Le Parti des travailleurs (PT) annonce un recentrage de sa politique et va vers la radicalisation de ses positions, un choix pas facile ? assumer pour ce parti qui est trop longtemps rest? ? mi-chemin entre l?opposition et l?acceptation du syst?me en place. L?opinion nationale a cru que le PT, en contestant les r?sultats du vote du 9 avril, versait dans une fausse surench?re, pour se pr?valoir d?une plus grande popularit?. Mais en boycottant la c?r?monie d?investiture de Abdelaziz Bouteflika, Mme Hanoune prouve que son parti ne s?adonne pas qu?? de simples gesticulations. Si le fait n?est pas pass? inaper?u, c?est qu?il n??tait absolument pas pr?vu. En effet, jusque-l?, Louisa Hanoune osait critiquer ouvertement le gouvernement que nommait le chef de l?Etat et les chefs du gouvernement, allant jusqu?? demander le d?part de certains ministres, notamment Hamid Temmar et Chakib Khelil. Mais jamais la secr?taire g?n?rale du PT n?avait os? s?attaquer frontalement au pr?sident Bouteflika. Son absence ? la c?r?monie passe donc pour un d?fi personnel lanc? au chef de l?Etat r??lu pour un troisi?me mandat. Elle donne aussi l?impression qu?elle ne se souciait pas de ?g?cher la f?te? du Palais des nations. Mais le plus important est qu?avec une telle attitude, elle jette un trouble parmi les observateurs qui se demandent si sa contestation des r?sultats portait sur le score du PT ou, plus grave, sur la l?gitimit? m?me du pr?sident Bouteflika. La question n?a rien de malvenue puisqu?il n?est pas permis de penser que la SG du PT n?ait pas ?t? invit?e. C?est ainsi que l?on a constat? la pr?sence de Moussa Touati, de Mohamed Sa?d et de Djahid Younsi et que, si l?absence de Fawzi Reba?ne ? la c?r?monie d?investiture n?a pas fait couler beaucoup d?encre, c?est que le leader de Ahd 54 n?a jamais ?t?, de quelque mani?re que ce soit, proche des vues de Abdelaziz Bouteflika. Ce n?est pas le cas de Louisa Hanoune qui, malgr? ses dehors contestataires, repr?sentait un soutien de poids ? plusieurs chantiers de la politique de Bouteflika, notamment en mati?re de r?conciliation nationale et de protection de l??conomie nationale. Il n?est pas permis, non plus, de penser que Mme Hanoune n?ait pas ?t? invit?e, puisque la pr?sence de personnalit?s comme Ahmed Ben Bella, Chadli Bendjedid, Ali Kafi ou encore Mohamed Lamari et Mohamed Betchine, devait d?montrer que le pr?sident Bouteflika reste l?homme de la r?conciliation ? tous les niveaux et qu?il tient ? ce que ce troisi?me mandat soit, plus que les autres, celui d?une s?r?nit? politique retrouv?e. Et c?est sans doute cela qui a forc? le contraste avec la d?fection de Louisa Hanoune qui semble enfoncer le clou et afficher, on ne peut plus publiquement, qu?elle n?est plus d?accord avec le chef de l?Etat. Et maintenant, la SG du Parti des travailleurs va-t-elle limiter ? cela la ?riposte politique? qu?elle avait promis? Compte-t-elle aller plus loin? Sachant la pr?sence du PT dans toutes les institutions ?lues (Assembl?e nationale, APW et APC, sans compter que beaucoup de ses militants sont membres de l?UGTA), la question est de savoir si ce radicalisme du parti va ?tre traduit par un recentrage au niveau de la base. Si toutes les instances du PT seront appel?es ? prendre leurs distances de l?Alliance pr?sidentielle, avec laquelle le parti entretenait des relations ambigu?s, mais plus ou moins entendues et de coexistence pacifique, il semble que cette lune de miel est pr?s de finir. Des informations persistantes font, en tout cas, ?tat de d?termination d?une bonne partie de la base de partis, comme le RND et le FLN, de ne plus accorder de concessions au PT sur le terrain politique. C?est dire si une ?re est en train de finir dans le champ politique national. Et, ? moins que Louisa Hanoune ne vienne rapidement ? arrondir les angles, on voit mal comment le PT pourrait sauver cette alliance strat?gique avec le FLN de Abdelaziz Belkhadem que Louisa Hanoune a su pr?server, jusque-l?, malgr? toutes les circonstances. En revanche, le parti, par sa strat?gie ?entriste? calqu?e sur la d?marche du PT br?silien de Silvio Lula, s?est priv?, aujourd?hui, de ses anciennes alliances, notamment le FFS, et certains dirigeants islamistes comme Abdallah Djaballah. Pour beaucoup d?observateurs, sauf coup de th??tre, c?est au niveau de l?APN que les comptes seront r?gl?s d?s la reprise de la session parlementaire, et les joutes orales ne seront que la face apparente d?une bataille qui visera ? y r?duire l?influence du PT. Pour rappel, la secr?taire g?n?rale du Parti des travailleurs avait rejet? les r?sultats officiels de l??lection pr?sidentielle, au lendemain du scrutin, en parlant de fraude et de bourrage des urnes. Des r?sultats qu?elle a rejet?s ?globalement et dans le d?tail?. La candidate du PT avait obtenu la seconde place avec 4,22% des suffrages, mais qu?elle avait revendiqu? pas moins de 30% des voix exprim?es, alors qu?elle a consid?r? que le taux de participation, plus de 74%, ?tait ?exag?r??. Le PT avait introduit 174 recours aupr?s du Conseil constitutionnel qui, les a tous rejet?s.