Rassembler les Alg?riens ? Lorsqu?il est fait le constat que sur le plan des id?ologies, sur celui des projets de soci?t? (c?est toujours ? l?heure et rien ne les a effac?s ou temp?r?s), les diff?rences en sont encore ? se menacer au lieu de se surmonter, il appara?t qu?avec le temps, ? ce jour, ne se dessine pas encore la voie m?diane qui minimise les ?carts id?ologiques, au point o? si acc?de ? la magistrature supr?me un repr?sentant de ces courants politiques, il sera fatalement un candidat de fracture. Ces diff?rences sont si grandes qu?il ne semble pas du tout que des couches enti?res des populations aient eu le m?me v?cu culturel, qu?elles aient v?cu dans le m?me pays, qu?elles se r?f?rent au m?me pass?, qu?elles regardent vers le m?me avenir, qu?elles consid?rent qu?elles ont la m?me destin?e, qu?elles ont la m?me conception de l?Etat, et qu?elles acceptent de vivre dans le m?me syst?me politique. Les d?mocrates ont raison quand ils disent que la continuit? des grandes politiques de l?Etat ne peut se faire que dans un champ politique exclusivement d?mocrate, et m?me que les alternances ne peuvent se faire de mani?re douce que lorsque tous les partis qui activent l?galement doivent ?tre des partis d?mocrates. Les islamistes ?galement ont raison dans leur propre r?f?rentiel lorsqu?ils disent que la continuit? des grandes politiques de l?Etat ne peut se faire que dans un champ politique exclusivement islamiste, et m?me que les alternances ne peuvent se faire de mani?re douce que lorsque tous les partis qui activent l?galement doivent ?tre islamistes. Pourrions-nous soutenir alors que, par rapport ? l??poque de l?entr?e dans le multipartisme, faire ?lire en 2009 un ?janvieriste? ou un candidat qui ?tait contre l?interruption du processus qui devait confier le gouvernement ? un parti islamiste, provoquerait fatalement la r?surgence des anciens clivages et un retour ? la case d?part, c?est-?-dire ? rallumer la source des incompatibilit?s et des ins?curit?s? Faudrait-il tirer des le?ons du fait que, de notre pass?, ne nous sont parvenus que les ?l?ments de nos divisions et pas ceux de notre fiert? ? Pourquoi, de notre histoire, ne nous parviennent que les histoires ? Il y a bien, quelque part, quelque chose qui ne va pas bien et nous sommes en train d?en faire l??conomie de la r?flexion. Lorsque, par exemple, il est soutenu que le terrorisme est un ph?nom?ne ?tranger ? notre soci?t?, peut-?tre bien que cela soit vrai ou que cela risque d??tre faux, l?important n?est pas dans cette affirmation qui ne nous avance gu?re dans la connaissance de celui-ci, mais plut?t dans son analyse pour pouvoir trouver la th?rapie ad?quate. Peut-?tre que si nous avions, d?s le d?part, investi dans une approche sociologique de ce ph?nom?ne, nous serions ?ventuellement parvenus, au moins en partie, ? d?truire des motivations au m?tier de terroriste. Plut?t que de privil?gier la d?marche de retrait de la couverture politique aux groupes arm?s, aurait-il fallu s?appuyer sur des ?tudes sociologiques pour investir dans la d?naturation de leurs motivations ? Il est effarant le nombre d?opportunit?s rat?es ? investir dans la recherche des solutions immat?rielles qui auraient contribu? ? recourir moins ? l?emploi des moyens de s?curit?. Lorsque, par exemple, on affirme que la consommation de drogues est un ph?nom?ne ?tranger ? notre soci?t?, l? encore on rate l?opportunit? d?un recours aux sciences sociales pour cerner ce ph?nom?ne et, bien ?videmment, on privil?gie partiellement l?action polici?re sans s?en attaquer aux causes. Si, parfois, la r?flexion nous r?pugne, il y a des discours qui amorcent le d?but de la r?flexion puis, brutalement, connaissent une coupure d?finitive. Prenons un exemple. Lorsque R?da Malek, en tant que chef de gouvernement, eut cette intelligente et belle d?claration sur le plan intellectuel, ? savoir que l?int?grisme est la matrice porteuse du terrorisme, il aurait d? achever le produit de sa r?flexion et dire, par exemple, a contrario, que la la?cit? est la matrice porteuse de la d?mocratie. Pourquoi le chef du gouvernement n??tait-il pas all? jusqu?au bout de ses convictions?