Si le ministre de l?Int?rieur, Yazid Zerhouni, ne s?est pas oppos? ? l?id?e d?une dissolution de l?Assembl?e populaire nationale (APN), la reconduction d?Ahmed Ouyahia prouve que cette dissolution n?est pas une urgence pour le chef de l?Etat. Consid?rant que, selon la Constitution, seul le chef de l?Etat est ? m?me de dissoudre l?APN et d?appeler ? de nouvelles ?lections l?gislatives, la r?ponse ? la question de savoir si Abdelaziz Bouteflika va prendre cette d?cision ou non revient ? se demander en quoi cela avancerait ses projets. Certes, le chef de l?Etat n?a pas abord? cette question. Mais si l?on est habitu? ? ce que le chef de l?Etat d?l?gue les effets d?annonce ? d?autres responsables, c?est beaucoup plus de Abdelaziz Belkhadem que l?on devrait attendre la promotion de l?id?e d?une nouvelle APN, plut?t que de Yazid Zerhouni qui, apr?s tout, n?a fait que relire la Constitution en ce sens que cela demeure toujours dans les possibilit?s du chef de l?Etat. Depuis, les lectures et les supputations sont all?es bon train. Mais une dissolution de l?APN n?est pas une simple question de confidences faites par un ministre. Il faut aussi savoir dans quel contexte la sc?ne politique nationale se trouve. Pourquoi Abdelaziz Bouteflika irait-il dissoudre l?APN si l?actuelle premi?re chambre lui fournit une majorit? sans ?quivoque pour faire adopter tous les projets qu?il souhaite entreprendre? Pourquoi, en effet, une nouvelle APN, si c?est pour reconduire la coalition gouvernementale sur laquelle il compte depuis plus de dix ans? Poser ces questions, c?est d?j? y r?pondre. Car, comme on le voit, dissoudre ou pas l?APN ne changera absolument rien pour le pr?sident Bouteflika. On peut m?me dire que cela repr?sente un coup d??p?e dans l?eau ou, pour reprendre une autre formule consacr?e, ? ?d?shabiller St Paul pour habiller St Pierre?: au gouvernement comme dans le restant des institutions, c?est l?Alliance pr?sidentielle (FLN, RND, MSP) qui demeure le bloc central du paysage politique et le premier fournisseur de cadres et de relais au chef de l?Etat. Et aujourd?hui, c?est notamment le RND qui permet au chef de l?Etat de trouver appui, au vu des d?boires organiques et politiques que connaissent un FLN convalescent et un MSP divis? comme jamais. Car, si beaucoup de commentaires ont ?t? faits autour du maintien du gouvernement tel quel, la reconduction de Ouyahia au poste de Premier ministre rel?ve de la situation actuelle de l?Alliance pr?sidentielle. L?Alliance fragilis?e A peine l?Alliance pr?sidentielle renforc?e par le r?tablissement annonc? du FLN que la voil? tenue d?agir suivant la temp?te qui souffle sur le MSP. Cela repr?sente tout de m?me une s?rieuse incertitude sur un tiers de ses forces pour le bloc central de la politique nationale, m?me si l?issue de la crise du MSP n?a rien d?impr?visible. Tout indique en effet que le parti que pr?side Abou Djerra Soltani continuera sur la m?me ligne politique, m?me s?il devrait pour cela se s?parer de la moiti? de ses effectifs qui, eux, affichent une d?termination sans faille. Ce qui inqui?te le plus dans la crise du MSP, c?est autant la dimension qu?elle a prise que sa nature, dans le sens o? cela ressemble plut?t ? ?une lutte de classes? plut?t qu?? une bataille d?id?es. Car c?est une guerre ouverte entre ceux qui profitent de l?envergure du parti qui les a plac?s dans des postes ?lectifs (au sein de l?APN et des assembl?es locales, APC et APW) et ceux qui en sont priv?s. De son c?t?, le FLN n?est plus dans les m?mes d?convenues subies avant, pendant et apr?s l??lection pr?sidentielle de 2004. C?est d?ailleurs avec beaucoup plus de s?r?nit? qu?il s?oriente vers un nouveau congr?s afin de formaliser - serait-ce pour la galerie? - sa parfaite gu?rison. Mais il ne doit cela ? rien d?autre qu?? la r??lection du pr?sident Bouteflika, apr?s un retard dans la r?vision de la Constitution qui a failli r?veiller les divisions du FLN en proie ? un doute mortel sur son avenir dans l?apr?s 2009. En tout ?tat de cause et sans pr?juger de l?avenir du ?Mouvement de la pr?dication et du changement?, le MSP fait un tr?s mauvais d?part vers l??ch?ance 2012, fix?e par Soltani comme celle de ?la prise du pouvoir?. L?autre constat est que ni le FLN ni le MSP n?est en mesure de porter, au sein de la soci?t?, les diff?rents projets politiques du Pr?sident. Ils sont peut-?tre encore moins en mesure de s?organiser et de mener campagne pour les l?gislatives. Pire: des l?gislatives ne feraient qu?exacerber la crise interne au MSP et, sans doute aussi, r?veiller les vieux d?mons au sein de la maison FLN. Le premier, au lieu d??tre le fer de lance de la campagne pour le troisi?me mandat de Bouteflika, devrait profiter de la mobilisation ?lectorale comme rem?de compl?mentaire ? sa crise. Le second est dans l?incapacit? actuellement de mener un quelconque travail en direction des Alg?riens. Quant ? leur demander d?entrer dans une comp?tition ?lectorale, ce serait comme mettre le feu dans chaque mouhafadha et chaque bureau de wilaya, dans des luttes locales sans merci pour la confection des listes ?lectorales. Le fait est qu?? moins de vouloir aggraver les difficult?s de ce qui repr?sente les deux-tiers de l?Alliance pr?sidentielle, le pr?sident Bouteflika n?a sans doute pas grand int?r?t ? dissoudre l?APN et aller vers des l?gislatives anticip?es, quand bien m?me elles serviraient ? donner une plus grande l?gitimit? ? l?Assembl?e, ou encore ? r?v?ler l?audience gagn?e par les candidats des partis qui ont pris part ? la pr?sidentielle d?avril. Enfin, dernier argument dans ce sens, en 1999, le chef de l?Etat a compos?, trois ans durant, avec une APN ? majorit? RND, pr?f?rant respecter le cycle institutionnel plut?t que de pr?cipiter le retour d?un FLN qui lui est tout acquis.