CLXXXXIIIe nuit Bostane, qui n?avait pas voulu rentrer chez son p?re, dont la maison fut ras?e d?s le m?me jour, et qui n?avait pas perdu le prince Assad de vue jusqu?au palais, fut envoy?e ? l?appartement de la reine. Le vieillard son p?re et Behram, amen?s devant le roi avec leurs familles, furent condamn?s ? avoir la t?te tranch?e. Ils se jet?rent ? ses pieds et implor?rent sa cl?mence. ?Il n?y a pas de gr?ce pour vous, reprit le roi, que vous ne renonciez ? l?adoration du feu, et que vous n?embrassiez la religion musulmane.? Ils sauv?rent leur vie en prenant ce parti, de m?me que Cavame, s?ur de Bostane, et leurs familles. En consid?ration de ce que Behram s??tait fait musulman, Amgiad, qui voulut le r?compenser de la perte qu?il avait faite avant de m?riter sa gr?ce, le fit un de ses principaux officiers et le logea chez lui. Behram, inform? en peu de jours de l?histoire d?Amgiad son bienfaiteur et d?Assad son fr?re, leur proposa de faire ?quiper un vaisseau et de les ramener au roi Camaralzaman, leur p?re. ?Apparemment, leur dit-il, qu?il a reconnu votre innocence et qu?il d?sire impatiemment de vous revoir. Si cela n?est pas, il ne sera pas difficile de la lui faire reconna?tre avant de d?barquer, et, s?il demeure dans son injuste pr?vention, vous n?aurez que la peine de revenir.? Les deux fr?res accept?rent l?offre de Behram; ils parl?rent de leur dessein au roi, qui l?approuva, et donn?rent ordre ? l??quipement d?un vaisseau. Behram s?y employa avec toute la diligence possible, et, quand il fut pr?t ? mettre ? la voile, les princes all?rent prendre cong? du roi, un matin, avant d?aller s?embarquer. Dans le temps qu?ils faisaient leurs compliments et qu?ils remerciaient le roi de ses bont?s, on entendit un grand tumulte par toute la ville et, en m?me temps, un officier vint annoncer qu?une grande arm?e s?approchait et que personne ne savait quelle arm?e c??tait. Dans l?alarme que cette f?cheuse nouvelle donna au roi, Amgiad prit la parole: ?Sire, lui dit-il, quoique je vienne de remettre entre les mains de Votre Majest? la dignit? de son premier ministre, dont elle m?avait honor?, je suis pr?t n?anmoins ? lui rendre encore service, et je la supplie de vouloir bien que j?aille voir qui est cet ennemi qui vient vous attaquer dans votre capitale, sans vous avoir d?clar? la guerre auparavant.? Le roi l?en pria, et il partit sur-le-champ, avec peu de suite. Le prince Amgiad ne fut pas longtemps ? d?couvrir l?arm?e, qui lui parut puissante et qui avan?ait toujours. Les avant-coureurs, qui avaient leurs ordres, le re?urent favorablement et le men?rent devant la princesse, qui s?arr?ta avec toute son arm?e, pour lui parler. Le prince Amgiad lui fit une profonde r?v?rence et lui demanda si elle venait comme amie ou comme ennemie, et, si elle venait comme ennemie, quel sujet de plainte elle avait contre le roi son ma?tre.