Invit?, hier, au centre d??tudes strat?giques d?Ech-cha?b, Robert Mortimer, sp?cialiste am?ricain du Maghreb et des Affaires alg?riennes, ayant ? son actif une quarantaine de publications sur notre pays, pense qu?on doit du cr?dit au Pr?sident Bouteflika pour son projet de r?conciliation nationale. T?moin vivant de la d?cennie noire, depuis 1993, le professeur Mortimer soutient que l?Alg?rie en est sortie divis?e par la trag?die au cours de laquelle il a assist?, selon lui, ? la mort de ses amis et des gens qu?il connaissait. ?Ce que je peux vous dire, c?est que le Pr?sident a entam? le processus de r?conciliation depuis la concorde civile 1999, suivi du r?f?rendum pour la charte ? la paix et la r?conciliation nationale en 2005, et ?a a march? plus ou moins puisque l?Alg?rie a une meilleure position qu?avant?, dira-t-il. Pour l?expert qui a consacr? un article sur ?la guerre civile en Alg?rie?, d?battu ? cette ?poque ? Washington, ce qu?a endur? l?Alg?rie durant ces ?v?nements a donn? lieu ? une solution certes imparfaite mais qui r?pond du moins ? un probl?me tr?s grave. M?me si, d?apr?s lui, il existe encore des contraintes ? son application. Sur la lutte antiterroriste, le Pr. Mortimer souligne qu?on doit lutter contre des gens qui s?appellent Al-Qa?da du Maghreb islamique (AQMI), mais pense que la politique nationale dans l?ensemble ne doit pas ?tre domin?e par la question antiterroriste. En r?ponse ? ceux qui voulaient confiner la r?gion du Maghreb comme une sous-traitance de l?Europe, notamment dans le cadre de l?Union pour la M?diterran?e (UPM), Robert Mortimer lui substitue une meilleure politique int?grante vers l?Afrique. D?autant plus que, rappellera-t-il subtilement, ?la derni?re visite d?Obama en Turquie et son soutien ? son int?gration ? l?Union europ?enne, donc ? une relation de bon voisinage avec le monde musulman, est une mani?re de se distinguer par rapport ? l?Europe?. A la question ?Est-ce que l?Afrique, y compris le Maghreb, va ?tre un p?le important dans la nouvelle vision de l?actuel locataire de la Maison-Blanche??, la r?ponse du Pr. Mortimer est relative: ?Les pays africains et ceux de la partie Nord du continent ne sont pas encore suffisamment organis?s et unifi?s pour esp?rer avoir une red?finition g?opolitique dans l??tat actuel des choses, m?me si Obama, l?Africain, a l?intention de se focaliser sur cette partie du monde? en nommant dans son ?quipe Susan Rice, ancienne secr?taire d?Etat adjoint aux Affaires africaines sous Bill Clinton, comme ambassadrice des Etats-Unis ? l?ONU, et qui, selon Mortimer, a de l?exp?rience et pourrait donner de l?importance ? l?Afrique. Idem, pour la nomination de James Johns comme nouveau directeur du Conseil national de s?curit? (NSI). Selon l?expert, cet ex-commandant en chef de l?OTAN est impliqu? dans la cr?ation de l?initiative de la ?transsaharienne contre le terrorisme?, un aspect g?opolitique important dans la r?gion qui aura ? suivre l??volution de cette initiative. Obama a nomm?, ?galement, rappellera-t-il, un ancien diplomate aux Affaires africaines, le progressiste J. Carlson qui, selon le sp?cialiste Mortimer, a ?t? un bon augure pour le changement voulu par Obama. Certes, poursuit-il, on n?a pas nomm? un secr?taire adjoint au Moyen-orient, sauf un int?rimaire et un repr?sentant sp?cial dans cette r?gion, le chevronn? George Mitchell. Mais, il est important de souligner, pr?cisera-t-il, le r?le de Hillary Clinton comme secr?taire d?Etat et qui a visit?, par le pass?, l?Afrique et le Maghreb en tant que premi?re dame des USA, ce qui lui donne une certaine exp?rience en la mati?re sur le plan de la politique ?trang?re. Enfin, commentant le dernier rapport US sur le Sahara occidental, publi? par Potomac Instiute for Policy Studies, un institut am?ricain d??tudes internationales bas? ? Washington, et qui favorise l?option marocaine d?autonomie de cette r?gion, le Pr. Robert Mortimer accuse la main de l?influent William Zartman, professeur des organisations internationales et de la r?solution des conflits ? John Hopkins University et consultant au D?partement d?Etat de la politique internationale des Etats-Unis. Ceci dit, le Pr. Mortimer, ami de l?Alg?rie depuis 1965, doute fort que l?Administration Obama va suivre les conclusions de ce rapport, contrairement aux n?o-conservateurs qui jugeaient favorablement la th?se marocaine. Pour lui, la question du Sahara occidental, inconnue jusqu?? pr?sent des d?bats au niveau des instituts am?ricains, est tomb?e dans la sph?re d?influence des Europ?ens (France et Espagne). Enfin, il souhaite que la diplomatie active et le soft power d?Obama feront avancer la r?solution de ce conflit.