Décidément, la fiabilité des données statistiques produites par les différents services de l'administration, pour prendre la mesure de l'effort consenti localement en matière de développement multiforme, ne semble pas être toujours au rendez-vous des réunions bimensuelles du conseil de wilaya. Lors de la rencontre de mardi dernier, le wali de Sidi Bel-Abbès, Mokhtar Bentabet, est sorti une nouvelle fois de ses gonds pour pointer du doigt un certain nombre d'incohérences et d'aberrations statistiques relevées dans les rapports bilans présentés par certains chefs de daïra et présidents d'APC sur l'état d'avancement physique et financier des projets de développement. Le problème semble se poser avec une extrême acuité pour le taux de consommation des crédits des communes de la daïra de Telagh dont le calcul ne semble pas être bien maîtrisé. Selon les services de la DPAT, en charge du suivi statistique du dossier, ce taux ne dépasserait pas les 26% à la fin du premier semestre 2009 alors que les responsables des collectivités locales concernées soutiendraient le contraire en avançant un taux de plus de 48% pour la période considérée. La marge d'erreur ou de manipulation délibérée de chiffres atteindrait ainsi un niveau des plus discutable pour une question aussi sensible que celle de la gestion des fonds publics, «devant être assurée avec tout le sérieux et la rigueur nécessaires par les agents de l'Etat quels que soient leurs grades ou fonctions», tiendra à rappeler M. Mokhtar Bentabet. Devant un tel état de fait, exaspéré encore par la sarabande de chiffres, incohérents et contradictoires, présentée par d'autres intervenants sur les programmes de développement sectoriels, le wali ne manquera pas de renvoyer sans ménagement les intéressés à leurs premières copies, et d'instruire, sur-le-champ, le secrétaire général de la wilaya, le directeur de la planification, ainsi que leurs proches collaborateurs, à l'effet de se déplacer au niveau de la daïra de Telagh pour tirer au clair cette nouvelle affaire dévoilant au grand jour l'une des principales failles de l'administration en ce qui concerne son manque flagrant de rigueur en matière de collecte, de traitement et d'analyse de l'information chiffrée. En d'autres occasions, le wali de Sidi Bel-Abbès a eu souvent à dénoncer la qualité très approximative des données statistiques produites localement dont la valeur significative est loin de restituer la réalité du terrain. Le problème prend une dimension particulière quand on sait que ces mêmes données de base servent à la construction d'un certain nombre d'indices synthétiques surévalués qui risquent d'être repris par les sphères décisionnelles centrales pour justifier le rejet ou la mise en veilleuse de certaines opérations proposées pour inscription au titre des différents programmes de développement. Il reste cependant un espoir que ces taux «affirmés être la vérité, en dépit de leur fiction évidente» soient en mesure d'être corrigés une fois pour toutes à la faveur de la monographie que se propose de mettre au point la direction de la planification de la wilaya.