La campagne ?lectorale et, bien avant, le d?bat sur la r?vision de la Constitution qui ont pr?c?d? la r??lection de Abdelaziz Bouteflika ont donn? un aper?u de l?agenda politique du nouveau quinquennat qui commence. D?abord l?amnistie g?n?rale. L?on sait que la question a ?t? abord?e plusieurs fois par le candidat Bouteflika, lequel a soutenu que l?amnistie g?n?rale ne pourrait avoir lieu que par la r?union de deux pr?alables: le d?p?t complet et d?finitif des armes par les groupes encore en activit? et l?assentiment populaire. Ce que Abdelmalek Sellal, son directeur de campagne, vient de r?it?rer, hier, sur les ondes de la cha?ne 3 de la radio nationale, en ajoutant que le chef de l?Etat tiendra sa parole. Abdelaziz Bouteflika, en parlant lors de ses multiples meetings ? travers le pays, de l?amnistie g?n?rale, a pris la pr?caution de mettre en avant les sentiments des familles des victimes du terrorisme et de prendre en consid?ration leur disposition ou non ? une telle initiative. D?autant que celle-ci ne saurait ?tre prise avant que les groupes arm?es, notamment l?ex-GSPC, d?nomm? l?organisation d?Al Qa?da au Maghreb islamique et dirig?e par Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelouadoud, abandonne d?finitivement les maquis. De la sorte, la balle est dans le camp de ces ??gar?s? dont les dirigeants ont rejet? les dispositions de la Charte pour la paix et la r?conciliation nationale, malgr? le resserrement des mailles du filet s?curitaire et la poursuite des redditions parmi leurs rangs. Le terrorisme, lui, continue, m?me si personne ne peut nier que sa capacit? de nuisance est, chaque jour, plus r?duite, ce qui l?am?ne malheureusement ? compenser ses failles par encore plus de violence et des m?thodes moins co?teuses en hommes et plus frappante de terreur. Mais, d?ores et d?j?, l?annonce d?une probabilit? de l?amnistie g?n?rale peut avoir des effets psychologiques terribles sur les terroristes qui tuent et d?truisent avec un d?sespoir ind?niable. Une partie des terroristes pourrait, en effet, ?tre enfin tent?e d?en finir avec cette errance sans but et sans fin, pour r?int?grer la soci?t?, cette fois, avec un pass? effac?. C?est d?ailleurs ce qui diff?rencie l?amnistie g?n?rale des autres dispositifs mis en ?uvre pour r?soudre l??quation s?curitaire, en ce sens que l?amnistie signifie l?effacement, jusque dans le casier judiciaire, de tout pass? criminel ou d?lictuel du terroriste, et le recouvrement par celui-ci de tous ses droits civiques et politiques, y compris celui du vote et de l??ligibilit?. Quand on saisit les implications d?un tel projet, dans une Alg?rie fra?chement remise de sa crise politique et s?curitaire, on ne peut que donner raison ? Abdelaziz Bouteflika de vouloir le faire passer par un r?f?rendum. L?autre projet qui devrait ?galement marquer le troisi?me quinquennat de M. Bouteflika, c?est celui de la r?vision de la Constitution ou, plus exactement, celui d?une nouvelle Constitution. Cette initiative tient de deux ?l?ments majeurs. Le premier a trait, justement, au fait que l?amnistie g?n?rale introduirait le pays dans une phase politique nouvelle, repr?senterait donc une nouvelle ?tape de fin de la crise, impliquant forc?ment le besoin d?une autre Constitution que celle de 1996 qui a ?t?, rappelons-le, ?labor?e et vot?e par des temps de crise. Secundo, l?on tient cela du pr?sident de la R?publique himself qui, au jour de l?annonce de la r?vision de la Constitution, fin 2008, s?est peu satisfait des amendements introduits et promettant de remettre l?ouvrage sur le m?tier dans une phase ult?rieure. Il a d?ailleurs qualifi? les amendements adopt?s par le Parlement de ?r?vision partielle et limit?e?. Ce sera alors l?occasion de modifier l??quilibre des pouvoirs, et non pas se limiter ? harmoniser le pouvoir ex?cutif, par la suppression du poste du chef du gouvernement et le retour de la fonction de Premier ministre. L?enjeu sera, aussi, de doter le pays d?une Constitution qui renforcera le pouvoir pr?sidentiel, tout en alourdissant la capacit? de contr?le du Parlement sur le gouvernement et en ancrant plus de d?centralisation. Ce qui n?cessitera, aux termes de la Loi fondamentale en vigueur, le recours ? un autre r?f?rendum. Tels sont les deux points forts du programme politique du chef de l?Etat, r??lu pour un troisi?me mandat. Ils constituent la suite logique de ses deux pr?c?dents mandats et, pour les observateurs avertis, la cl? de compr?hension de tous les ?v?nements que promet de d?rouler ce troisi?me mandat qui s?annonce.