Animant, hier, une conf?rence au Centre strat?gique d?Ech?ab, sur ?les exp?riences ?lectorales en Alg?rie?, le sociologue et chercheur au CREAD, Nacer Djabi, met en garde contre ?des ?lections non transparentes et les blocages dress?s contre l??lecteur alg?rien, de plus en plus recroquevill? sur son individualit?, ce qui pourrait ?tre tr?s co?teux pour le d?veloppement du pays et ? l?origine de l?apparition de beaucoup de fl?aux sociaux.? Dans son analyse sociologique du ph?nom?ne des ?lections dans notre pays, M. Djabi estime que ?le comportement ?lectoral en Alg?rie n?a aucune assise. Il se dilue dans des approximations qui ont fini par dissoudre les grandes orientations ?lectorales.? Il reconna?tra cependant l?absence d??tudes et de donn?es fiables sur cette pertinente question qui revient sans cesse ? la veille de chaque rendez-vous ?lectoral. Selon lui, ?l?Alg?rie n?a connu jusqu?ici que quatre exp?riences pluralistes, ind?pendamment de celles du parti unique?. La probl?matique de l??lection se perdant ainsi ?dans de simples impressions et d?exp?riences personnelles de partis ou de personnalit?s, au lieu d??tre d?cortiqu?e comme ?tant un objet d??tude scientifique et acad?mique.? Qui va s?int?resser aux ?lections en Alg?rie ? Quelles sont les caract?ristiques du comportement ?lectoral ? Qu?est-ce qui distingue l?exp?rience ?lectorale ? Telles sont les principales interrogations du sociologue, auteur de ?L?histoire du syndicalisme en Alg?rie?. A ce propos, M. Djabi remarque qu??on ne peut pas isoler le ph?nom?ne des ?lections de la vie partisane, mais aussi du syst?me politique en place?. Dans son ?tude, il consid?re que ?les ?lections en Alg?rie mobilisent, au sens vertical, en se dirigeant soit vers une personne soit un programme, ou au sens horizontal en faisant une classification d?ordre r?gional: Nord, Hauts-Plateaux et Sud?. D?o?, d?apr?s lui, une forte inclinaison pour le crit?re d?appartenance comme donn?e essentielle durant les campagnes. Seulement, Nacer Djabi a tenu ? signaler une certaine ?volution durant les ?lections pass?es, au cours desquelles les grandes villes et les nouvelles agglom?rations enregistrent de plus en plus une participation tr?s timide aux ?lections par rapport ? la moyenne nationale, tendant de plus en plus vers l?opposition et le boycott. Contrairement aux wilayas de l?int?rieur, du Sud ou frontali?res qui enregistrent, quant ? elles, une forte participation au profit du pouvoir en place. A l?exception, cependant, de la Kabylie qui demeure, selon lui, pour des facteurs historiques et sociologiques, le bastion des partis enracin?s dans la r?gion. Toujours selon M. Djabi, ?ce renoncement ? l?acte ?lectoral et la d?saffection populaire s?expliquent essentiellement par des facteurs d?mographiques li?s, notamment, ? la cat?gorisation sociale o? la gent f?minine s?est ?mancip?e et devient un acteur principal dans le jeu ?lectoral?. M?me chose pour la classe moyenne qui affirme, du point de vue psychologique, son ?moi? et son autonomie, ne se d?terminant plus dans la vie politique actuelle et s??loignant des discours officiels et partisans. S?y ajoute ?l?urbanisation progressive du pays, l?Alg?rie devenant de plus en plus citadine, ce qui affecte dans une grande proportion l?acte ?lectoral?. ?Le syst?me politique a ?chou? dans la mobilisation de la classe moyenne et trouve des difficult?s ? mobiliser d?autres cat?gories sociales, ce qui explique en gros la crise actuelle des institutions?, rel?ve enfin M. Djabi qui conclut ainsi: ?Apr?s que les partis ont r?ussi, par le pass?, ? jouer sur la fibre religieuse ou tribale, ou proprement r?gionaliste, ils sont aujourd?hui en butte ? un comportement individualiste et rebelle des ?lecteurs?. Pour sa part, Le Pr. Aggoun, enseignant ? l?ENA et ? l?Ecole sup?rieure de la magistrature, et membre des fameuses commissions de r?forme du syst?me ?ducatif, des structures et missions de l?Etat et de la Justice, estime qu??il y a lieu d?ouvrir le d?bat sur la question de la repr?sentation qui rev?t un aspect positif, plut?t que de se concentrer sur l?acte ?lectoral en lui-m?me?. Selon lui, ?la classe politique ne s?est pas encore accord?e pour d?finir les crit?res de la repr?sentativit?, incarn?s par des symboles modernes plut?t que traditionnels, notamment dans ses aspects religieux, linguistiques et d?int?r?ts sociologiques, que sur la citoyennet?. C?est ? partir de l? que la crise institutionnelle s?est aggrav?e alors que la Constitution, cens?e ?tre la loi fondamentale, est b?tie sur de simples articles plut?t que sur la repr?sentation, v?ritable enjeu politique?. Pour le sp?cialiste en droit constitutionnel, ?l?id?e de la repr?sentation pose toujours probl?me, ce qui explique en gros la r?ticence dans l?acte ?lectoral?.