Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a déclaré que son pays entendait «être grand dans sa volonté de réparer ses erreurs», en indemnisant les victimes des 210 essais nucléaires qu'elle avait conduits de 1960 à 1996. M. Morin a souligné, en effet, que «treize ans après la fin des essais dans le Pacifique et la ratification par la France du traité d'interdiction des essais, le projet de loi que je vous présente aujourd'hui doit permettre à notre pays de clore sereinement un chapitre de son histoire». Le ministre a cependant rejeté toute idée de «repentance». Toutefois, si l'on estime à quelque 150.000 civils et militaires ayant participé aux 210 essais menés par la France, aussi bien dans le Sahara algérien qu'en Polynésie française, M. Morin avait estimé pour sa part à «quelques centaines», le nombre de personnes qui pourraient être concernées par cette loi. Victimes d'irradiations, elles ont développé depuis des pathologies, le plus souvent cancéreuses. Pourtant, un rapport officiel, demandé en 2006, a reconnu que quatre des treize essais menés «en galerie» dans le Sahara «ont posé des problèmes de confinement» et que dix des 46 essais aériens conduits en Polynésie avaient «donné lieu à des retombées radioactives significatives». Lors des débats, des députés français ont regretté, tout comme les associations de vétérans, qu'un fonds d'indemnisation des victimes n'ait pas été mis en place. Ces mêmes voix ont regretté que le Français soit à la fois juge et partie dans cette affaire, excluant les associations de victimes, fortes de leur expertise, et qui ont la capacité d'éclairer l'examen des dossiers d'indemnisation. En attendant la suite des débats et surtout le vote prévu le 30 juin, il faut savoir que les vétérans des 210 essais nucléaires conduits par la France de 1960 à 1996 ont salué jeudi «un pas en avant» à l'issue de l'examen d'un projet de loi d'indemnisation de ceux d'entre eux qui ont développé, depuis, des cancers, réclamant toutefois des «améliorations». Les vétérans français, selon leurs avocats, veulent que soit reconnue clairement la présomption d'origine des maladies dites radio-induites. Ils souhaitent également que les associations des victimes soient représentées au sein du comité d'indemnisation qui statuera sur les dossiers individuels, lequel est composé de fonctionnaires de l'Etat et dont les associations sont complètement exclues. Les victimes françaises réclament, outre d'être concernées, la reconnaissance d'un droit à la retraite anticipée et davantage de pouvoirs pour la commission consultative de suivi des conséquences des essais nucléaires.