La r?conciliation nationale fait partie de ces th?matiques consensuelles que les candidats ? la pr?sidentielle abordent syst?matiquement dans leurs interventions. Et chacun y va de son approche. Pour Abdelaziz Bouteflika, dont c?est un axe majeur de sa politique pendant les deux mandats pr?c?dents, il s?agira d?aller de l?avant dans cette d?marche en mettant ? jour son contenu, en fonction des ?volutions intervenues sur la sc?ne politique. Dans tous ses meetings, c?est un leitmotiv chez lui de parler de r?conciliation nationale, de l?assumer, de r?it?rer sa conviction quant ? la n?cessit? de la prolonger dans le temps. ?C?est une d?marche politique globale qui se veut une r?ponse ? une crise politique et non pas un m?canisme technique limit? dans le temps et l?espace?, expliquait Abdelaziz Belkhadem lors de son passage ? Djelfa. Partant de ce postulat, le pr?sident Bouteflika a r?it?r? ? chacune de ses sorties sa main tendue pour les membres des groupes arm?s en activit? dans les maquis qui renonceraient ? la violence. Il n?h?sitera pas dans ce contexte ? faire r?f?rence au cas de l??mir Hattab, devenu aujourd?hui un des fervents adeptes de la r?conciliation nationale. Mais pour faire bonne mesure et ne pas donner l?impression d?accepter le chantage des islamistes, le pr?sident Bouteflika insiste aussi pour dire que l?Etat s?attachera ? ??radiquer? sans ?tat d??me le terrorisme, ennemi de la r?conciliation nationale. En fait, le candidat Bouteflika, ? travers ce discours o? il brandit alternativement la carotte et le b?ton, est sur une ligne constante avec des variantes rh?toriques dict?es par la n?cessit? de la campagne. Sur cette question, on retrouve, ? des nuances pr?s, la m?me sensibilit? chez les autres candidats comme Hanoune, Mohamed Sa?d, Fawzi Reba?ne, tous convaincus de la n?cessit? d?une r?conciliation nationale. La pr?sidente du Parti des travailleurs entend lui donner un contenu social en se proposant de prendre en charge les probl?mes qui apportent du grain ? moudre ? la grogne sociale. En revanche, le candidat Djahid Younsi prend carr?ment une autre tangente en proposant dans ses meetings le passage de la r?conciliation nationale ? l?amnistie g?n?rale. Surench?re ?lectoraliste ou conviction politique, celui qui porte les couleurs de l?islamisme dans cette ?lection estime que cette amnistie est in?luctable pour permettre ? l?Alg?rie de poser les fondements d?un nouveau consensus politique. Si, au niveau des partis de la coalition, y compris m?me chez Belkhadem, le mot amnistie reste un tabou, certaines voix dans la soci?t? civile n?h?sitent pas ? crier au danger que repr?sente la proposition de Djahid Younsi. C?est le cas de Mokrane A?t Larbi, l?ex-s?nateur, et Farouk Ksentini. Ils sont sortis du bois pour dire leur opposition ? une amnistie synonyme d?amn?sie. ?Si, ont-ils rappel? ? juste titre, la plupart des nations qui avaient eu ? vivre des crises politiques profondes en ?taient venues in fine ? l?amnistie, celles-ci ?taient n?anmoins pass?es par la voie de la v?rit? et du devoir de m?moire.? Pour Mokrane A?t Larbi, ?il n?est pas question de tourner la page sans que les responsabilit?s des uns et des autres ne soient ?tablies?. ?Pas dans le but de les traduire devant les tribunaux, une d?marche rendue impossible par les dispositions de la charte pour la paix et la r?conciliation, mais par n?cessit? de m?moire et de p?dagogie. Une fa?on de lutter contre l?amn?sie qui ?vacue les le?ons du pass??, explique-t-il.