L'Association algérienne pour la planification familiale (AAPPF) a organisé, en collaboration avec la direction de la Santé et de la Population (DSP) de la wilaya de Tlemcen, une rencontre au siège de l'ASPEWIT portant sur l'avortement à risque et son impact sur la santé des femmes et des familles. Pas moins de cinq thèmes liés aux différents aspects de la problématique de l'avortement à risque étaient au programme: l'approche et l'action menées par l'AAPPF, ses volets religieux, juridique et socio-psychologique, ainsi que son impact sur la santé des femmes et, par contrecoup, sur leurs familles. Dans sa communication intitulée «l'approche de la problématique de l'avortement à risque», l'intervenant soulignera en substance: «Ce problème demeure complexe et nécessite une véritable prise en charge, d'autant que 7.000 naissances illégitimes sont recensées annuellement en Algérie, alors que le département officiel ne reconnaît que… 3.000 naissances hors mariage, soit moins de 43% de la réalité du terrain.» Selon les statistiques émanant du ministère de la Solidarité, près de 900 enfants ont été pris en charge dans le cadre de la «Kafala», alors que le reste est pris en charge par les structures sociales relevant de l'Etat. Cette situation préoccupante ne cessant de prendre de l'ampleur se traduit par la multiplication des découvertes de nouveau-nés sans vie, enveloppés dans des chiffons au fond de sachets en plastique, abandonnés au coin d'une rue, sur des terrains vagues des cités voire dans les décharges publiques communales. Par ailleurs, selon la même source, la gendarmerie nationale a recensé à travers le pays quelque 80.000 interruptions volontaires de grossesse (IVG), en l'espace de ces dix (10) dernières années, soit une moyenne annuelle de 8.000 IVG, dont 200 à 300 pratiquées illégalement et sanctionnées par les services concernés. Pour sa part, le délégué de la direction des Affaires religieuses axera son intervention sur la loi et la «Chariâ» interdisant l'avortement. Selon lui, l'article 304 du code pénal stipule: «Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violence ou tout autre moyen aura provoqué ou tenté de provoquer l'interruption de grossesse d'une femme enceinte ou supposée l'être, qu'elle y ait consenti volontairement ou non, est puni d'une peine d'emprisonnement d'un (1) à cinq (5) ans, assortie d'une amende de 500 à 10.000 dinars. En outre, en cas de décès de la patiente ayant subi cet acte, l'auteur encourt une peine de 10 à 20 ans de réclusion criminelle. «Néanmoins, relève la même source, l'IVG peut être motivée par des raisons thérapeutiques, afin de sauver la vie de la mère en danger ou par un avis médical attestant que le fœtus présente des risques de malformation pouvant avoir de graves répercussions à l'avenir sur son état de santé. Par ailleurs, la communication portant sur «L'avortement et ses complications médicales», présentée par le Pr Mohamed Ouali, a été axée sur les facteurs à risque, particulièrement, l'âge de la mère dépassant les 40 ans, les antécédents d'avortement spontané, les antécédents de décès «in utero» du foetus, maladie maternelle (lapis, diabète), malformation utérine, béance cervico–isthmique. Quant aux complications résultant des IVG, elles s'annoncent par des signes symptomatiques, sous la forme de frissons ou sueurs, fièvre, pertes vaginales nauséabondes (prémices d'une infection), distension abdominale, douleur abdominale, saignement prolongé,… La journée a été clôturée par des recommandations particulières sur l'introduction de l'Education sexuelle dans le programme scolaire, la révision de l'article 72 de la loi 855 relatif aux complications résultant de l'avortement thérapeutique, afin de protéger les praticiens prestataires. Il s'agit également de trouver des solutions réglementaires, notamment pour les femmes souffrant de maladies mentales, et de multiplier la création de centres de prévention, d'écoute et de réinsertion des jeunes. Enfin, la mise en place d'une stratégie de prévention des grossesses non désirées et, par-delà, des avortements à risque, s'avère des plus indispensable. Abraham Lincoln avait dit un jour: «Si vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez l'ignorance…» «Pour avoir négligé le traitement par l'éducation de cette problématique, notre société ne risque-t-elle pas d'en payer le prix à l'avenir?...», remarquera une participante à cette rencontre très enrichissante.