Gazprom, le g?ant russe qui sert de tube digestif gazier ? toute l?Europe, veut mettre le continent africain sur son tableau de chasse des clients. Et pour y parvenir, cette compagnie souhaite s?appuyer sur la Sonatrach en prenant pied dans l?exploration des gisements de gaz en Alg?rie. Objectif non avou?: accentuer son monopole de l?exportation du gaz vers l?Europe o? la Sonatrach dispose pour l?instant de parts du march?. C?est l?interpr?tation faite par des analystes russes, sur l?accord que vient de signer Gazprom avec la Sonatrach, ? l?agence Ria Novosti. Mais les pr?tentions strat?giques de Gazprom ne s?arr?tent pas l?. L?analyste de la soci?t? d?investissements, Arbat Kapital, Vitali Gromadine, a estim? hier qu?il est ?probable? que Gazprom parvienne dans l?avenir ? conqu?rir une part consid?rable de l?industrie gazi?re de l?Alg?rie et du Nigeria et ? participer apr?s au gigantesque projet de gazoduc transsaharien. C?est donc une tentative d?OPA sur l?industrie gazi?re alg?rienne que Gazprom voudrait entreprendre. Le m?me analyste estime qu?apr?s avoir d?croch? une place de choix en Alg?rie et au Nigeria, il serait ?tr?s difficile d?emp?cher l?augmentation de la part du monopole de Gazprom dans les livraisons de gaz aux pays de l?Union europ?enne?. Ces pr?visions strat?giques, qui ne sont pas les bienvenues pour l?Alg?rie, se basent sur les implications du contrat sur la prospection et l?extraction des hydrocarbures du gisement alg?rien d?El-Assel, entre Gazprom et Sonatrach, rendu public par le quotidien russe RBC Daily. En vertu de cet accord, le monopole russe a obtenu 49% du projet et envisage d?investir dans la prospection g?ologique du site au moins 55 millions de dollars. Malgr? les pertes consid?rables enregistr?es par le groupe russe dues ? la crise gazi?re, les experts estiment qu?il n?a pas renonc? ? faire son entr?e sur les march?s africains via l?Alg?rie. Les estimations pr?liminaires font ressortir que les r?serves r?cup?rables du gisement d?El-Assel (3.083 km2 dans le bassin de Berkine) se chiffrent ? pr?s de 30 millions de tonnes de p?trole. Cela ?tant dit, les responsables de Gazprom, dirig?s directement ? partir du Kremlin, savent que l?Alg?rie poss?de ?des r?serves ?normes de ressources ?nerg?tiques?. C?est pourquoi l?entr?e sur le march? alg?rien est consid?r?e comme ?une question cruciale? pour la plupart des compagnies russes compte tenu des avantages comparatifs immenses qu?elles pourraient en retirer. Celles-ci prennent donc le risque d?accepter ?toutes les conditions de la partie alg?rienne?, estime Piotr Kliouev, directeur du d?partement Due Diligence de la2K Audit -delovy?e konsoultatsii. Ce faisant, les analystes appellent les investisseurs russes a consid?rer la signature de ce contrat par Gazprom ?comme un signal ?loquent, car le holding russe a administr? la preuve de son assurance et n?a pas renonc? ? sa strat?gie d?implantation sur les march?s africains?. Cette strat?gie expansionniste et monopolistique de Gazprom l?ve un coin de voile sur les motivations russes de lancer un cartel du gaz semblable ? celui du p?trole. Un ?ventuel contr?le par Gazprom du march? du gaz ?quivaudrait en effet ? une arme g?opolitique qu?elle utiliserait pour dicter sa politique ? l?Europe. La r?cente d?cision de fermer les vannes ? l?Ukraine confirme cette d?marche strat?gique du Kremlin.