D?s 1955, la guerre de lib?ration nationale s?affirme dans la wilaya de Tlemcen et, dans les premiers mois de l?ann?e 1956, fait rage lorsque quelques poign?es d??l?ves du coll?ge de Slane, du lyc?e franco-musulman et de l?actuel lyc?e Maliha-Hamidou, rejoignent le maquis. Nadir Mami alias Mrah est l?un de ces premiers ?l?ves du coll?ge de Slane ? prendre les armes contre l?occupant. Si Mrah avait vu le jour ? Tlemcen en 1937 d?une famille ?minente et modeste. Il ?tait le cinqui?me de sept enfants qu?avait eus Si Abdeslam Mami, clerc d?avou? de son ?tat. Si Mrah avait alors juste dix-neuf ans lorsqu?il prit part sous la direction de Merad Rachid dit Si Mansour ? l?attaque du bureau de la commune mixte de Sebdou sis en plein centre de la ville de Tlemcen. Ce haut fait a ?t? relat? par l?ensemble de la presse fran?aise de l??poque et a valu, peu de temps apr?s, ? Si Mansour, les f?licitations du colonel Si Houari Boumediene. Homme fait malgr? son jeune ?ge, Si Mrah entreprit d?autres faits d?armes avant de rejoindre le secteur V dont Si Mokhtar Bouzidi avait le commandement. Comme le lis blanc, le p?tunia et l?azal?e fleurissent les jardins, le nouveau contingent des jeunes combattants des lyc?es et coll?ge de Tlemcen fleurit le maquis de Turenne (Sabra). Plus tard, contraint de rejoindre sa famille r?fugi?e ? Rabat, Si Mrah mit ? profit son exil pour faire des ?tudes sup?rieures en Allemagne. En 1962, il revint dans sa ville natale o? il se maria peu de temps apr?s. Dou? d?un heureux caract?re, il v?cut plusieurs ann?es durant sans soucis en jouissant du bonheur familial. Malheureusement, dans les ann?es 1970, le malheur s?acharna sur lui. Quelle fichue ?poque! Victime d?une effroyable erreur judiciaire, il dut s?exiler en France. C??tait ?crit! Ne mesurait-on pas les ruines que cette erreur funeste allait entasser? Au cours de ces derni?res ann?es, la perte de sa m?re et de ses fr?res Nasradine et Mustapha aux obs?ques desquels il ne put assister fut pour lui un grand malheur. Pendant longtemps, sans emploi ni ressources, il errait comme une ?me en peine. Je suis all? tr?s souvent, presque tous les ans, le voir ? Marseille. Comment d?peindre sa souffrance? Il subissait son expatriation avec beaucoup de peine. Bien souvent, il souffrait de nostalgie. ?Ma chance, me dit-il un jour, est d?avoir pour ?pouse une merveilleuse femme sans laquelle j?aurais sans doute sombr? bien vite dans le d?sespoir et la d?cr?pitude.? Par sa patience, Si Mrah s?est consol? de ses revers et a reconstruit lentement sa vie. Ces derniers temps, il ?manait de lui un prestige singulier. Sa grande pr?occupation ?tait d??tre comme autrefois ?l?gamment v?tu et bien chauss?. Sans rancune pour ceux qui l?ont cisaill?, de l?Alg?rie il me parlait maintes fois avec une admiration m?l?e de tendresse. A soixante-douze ans, Si Mrah s?est consum? d?un autre mal comme une b?che qui ach?ve de se consumer dans l??tre. Je compatis de tout mon c?ur ? la peine de ses enfants et de ses fr?res Hadj Fethi et Daoudi. Si Mrah repose en paix. Rachid Benblal