Asimbonanga -------------------- (Nous ne l'avons pas vu) Asimbonang 'uMandela thina ----- (Nous n'avons pas vu Mandela) Laph'ekhona -------------------- (À l'endroit où il est) Laph'ehleli Khona -------------- (À l'endroit où il est conservé)
Johnny Cleg Je n'ai rien renié de mes découvertes d'adolescent sur l'Apartheid et l'Afrique des deux Rhodésie et des innombrables bantoustans, pays au-delà des "limes" des temps modernes et d'une autre géographie que nos déserts familiers, peuplés aussi de lions, d'éléphants et d'hippopotames, comme le furent les terres d'exil de nos ancêtres, pour y cantonner les barbares noirs de ces contrées lointaines, zoulous, buchmans et autres. Je suis resté toujours méfiant à l'égard de la partie australe du Continent, coincée entre chutes du Zambèze, admirées et décrites par les explorateurs, le Désert des Namibs, fouillé au centimètre carré près par les fourmis boers, et le Cap de Bonne-Espérance, contourné par Magellan. J'avais cru voir dans les rires mondialement partagés et provoqués par le film : ‘Les Dieux sont tombés sur la tête' et sa suite, l'espoir de voir les rapprochements se faire et les regards s'ouvrir sur d'autres paradigmes que ceux qui fondent la Civilisation dite Universelle. Les musiques, danses, transes et chants du "zoulou blanc", Johnny Cleg, à l'âge des émotions partagées, s'accommodaient parfaitement d'images furtives vues à la télévision, de protestations chantantes et de colères dansantes, d'hommes aux visages et aux torses nus et coloriés. Le "zoulou blanc" nous restituait la part de ce que les autres civilisés voulaient soustraire à nos appréhensions. Les grandes manifestations sportives, les nouvelles, les avancées considérables mesurées à l'aune de nos propres reculs, les progrès considérables accomplis par les peuples noirs, métis, asiatiques et blancs sans distinction, de ces pays devenus fréquentables, ce que m'ont racontés ceux qui y sont allés, n'ont pas totalement dissipé mes inquiétudes. ‘Invictus' et ‘Goodbye Bafana' ne furent que les reconnaissances tardives, mises en images d'une fiction respirant profondément les réalités restituées des souffrances puis du sourire qui ne s'effaçait plus de Madiba, rendu à la vie et au sien, pour relever d'autres défis. Mais enfin, en grande partie grâce à ses films, à Clint Eastwood et surtout Morgan Freeman maquillé à s' y méprendre en dernier héros du monde libre, l'Afrique australe avait son identité, soluble dans nos incontinences. Madiba a pu ainsi mourir tranquille. Prière pour l'Absent.