Avec la fin de la tr?ve entre le Hamas et Isra?l, la situation ? Ghaza, sous blocus aux allures de catastrophe humanitaire ? huis clos, risque ? tout moment de basculer vers l?inconnu. Joint par t?l?phone, Bilal Djadallah Salem, directeur du Centre palestinien ind?pendant de service aux m?dias (PIC), lui aussi ?prisonnier? dans la zone sous blocus, d?crit pour La voix de l?Oranie la souffrance des habitants de Ghaza et l?impasse du dialogue entre le Hamas et le Fatah. Entretien. La voix de l?Oranie: Pouvez-vous nous d?crire la situation sociale et humanitaire ? Ghaza? Bilal Djadallah Salem : Il n?y a pas de mots pour d?crire la situation sociale et humanitaire ? Ghaza, o? l?attitude criminelle d?Isra?l prive les Palestiniens de tout ce qui est vital. La bande de Ghaza, comme vous le savez, est totalement ferm?e et isol?e, par mer et par terre et ses quatre passages ?troitement contr?l?s, ferm?s en permanence et qui n?ouvrent que pour des cas exceptionnels. Quant ? la fa?ade maritime de Ghaza, celle-ci vit un blocus dont la f?rocit? n?est pas moindre par rapport au reste du dispositif. Toute tentative de p?n?trer l?espace marin de Ghaza est repouss?e ? coups de canon par les forces navales isra?liennes qui tirent sans sommation aucune. Quant au blocus a?rien, le monde entier entend, tous les jours, parler des raids isra?liens qui tuent des Palestiniens ou d?truisent leurs maisons sous pr?texte de la poursuite de militants palestiniens. Cette situation de blocus, ? tous les niveaux, a eu des effets n?gatifs sur la situation ?conomique et sociale. La premi?re de ces cons?quences a ?t? la p?nurie des produits alimentaires, puisque des mati?res de base ont totalement disparu du march? local alors que les forces d?occupation en emp?chent l?acc?s ? Ghaza. Economiquement, les travailleurs ne vont plus au travail, les usines et les fermes sont ? l?arr?t et aucun employ? ne touche, d?sormais, son salaire depuis de longs mois. L?argent, dans toutes les monnaies, se fait rare et les banques sont toutes menac?es de faillite, surtout avec la crise de liquidit?s ? tous les niveaux, qu?il s?agisse des entreprises, des commerces ou des m?nages. A Ghaza, c?est le plus haut taux de ch?mage au monde (avec pr?s de 80%, ndlr). En plus de cela, personne ne peut quitter les lieux et tous sont condamn?s ? subir une situation injuste et criminelle. M?me le gaz et l??lectricit? sont inaccessibles, ce qui fait que le r?ve d?un Palestinien de Ghaza se limite, aujourd?hui, ? une bonbonne de gaz ou ? quelques heures d?alimentation ?lectrique. Tout cela, parce qu?Isra?l emp?che l?arriv?e des carburants n?cessaires au fonctionnement des centrales ?lectriques, laissant les Palestiniens passer leurs nuits ? la lumi?re des bougies qui sont, elles aussi, difficiles ? trouver. Face ? cette situation, les Palestiniens doivent se d?brouiller tous les jours pour survivre. C?est comme ?a que des dizaines de tunnels ont ?t? creus?s un peu partout entre Ghaza et l?Egypte pour faire passer clandestinement des carburants, des denr?es alimentaires ou des m?dicaments. On y a m?me pass? des ovins pour l?A?d Al-Adha. Pour r?sumer, c?est gr?ce ? ces tunnels que les Palestiniens vivent et s?approvisionnent comme ils peuvent. Le plus grave est que cela a lieu au milieu d?un silence mondial, arabe et musulman, sans qu?une grande partie ne bouge pour mettre fin ? ce blocus qui n??pargne ni enfant, ni vieux, ni malades. - Justement, qu?en est-il des h?pitaux et des ?coles? - Les h?pitaux et les ?coles ne sont pas en reste. Les forces d?occupation ne laissent rien entrer ? Ghaza, ni mat?riel m?dical, ni fournitures scolaires. S?il n?y avait pas du carburant provenant de la contrebande, il n?y aurait pas d??lectricit?, ni dans les h?pitaux ni dans les ?coles. De toute fa?on, beaucoup de services m?dicaux sont ferm?s et les m?decins au ch?mage technique. Il n?y a de puissance que pour faire marcher les services des urgences m?dicales. Pour ce qui est de la scolarit? des enfants, ces derniers r?visent leurs le?ons ? la lumi?re des bougies ou alors ils ne le font pas. Certains utilisent des lampes ? p?trole, des objets qui ont disparu depuis des d?cennies et qui sont tr?s recherch?s ? Ghaza? en 2008 ! - Comment vit-on, ? Ghaza, l?affaire des bateaux humanitaires? - Ces bateaux sont le minimum de solidarit? que les institutions et peuples arabes peuvent t?moigner envers les Palestiniens qui vivent ce blocus injuste. Il est vrai que les habitants de Ghaza accueillent favorablement tout geste de solidarit? arabe ou musulman, ? l?image de ces bateaux, malgr? l?interdiction de leur passage par la marine de l?occupation. Nous prions pour que les dirigeants arabes envoient des dizaines, sinon des centaines de ces navires pour mettre Isra?l devant ses responsabilit?s et briser le blocus ? huis clos qu?il impose. Cela, en tous cas, ne fera que relever nos motivations et renforcer notre d?termination. - Peut-on savoir ce qui s?est pass? pour les Hadjs emp?ch?s de se rendre ? la Mecque? - Je crois savoir que ce qui a emp?ch? les Hadjs palestiniens d?aller accomplir leur p?lerinage ? la Mecque est le r?sultat de m?sententes politiques entre le mouvement Hamas et le Fatah, sachant que les Palestiniens demandent ? ce qu?il soit mis fin au plus vite ? cette situation de division. Nous voulons le retour au dialogue et le renforcement de l?unit? nationale et c?est l? une demande populaire plusieurs fois exprim?e et ? laquelle concourent, heureusement, nos fr?res Arabes. - Quel est justement l?avenir de ce dialogue qui est dans l?impasse totale? - Je pense qu?il existe beaucoup d?efforts consentis par plusieurs parties et notamment par des pays arabes pour relancer un dialogue imm?diat et global afin de sortir des divisions internes qui nuisent ? la cause palestinienne. Ce que je peux dire aussi, c?est que ces efforts, pourtant ?vidents, n?ont pas l?air d?avoir r?alis? les r?sultats n?cessaires, sans qu?ils soient trop ?loign?s de leur but initial. Le plus important reste, ceci dit, que cette relance du dialogue ait lieu et qu?elle d?bouche sur des solutions applicables et respect?es par les deux parties. Propos recueillis par Amine B.