Apr?s neuf jours de campagne, sans dire un mot sur ses adversaires dans la course ? la pr?sidentielle, le candidat Bouteflika rompt enfin son silence, en saluant, lors de son passage dans la capitale du Djurdjura, le combat de Louisa Hanoune pour la condition f?minine et la voie socialiste qu?elle n?a pas cess? de d?fendre tout au long de ses meetings. Pour les observateurs avis?s de la sc?ne politique, le discours encenseur du pr?sident candidat en faveur de la candidate du Parti des travailleurs porte en lui une double signification politique. A savoir que le seul programme, ? m?me de rivaliser avec le sien, est celui de la SG du PT qui n?arr?tait pas de descendre en flammes l?option lib?rale du pr?sident sortant en plaidant, d?embl?e, pour des r?formes ? la v?n?zu?lienne. Et que cette mise en selle en guise de flatterie ? l?ego de son adversaire n?est qu?une reconnaissance en soi de son prochain outsider dans les joutes pr?sidentielles d?avril 2009. Mettant du coup ? l??cart les quatre autres candidats en lice, dont les ?l?ments du programme ?lectoral sont plut?t enclins au rab?chage de sa th?matique que la d?fense d?une v?ritable alternative. En outre, le Pr?sident Bouteflika a eu d?j?, par le pass?, ? se ressaisir dans des dossiers aussi sensibles que la fameuse loi sur les hydrocarbures ou la privatisation des entreprises strat?giques que la chef de file du PT, d?j? candidate en 2004, en a fait des chevaux de bataille. Des voies diff?rentes, l?une ? connotation lib?rale et l?autre socialiste, qui mettaient au prise deux candidats ? la pr?sidentielle, dans un contexte de contestation sociale g?n?ralis?e, mais aussi de remise en cause des choix politiques, et surtout ?conomique, plong? dans un environnement de crise ?conomique mondiale. Si le candidat Bouteflika tient dur comme fer ? ses r?formes et ? son bilan d?cennal, Louisa Hanoune ne l??coute pas de cette oreille, lui reprochant le maintien en poste de ses deux hommes de main, en l?occurrence Chakib Khelil et Abdelhamid Temmar. Excellant dans ses positions populistes, en jouant sur le registre du marasme social, Da Louisa, comme l?appellent ses amis, a gagn? du terrain dans les couches d?favoris?es qui se d?marquent de plus en plus des choix douloureux des ann?es de compression massive. En faisant de l?augmentation du SMIG, ? 35.000 DA, son sujet de pr?dilection qu?elle fait miroiter aux yeux des travailleurs. Bien plus, elle tente ?galement de jouer sur le subconscient de la masse, en ressuscitant les ann?es de la mobilisation socialiste et du prol?tariat, en affichant tant?t ?l??pouvantail? du tout privatisation et du souverainisme, tant?t en promettant la renationalisation des entreprises publiques. Un discours, certes, courtisan mais qui ne porte plus dans un environnement de comp?tition et de rentabilit? tous azimuts. Par ailleurs, certains analystes politiques estiment que si le pr?sident candidat a lorgn? du c?t? adverse, c?est qu?il fait mille calculs sur une famille socialiste, certes en perte de vitesse mais qui revient de si loin, pour porter de larges aspirations de la soci?t?, en qu?te d?une justice sociale et de partage ?quitable des richesses. C?est ce qui met en aff?t le pr?sident candidat qui ne rate aucune occasion pour humaniser son image, en faisant la part belle ? des pans entiers de la soci?t? qui croient toujours aux chants des sir?nes de la harangue socialisante.