président de la république n'entendait surement pas laisser la place vide. Il prône la voie originale que nous propose la France, laquelle de son coté verse dans le dos rond. Les rencontres superficielles d'un sommet au plus bas de ses objectifs ne réduiront en rien l'élan revendicatif de la société civile algérienne et africaine sur les questions mémorielles. Ni le geste de la France, ni celui de l'Egypte ne peuvent effacer en l'espace d'une rencontre, même conviviale, les maux affligés à notre société. De nombreuses questions restent en suspens. L'opinion publique souhaite être au fait de cette politique bilatérale ? Quelle mesure donner aux déclarations de Sarkozy ? Si ce n'est la tentative de maquiller son insistance d'avoir convaincu le président à participer au sommet par le sentiment. Etant acquis à sa politique, les autres dirigeants des pays du Maghreb, à l'exception peut-être d'El Kadhafi qui agit souvent en solo, la présence de l'Algérie était hautement significative. Sarkozy a eu ce qu'il voulait. Ce qui ne lui accorde surement pas le droit à un répit du guerrier pour remettre aux calendes grecques les questions qui l'incommodent. Elles demeurent toutefois vivaces, même s'il tente de les reclasser à la case départ en déclarant qu' : « il serait important que les historiens puissent faire leur travail librement ». Une dérobade à la hauteur de son initiateur. Les productions littéraires ayant trait à l'écriture d'une histoire commune attestent et confirment à plus d'un titre, dans leur totalité, de la légitimé des revendications que : « la colonisation est un crime contre l'humanité ». Et, Dieu sait qu'elles sont légion à avoir relaté les faits. D'autant plus qu'elles avaient été écrites en France et par des historiens français, avant d'être relayés par les nôtres. Sarkozy tente effectivement de gagner du temps et joue sur l'éventualité de briguer un second mandat. Il a réussit à faire revivre cette françafrique chère à ses initiateurs. Cependant, il lui faut d'autres astuces et plus que des subterfuges pour convaincre tout un peuple dressé pour restituer la vérité et sa dignité. M. Bouteflika en France ? Avait-il plus de perceptions et d'acuité politique pour percevoir ce que nous ignorons ? s'interroge la rue. Est-ce une approche réconciliatrice dont il fait preuve, renouvelant ainsi l'occasion aux dirigeants français de se repentir, du moins accepté de s'excuser. Ou serait-elle une simple démarche diplomatique, intra-discipline, qui consiste à répondre aux sollicitations des pays, sur des questions qui semblent ne concerner qu'une partie des moult préoccupations. Et dans ce cadre, la diplomatie, peut-elle gérer séparément, la mémoire et l'économie ? Pour le commun des mortels, le corps est un et indissociable. La dualité de l'être est consacrée. Je donne ma langue au chat, je suis incapable de répondre aux interrogations de la plèbe. D'un autre coté, la France avait-elle le temps nécessaire, le long de ce cours sommet de deux jours, de discuter de l'ensemble des questions bilatérales qui la lient aux pays qu'elle accueille. Surement pas, alors quel intérêt trouvent certains pays à se dissoudre dans cette masse pour que seule la France en tire profit. La France court depuis plus de trois ans à vouloir re-cloisonner ses anciens territoires. Les richesses de l'Afrique sont l'unique préoccupation du moment. Le reste est accessoire, même si de part et d'autres on tente de justifier leurs adhésions. L'économie prime au détriment des questions de la mémoire. Outre l'incarcération injustifiée du diplomate Hasseni, le réveil du dit « massacre » des moines de Tibhirine, le dénigrement de « Hors-la-loi », la création d'une fondation pour la mémoire, la reconnaissance des harkis, la loi positivant le colonialisme, le classement de l'Algérie dans les pays à risques terroriste, la réaction épidermique autour d'une initiative d'incriminer le colonialisme. Où va la France avec son entêtement à vouloir toujours avoir raison et jamais tord, en usant même de subterfuges, de ruses et de malveillances pour atteindre ses objectifs. Elle est et demeure sur le band des accusés. Et, ce n'est surement pas à l'Algérie de la faire toujours preuve de bienséance. Une leçon à retenir… Le Président de la fondation du 8 mai 45 M.Boukherissa Kheiredine