S'il y a un artiste qui s'est fort bien distingué lors des dernières soirées ramadhanèsques, animées dans les différentes salles de spectacles de la ville de Sétif, c'est bien l'auteur et interprète du genre chaâbi, Mustapha Boutchiche qui propose un nouvel album. Il y a quelques jours, le troisième album de Mustapha Boutchiche a vu le jour, dans le contexte des soirées du mois de ramadhan. Entouré cependant de sept instrumentistes qui maîtrisent parfaitement leur sujet, le chanteur de chaâbi à la voix chaude, a saisi cette opportunité pour faire découvrir au public ses nouveautés. La chanson Essamhili ya loumima relève du terroir sétifien, elle est merveilleusement « habillée » au style chaâbi, tout comme la célèbre chanson Hadrou fina de Mustapha Allel. L'album contient également quatre autres chansons dont El ghorba, Habibi lebladi qui sont composées sur la base des textes de Tayeb Guettal et Moulet ezzine dont le texte revient à Farid Ennoui, Mustapha B. s'est en revanche chargé d'assurer les paroles et la musique de Ghab el fen. Cet artiste ne cesse pas de confirmer tout le bien que l'on sait de lui, il a fait ses débuts artistiques dans la maison de jeunes Tandja vers la fin des années 1970. Il n'a toutefois pas voulu emprunter le même chemin que les autres chanteurs sétifiens. Il s'est plutôt orienté au départ vers le hawzi et le malouf – musique andalouse – puis vers le chaâbi. C'est pour dire déjà que ce dernier registre tant aimé dans toute l'Algérie n'est pas l'apanage de l'Algérois. « C'est cheikh Benzergua qui m'a conseillé lors de mon passage au festival de Tlemcen de 1980 où j'ai présenté un répertoire hawzi et malouf, d'investir ma voix dans le chaâbi », nous a confié cet artiste qui a, depuis, commencé effectivement à se frayer un chemin artistique sur des bases solides dans genre musical cher à feu cheikh Mhamed El Anka. Il a commencé cependant dès l'année 1984 à participer au Festival national du chaâbi organisé chaque année à Alger. Et ce, avant de bénéficier d'une tournée au Sud de la France et en Belgique, initiée par le ministère de la Jeunesse et des sports, dirigé par M. Kamel Bouchama en 1988-1989. « Cette étape m'est bénéfique à plus d'un titre », nous a-t- il affirmé. Une année plus tard, Mustapha B. offrira au public et à ses admirateurs son premier produit. Un madih (louange) retraçant la vie du prophète Mohamed. Il prouvera par la même qu'il est une valeur sûre du chaâbi. Peu prolifique durant la décennie noire, pour des raisons évidentes, M. Boutchiche ne tardera pas à rattraper le retard, car sérieux et persévérant dans son travail. Ce qui lui a permis de sortir son deuxième disque en 2006. Une création comportant quatre titres dont celui intitulé Moulet El Khana qui a connu un succès dans les quatre coins du pays. Les paroles de cette chanson, à l'instar de Wine rana rayhine et Ness aâmar, conçue sous forme de clip de quinze minutes, sont puisées dans le patrimoine sétifien. Et c'est justement le point fort de cet artiste qui a réussi si bien dans cette fusion en cherchant notamment la bonne parole « sétifienne » et la musique raffinée qui lui convient dans les différents modes. Parallèlement à son troisième album (éditions Proson), l'artiste a également le mérite d'avoir composé une belle chanson écrite par Bouchnak Abderrezak sur la vie et l'oeuvre du regretté Abdelhamid Kermali, à commencer par ses premières touches de balle au sein de l'USFMS en passant par la glorieuse équipe du FLN jusqu'au sacre africain de l'équipe nationale en 1990. L'artiste du chaâbi « sétifien » propose ainsi un répertoire aussi vaste que varié, mais il reste malheureusement peu médiatisé en dépit de son art et de son grand talent. Paru aujourd'hui sur le Jeune Indépendant